Les fans de l’âge d’or de la dystopie en 2010 avaient pourtant tant d’espoir lors de l’annonce de la sortie imminente d’Uglies… Un blockbuster estampillé Netflix qui avait pour dure mission de marcher dans les pas de sagas telles que Hunger Games, Divergente ou encore Le Labyrinthe. La dystopie Young Adult retrouvera-t-elle son succès d’autrefois ? Certainement pas avec Uglies.
Une renaissance de la dystopie… Qui n’invente rien !
Synopsis : « Dans une dystopie futuriste où règnent les normes de beauté, une ado en attente d’une chirurgie esthétique obligatoire embarque dans une aventure pour retrouver son amie disparue. »
On vous le donne dans le mille. L’histoire d’Uglies c’est avant tout le récit de la vie (ou de la renaissance) d’une adolescente appelée Tally Youngblood (Joey King). Une jeune femme, qui dans un monde ravagé par les guerres mondiales, ne rêve que du jour de son 16ᵉ anniversaire. Date à laquelle Tally recevra, comme tous les jeunes de son âge, une opération qui la transformera à son tour en « Pretty« . Une version parfaite d’elle-même post bistouri.
En somme, un film d’action dystopique assez classique qui semble néanmoins sur le papier promettre une interrogation novatrice et moderne sur la relation de la société dans laquelle vit Tally (et par miroir la nôtre) avec l’obsession de l’image. Une bonne matière qui dans les mains de Netflix s’est purement et simplement transformée en téléfilm à regarder un soir de pluie.
Uglies n’apporte tout simplement rien au genre. Le récit banal d’une adolescente rebelle qui, par la force de son courage, se lèvera contre un gouvernement despotique. Que sait-on réellement de Tally ? Qui est-elle ? Un archétype. Katniss dans Hunger Games brillait par sa personnalité sombre et paradoxale. Tally scintille faiblement par son évolution incongrue de petite citoyenne modèle à rebelle super héroïque. Des développements de personnages bâclés, où chaque personage est en réalité un simple nœud dramatique nécessaire à l’intrigue.
L’heure est ainsi venue pour ceux qui cherchaient un manifeste sur le dogme de la beauté concordant à notre propre culture de l’image de faire marche arrière. La seule morale de ce film est : « aimez-vous comme vous êtes et reconnectez-vous à la nature ». Un message important et loin d’être négatif, mais tout de même un peu léger quand on parle de renaissance de la dystopie pour adolescents.
Uglies garde néanmoins une forme de cohérence dans son ensemble. La narration est simple, mais efficace, tandis que la performance du casting reste correcte. 102 minutes d’adrénaline qui passent vite, mais qui sombreront ensuite dans l’oubli. C’est dommage.
Uglies : un univers aussi oubliable que bâclé…
Oui, Uglies manque d’originalité sur les lignes de son scénario, mais se rattrape-t-il sur la construction d’un LORE aussi non-conformiste que marquant ? On vous le donne encore dans le mille… C’est non !
La seconde grande tare de cette nouvelle production Netflix repose en effet sur sa direction artistique à la limite de la catastrophe. Un agglomérat grisâtre et numérique de fonds verts au rabais et d’effets spéciaux que l’on préfèrerait rayer immédiatement de notre mémoire.
Les pauvres « Uglies » vivent dans de sordides blocs de bétons, les « Pretties » dans un Disneyland caché sous un océan de néons et les gentils rebelles dans des cabanes dans la forêt. À cela s’ajoute un design plus qu’étrange pour représenter les « Pretties ». Une idée non intéressante de jouer sur une surenchère difforme des critères de beauté, mais qui à l’écran se transforme une évolution cheap d’un filtre lissant d’Instagram.
Une esthétique peu inspirée, mais que pouvions-nous attendre de la part d’un film qui s’ouvre sur une voix-off obligée de nous expliquer toute l’introduction sous des images de fleurs en éclosion pour symboliser la renaissance de la société ?
Peut-on tout de même espérer Uglies 2 sur Netflix? (spoilers)
Uglies, malgré ses (nombreux) défauts, ne manque pas de bonne volonté, ou du moins possède le potentiel de se transformer en une saga forte et addictive à la manière des livres. La fin du premier opus ne se cache d’ailleurs absolument pas de cette ambition, en se terminant sur un intrigant cliffhanger.
Y aura-t-il une suite aux aventures de Tally Youngblood ? Pas d’annonce officielle pour le moment de la part de Netflix qui comme à son habitude préfère rester discret à propos des performances de ses poulains. Un silence néanmoins légèrement perturbé par les dernières déclarations de McG, réalisateur d’Uglies au cours d’un entretien pour le magazine Deadline.
Celui-ci s’est effet confié sur certaines modifications que le scénario a apportées au livre dont le destin du personnage de Peris (Chase Stokes), l’ami d’enfance de Tally. Le jeune homme contrairement à Tally n’eut pas la chance de découvrir la rébellion et fut ainsi transformé en « Pretty » au début du film. Une coquille vide au service du gouvernement qui à la fin du film semble tragiquement retrouver son humanité. L’envie du réalisateur : ajouter de la profondeur à ce personnage délaissé par les livres.
Et pour ce qui est de la suite ? Aucune réponse de la part de McG mais tout de même un enthousiasme manifeste du moment que le public reste « optimiste ». Un pari réussi puisque qu’Uglies est au moment où nous écrivons ces lignes toujours dans le top 10 des programmes les plus visionnés du moment !
McG dans cet entretien parlait de sa volonté de dépeindre toute la complexité d’un monde autoritaire qui propose une société néanmoins « sans racisme, maladie ou sexisme » en échange de notre libre arbitre. Des très belles idées, mais impossibles à discerner avec finesse durant le visionnage d’Uglies. Une occasion ratée.