Qu’on aime ou qu’on déteste la série horrifique Saw, force est de constater que l’intrigue se veut très complexe. A tel point qu’elle enchaîne parfois les incohérences. Devant la bande-annonce de Saw X, nous n’avons pas pu nous empêcher de réagir face à quelque chose qui nous fait rire avec cette saga. On l’aime beaucoup, mais on s’est quand même permis !
Saw raconte l’ascension de John Kramer défiant ses victimes de survivre dans des pièges mortels afin de leur apprendre la valeur de la vie. Chaque épisode est devenu de plus en plus gore, renforçant les plot twists les plus fous. Ils sont avant tout des divertissements horrifiques, voire des plaisirs coupables. Saw (2004), réalisé par James Wan, est considéré comme un film culte. Ses suites ont permis l’ascension du genre torture porn. En voulant enrichir ce qui se vend le plus, donc le gore, la saga très lucrative s’est surtout enrichie en incohérences et en situations absurdes. Il en est une pour laquelle on ne peut s’empêcher de lâcher un fou rire nerveux, tant on se demande si les scénaristes sont conscients de tout ce qui s’est passé dans les précédents films.
Une réplique parfaitement ridicule
Dans Saw V (2008), John Kramer prépare un nouveau jeu pour Saw 1 (vous suivez ?), en compagnie de son apprenti caché Mark Hoffman. L’ingénieur maléfique lui dit exactement :
Ca ne doit jamais être personnel !
Si l’on peut aussi suggérer que le Tueur au Puzzle cherche à faire en sorte que Mark Hoffman ne dégage pas sa brutalité à tout instant, on peut juste constater que cette réplique est parfaitement ridicule. John Kramer a toujours joué en fonction de ses valeurs personnelles. D’accord, on peut pardonner le cas de Cecil dans Saw IV (2007), sa première victime et symbole d’une origin story, car il voulait venger son fils. Mais qu’en est-il du reste ?
Dans Saw 2 (2005), il s’en prend à la police. En ce qui concerne Saw 6 (2009), il s’attaque à un assureur qui a une méthode bien à lui de prendre soin de ses clients. Quant à Saw 7 (2010), il demande à Hoffman de s’en prendre à un imposteur (ou alors Hoffman voulait juste l’humilier… De toute façon l’épisode 7 est le pire de la saga). Enfin, dans Jigsaw (2017), il s’attaque à sa voisine et à l’assassin de son neveu. Que dire également de Saw X (2023), qui présente le film comme le jeu le plus personnel de John ? Est-ce qu’une petite ruse scénaristique va permettre de mettre fin à tout ce foutoir ?
Le vrai problème ne vient pas de la philosophie du tueur, mais bien d’en avoir fait un pseudo justicier social. D’un épisode à l’autre, Jigsaw passe d’un bon samaritain s’en prenant à des gens cruels à un pur tueur sadique.
Le problème était déjà présent dans Saw
En soi, Saw était lui-même complètement incohérent dans certains détails. Tout d’abord, Lawrence Gordon précise que Jigsaw n’a jamais tué personne, mais qu’il s’arrange pour que ses victimes le fassent elles-mêmes. Sauf que le tueur a tenté de trancher la gorge de l’inspecteur David Tapp et envoie son collègue dans un piège destiné à se protéger de la police qui le traque. Il peut donc tuer de ses mains, ce qui remet déjà en cause ce côté « Justicier »…
De plus, si ses jeux avaient vraiment pour objectif de sauver ses victimes, comment se fait-il que le compagnon de cellule d’Amanda devait mourir de sa main ? Egalement, Zep devait tuer la famille du Docteur Gordon sous peine de mourir. Si Jigsaw voulait respecter ses propres règles, il s’assurerait que ses victimes se retrouvent seules contre elles-mêmes. Aussi, quel était précisément le jeu d’Adam ?
Il est l’un des deux héros du film et, en y repensant, il ne peut tout simplement pas se défendre. Théoriquement, sa seule règle est de sortir vivant de la salle de bain. Que doit-il faire, sachant que sa clé est déjà perdue et que la porte était verrouillée ? Si John était vraiment le bon samaritain que nous montre Jigsaw en sauvant Logan d’une erreur de timing, alors il pouvait sauver Adam, car sa clé était déjà perdue dans les égouts. Pour couronner le tout, le photographe avait gagné son épreuve ! Il devait survivre jusqu’à la fin du temps et c’est ce qu’il a fait ! N’y aurait-il pas alors quelque chose de personnel là-dedans ? Bien évidemment, on nous montre dans Saw III (2006) que le piège était truqué par Amanda, mais John en est témoin.
Un seul film de base
Ne mentionnons pas le fait que le Dr Gordon soit devenu son apprenti, car il n’y a rien d’autre que du pur fan service dans cette idée, compliquant encore plus la trame des Saw. Certes, nous sommes de mauvaise foi. Mais en réalité, il ne faut pas oublier que Saw était destiné à n’être qu’un seul film et devait se conclure par la victoire du tueur. Un petit film indépendant qui aurait pu finir directement en DVD, mais dont le succès en a voulu autrement. Ses suites ont par conséquent lancer l’intrigue vers des complications inutiles. Tout se brouille plus exactement à partir de la deuxième trilogie…
En effet, la première trilogie concluait plutôt bien l’histoire d’un tueur en série par sa mise à mort brutale. Mais la saga étant rentable, il fallait immédiatement des suites et… des origines au personnage, comme c’était la tendance des films d’horreur hollywoodiens.
