Vie sur Terre : les cinq briques de l’ADN retrouvées dans des météorites !

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
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Une équipe de scientifiques de l’université d’Hokkaido a découvert la présence des cinq briques de l’ADN dans trois météorites. Cette recherche prouve que les bases nécessaires à la vie peuvent se trouver dans des éléments extraterrestres. L’étude relance alors l’espoir que la vie existe aussi ailleurs que sur Terre.

Les questionnements de l’origine de la vie sur Terre sont encore souvent sans réponse. Pourtant, une équipe de scientifiques, dirigée par le professeur Yasuhiro Oba, établit possiblement un lien entre les météorites et la vie sur Terre. L’étude n’est que purement hypothétique et ne prouve pas que l’apparition de la vie sur Terre est d’origine extraterrestre, mais elle ouvre une nouvelle porte dans la science.

Les cinq piliers de l’ADN enfin réunis

Deux éléments longtemps aux abonnés absents

Depuis 1960, les études sur des météorites du Système solaire n’avaient jamais permis de réunir les 5 éléments constituants l’ADN. Ce dernier est constitué de quatre types de nucléotides : l’adénine (A), la guanine (G), la cytosine (C) et la thymine (T). Ces bases azotées composent également l’ARN, à l’exception près que l’uracile remplace la guanine. De fait, lors des études sur les météorites, deux éléments ont toujours manqué à l’appel : la cytosine et la thymine. Du moins, jusqu’à aujourd’hui.

« Dans les études précédentes, la cytosine et/ou la thymique ont pu être cassées dans des conditions d’analyse difficiles. De plus, les conditions analytiques peuvent ne pas être suffisantes pour la détection d’infimes quantités de ces nucléobases. »

Yasuhiro Oba.

En effet, l’équipe de scientifiques du professeur a finalement réussi à déceler ces deux nucléotides. Si aucune étude n’avait permis d’observer la présence des nucléotides C et T, cela ne veut pas dire qu’elles n’étaient pas là. Il est possible que le processus d’étude des expériences précédentes ait été trop agressif, détériorant ainsi les nucléotides. C’est pourquoi l’équipe de Yasuhiro Oba a utilisé une méthode plus douce. Ils ont utilisé « un spectromètre de masse à ultra-haute résolution, couplé à un chromatographe en phase liquide à haute performance ».

Les météorites à l’origine de la vie sur Terre ?

Ainsi, grâce à cette nouvelle méthode moins destructrice (la cytosine et la thymine étant fragiles), les trois météorites étudiées ont pu révéler la présence de toutes les briques de l’ADN : la météorite de Murchison (1969), la météorite de Murray (1950), ainsi que celle du lac Tagish (2000). Celle de Murchison avait déjà montré des similitudes avec l’ADN, y trouvant des traces de molécules d’uracile et de xanthine – éléments présents dans l’ARN. Toutefois, cette information n’est pas la preuve formelle que la vie s’est formée grâce à des météorites.

« Nous avons juste fourni une information sur l’inventaire des molécules organiques présentes sur la Terre avant la naissance de la première vie. Ces molécules météoriques ont pu être utilisées pour la première vie, mais pas forcément. »

Yusahiro Oba.

Pour éliminer la possibilité que les météorites aient été « contaminées » en entrant en contact avec la Terre, les scientifiques ont fait une vérification. La réponse est donc non, les résultats ne sont pas faussés. Les briques d’ADN étaient déjà présentes sur la météorite avant de s’écraser sur Terre.

« Nous avons analysé des échantillons de sol à l’endroit où la météorite de Murchison est tombée en Australie. Nous avons effectivement détecté des nucléobases du sol, mais la distribution et la concentration étaient distinctes de celles détectées dans la météorite de Murchison. »

Yasuhiro Oba.

De fait, des molécules ont attesté de la provenance extraterrestre, car présentes uniquement dans les météorites.

Une théorie à nuancer et à explorer

Les scientifiques apportent une réponse à leur questionnement sur l’origine de ces nucléobases. Elles auraient été créées il y a environ 4 milliards d’années, aux premiers instants du Système solaire.

« Certains de ces dérivés pourraient avoir été générés par des réactions photochimiques prévalant dans le milieu interstellaire et incorporés ultérieurement dans les astéroïdes, lors de la formation du Système solaire. Cette étude démontre qu’une diversité de nucléobases météoriques pourrait servir de blocs de constructions de l’ADN et de l’ARN sur la Terre primitive. »

Yasuhiro Oba.

Mais alors, les météorites ont-elles apporté la vie sur Terre ? Le professeur Yasuhiro Oba insiste bien sur le fait qu’il ne s’agit que d’une hypothèse. Pourtant, cette découverte pourrait appuyer la théorie de la panspermie, selon laquelle une « contamination » extraterrestre serait à l’origine des organismes vivants sur Terre. Néanmoins, l’étude ne peut pas conclure que la vie est bien apparue grâce à des météorites.

Désormais, les scientifiques se penchent sur une nouvelle théorie. Se pourrait-il que la vie ait atterri ailleurs que sur Terre, transportée par les météorites ? De fait, un scénario possible est que les bases nucléiques auraient pu apparaître dans le milieu interstellaire. Ainsi, elles auraient pu être incorporées dans des astéroïdes, lors de la formation du Système solaire.

C’est donc sur cette voie-là que les scientifiques comptent désormais se pencher. En effet, les astéroïdes Ryugu et Bennu sont les prochains sur la liste d’étude, recueillis directement dans l’espace. Les échantillons de Ryugu ont été rapportés sur Terre en 2020, tandis que ceux de Bennu sont attendus pour 2023.

 

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