Réalisé par Boots Riley, Sorry to Bother You est sorti en 2019. Réunissant Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Terry Crews, Danny Glover, Steven Yeun et Armie Hammer, le long-métrage est une comédie absurde brillante sur la société capitaliste dans laquelle nous évoluons.
Sorry to Bother You : Une critique intelligente de la société moderne
Sorry to Bother You est une comédie particulièrement intelligente, que ce soit dans son concept ou dans son traitement. Le film suit le jeune Cassisus Green qui doit trouver du travail. Un jeune un peu flemmard, mais qui a sa propre identité et doit faire sa place dans le monde. Il sort avec Detroit (Tessa Thompson), une artiste étonnante. Après quelques galères, il trouve un travail dans le télémarketing. Voilà le postulat de départ.
Via une mise en scène étonnante, Boots Riley met tous ses enjeux en avant. En haut, nichent les super vendeurs. Ils sont riches et inaccessibles, sauf pour le meilleur vendeur. Avec cette idée, Boots Riley met en lumière la hiérarchisation de notre société. Il met en avant le rêve illusoire qui tient l’espoir en extase des esclaves du système. Bien évidemment, Cassius va réussir à atteindre ce nouvel environnement qui va drastiquement le changer. Il devient très vite un ponte de ce système.
Le cinéaste va donc mettre en dualité les deux visions du monde : celui des soldats du système exploités ou riches, et les marginaux, les rebelles. A coup de manifestations qui font forcément écho à nos gilets jaunes, la voix du peuple veut se faire entendre et lutter contre le système qui les bride. Surtout qu’il existe aujourd’hui un travail à temps plein, dans lequel tu es logé et nourri à vie, sans salaire, sans taxe, sans sortie. Tu deviens un ouvrier à temps plein, esclave d’une multinationale, prisonnier. Une idée brillante à la Black Mirror.
Le cinéaste utilise le divertissement rythmé et pop pour illustrer la société capitaliste. Très loin du documentaire ou du drame pesant, cette comédie « what the fuck » permet de parler de sujets d’actualité pertinents tout en gardant sous la main un public très large. C’est fun, pop, drôle et d’un rythme endiablé. Le spectateur ne s’ennuie jamais devant cette critique acerbe d’une société dans laquelle le peuple étouffe. Le cinéaste trouve surtout des idées de mise en scène géniales, comme la voix des blancs, la téléportation de Cassius dans le salon de ses clients, les hommes-chevaux, etc.
Les personnages sont parfaitement écrits, que ce soit le protagoniste ou le grand patron cocaïnomane hilarant interprété par Armie Hammer. Sorry to Bother You permet de faire tomber les clichés et de parler d’un sujet important avec beaucoup d’humour et d’autodérision. Boots Riley a une vision très personnelle, mais surtout inédite, qui passe par une approche très pop et décomplexée, jusqu’à ce final totalement renversant.
Une petite pépite drôle, absurde et intelligente qui dépeint l’exploitation capitaliste inhérente à notre société actuelle. C’est fun, barré, et perspicace.