L’épisode le plus fidèle à Jigsaw
Lorsque David Hackl réalise Saw V, il en résulte des critiques très négatives. La mise en scène fait très téléfilm et l’intrigue devient de plus en plus fastidieuse. Cependant, l’épisode se révèle être celui qui respecte le mieux la philosophie de Jigsaw, mieux encore que le premier volet. On sent alors que le réalisateur a compris à sa manière le personnage. Car dans ce cinquième volet, cinq personnes se retrouvent confrontées à des jeux dangereux et doivent survivre. Sauf que personne ne devait mourir. Tous devaient s’entraider et se soutenir mutuellement pour échapper à la mort. Un rebondissement que les fans n’ont pas manqué et ont applaudi, puisqu’il s’agit du seul épisode où aucune victime de John Kramer n’aurait dû mourir.
Toutefois, il est aussi le film qui rend John encore plus « justicier » que les autres, en montrant son ascension en tant que tueur en série et en révélant que ses actions ne doivent jamais être personnelles… Pardon ? Aussi, il avoue mépriser les meurtriers. La vision la plus populaire de John Kramer vient donc de ce cinquième volet qui a rendu ses actions compréhensibles. En même temps, cela semble logique après que le spectateur ait gagné sa sympathie avec sa vengeance dans le quatrième et sa tentative de suicide dans le second volet.
L’épisode le plus fidèle à Jigsaw… d’un autre point de vue !
Lorsque Kevin Greutert réalise le sixième volet de la franchise, le gore revient plus en forme que jamais. En dehors de sa première séquence très guignolesque et de la fin de l’affaire Hoffman, les épreuves sont cruelles, aussi bien physiquement que mentalement. Le spectateur suit William Easton, patron d’une assurance inventeur d’une méthode plus que douteuse pour ses clients confrontés à la dure réalité de son système, en choisissant qui doit vivre et mourir. Encore une fois, on est sur une autre mentalité de Jigsaw, tout en étant finalement assez proche du sadisme des premiers volets, plus précisément du troisième.
Le piège le plus maîtrisé étant celui d’un carrousel avec ces employés chargés de trier les « niveaux » des clients potentiels pour les assurances. Un sauvé sur trois. Par conséquent, William ne peut sauver que deux personnes sur six. Oui, on retrouve la même tension psychologique que le jeu de la salle de bain le temps d’une scène (car pour rappel, Adam n’avait pas de quoi se défendre).
Toutefois, malgré des scènes flash-backs qui veulent nous faire croire à ce côté humaniste de John, l’histoire de ce sixième volet est à la fois personnelle et vengeresse pour de nombreuses familles brisées par le système d’assurance injuste. Saw se la joue drame social ? Presque, on pourrait dire. Cependant le plus important est de montrer que tous les films Saw ont joué sur le côté personnel des jeux et des victimes. Toutes sont plus ou moins liées à l’histoire de Jigsaw.
Saw X : cette fois, c’est personnel !
Finalement, ce côté personnel est repris dans Spirale, pourtant boudé des fans alors qu’il semblait bien plus fidèle à l’originale que les autres… La saga n’est pas claire avec les intentions de John, la faute à un scénario qui se construit d’année en année, mais surtout parce qu’il se perd avec les psychologies des apprentis : Amanda, qui ne veut laisser aucune chance, et Hoffman, qui veut faire souffrir le plus possible. Puis, il faudrait peut-être laisser John mourir dignement, puisqu’il est mort à la fin du troisième… Bon, Saw X se passe entre le premier et le deux, donc on pardonne.
Il faut reconnaître que la bande-annonce de ce nouvel épisode de la franchise fait du bien. John rappelle sa philosophie, mais il semble surtout bien plus proche de celui qu’il était vraiment avant que les scénaristes ne le changent en justicier social. Il s’est fait arnaquer, il veut se venger. C’est simple et efficace. Demander à une victime de se retirer une partie du tissu cérébral est presque un meurtre ! Car oui, John Kramer est avant tout un meurtrier ! Si les gens le voient comme un sauveur, c’est une opinion presque sectaire… Ca tombe bien, puisque ses apprentis le suivent comme un gourou.
S’il semble totalement évident que la saga Saw s’est écrite au compte-gouttes chaque année, elle montre néanmoins que Jigsaw est tout simplement un tueur en série sadique, presque lunatique, par la faute des scénaristes. Dans la bande-annonce de Saw X, les jeux risquent de tuer volontairement, et le tout sera purement personnel. Et c’est ça en fait qu’on veut ! Assumez donc jusqu’au bout ! Rendez-vous le 25 octobre 2023.
Bande-annonce Saw X
Source :
Il y a également une très grosse erreur dans le film .
Ont devine que celui qui était en phase terminale de son cancer ( celui qui donne les infos à John pour aller au Mexique) est complice .
Je m’attendais ( justement ) à voir une logique , mais non !!!
Une manière pour qu’il y ai une suite ???
À voir.