Quand perdre au foot vous mène au bagne : le cas de Kim Jong-hun

Quand perdre au foot vous mène au bagne : le cas de Kim Jong-hun - Cultea

S’il y a bien une règle à respecter en Corée du Nord, c’est de ne pas contrarier le dictateur. Il risquerait de vous le faire regretter, amèrement. Cela peut aller de l’emprisonnement jusqu’à la mise à mort. L’entraîneur de l’équipe nationale de football, Kim Jong-hun, en a fait les frais, en 2010 lors de la Coupe du monde.

Une année historique pour la Corée du Nord

2010 : la Coupe du monde de football prend place en Afrique du Sud. Tous les supporters et les joueurs sont sur le qui-vive, prêts à vivre un moment magique, qui n’apparaît que tous les quatre ans. Mais si une équipe est encore plus impatiente de participer à la dix-neuvième édition de cette compétition mondiale, c’est la Corée du Nord.

Le pays parvient à se qualifier à la prestigieuse compétition, en arrivant deuxième du groupe de qualification derrière la Corée du Sud. Cela met alors fin à 44 ans de non-participation à la Coupe du monde de football.

L’entraîneur de l’équipe, Kim Jong-hun, est salué en véritable héros de la nation. C’est grâce à ses connaissances tactiques que Kim Jong-il va pouvoir briller à l’international. Son pays va enfin se montrer aux yeux du monde. C’est donc une occasion de se mettre en avant.

La Corée du Nord dans le « groupe de la mort »

Très vite, les matchs de préparation se terminent. Bilan mitigé pour Kim Jong-hun, qui ne parvient pas à remporter un seul match sur 6. Il fera 2 matchs nuls, un contre la Grèce et le pays hôte, l’Afrique du Sud. Il perdra l’intégralité des autres rencontres.

Vient ensuite le moment des tirages, pour définir les groupes de la compétition. La Corée du Nord tombe dans le pire groupe possible : elle tombe dans le groupe G. Ce groupe est constitué du Portugal, de la Côte d’Ivoire et du Brésil. La Corée du Nord ne se retrouve donc qu’avec des pays experts dans le domaine.

Évidemment, Kim Jong-hun et son équipe savent qu’ils ne disposent quasiment d’aucune chance d’arriver dans le top 2 du groupe. Mais l’entraîneur avait quand même espoir. Très vite, il dut cependant faire face à la triste réalité. Triste réalité qui s’aggravera.

Portugal-Corée du Nord : le clap de fin pour Kim Jong-hun

Le premier match de la Corée du Nord était contre le Brésil, pays emblématique du football. Même si, sur le papier, les Brésiliens étaient nettement favoris, la Corée du Nord ne perdra qu’avec un but d’écart, la rencontre se soldant par 2 buts à 1 pour le Brésil. Pour le gouvernement de la Corée du Nord, la victoire n’est pas là, mais les résultats sont quand même satisfaisants.

La folie de participer à une compétition mondiale de football, pour la deuxième fois de son histoire, pousse le pays à faire un geste exceptionnel. Connu pour être le pays le plus fermé au monde, la Corée du Nord décide de s’ouvrir un peu plus sur le monde extérieur, en retransmettant la rencontre Portugal-Corée du Nord à la télévision. C’est une première.

Malheureusement, les Coréens se font littéralement écraser par les Portugais, qui sont d’un niveau nettement supérieur. Au moment où les Portugais marquent le quatrième but de la rencontre, les dirigeants de la Corée suspendent la retransmission. La rencontre se soldera par une défaite cuisante, humiliante et historique de la Corée du Nord, sur le score de 7 buts à 0.

La Corée du Nord sort de la compétition, avec 0 point, ce qui se traduit par trois défaites. Elle n’aura marqué qu’un seul but et en aura encaissé 12.

Un lynchage public pour l’entraîneur

A son retour, l’entraîneur de la sélection dut affronter la colère de Kim Jong-il, qui se sentait véritablement humilié aux yeux du monde.

Kim Jong-hun se retrouva au centre des moqueries, des insultes et des railleries, sur une scène du palais des peuples de Pyongyang. Lui qui avait été, quelques mois auparavant, idolâtré par tout un peuple, venait de tout perdre.

On contraignit également les joueurs de l’équipe nationale à insulter l’entraîneur et à le lyncher publiquement. Cette scène unique dans le monde du football faisait penser aux fameux procès staliniens, qui avaient lieu quelques décennies auparavant.

Le jugement tombe. Kim Jong-hun, pour avoir déshonoré la Corée du Nord et pour avoir manqué de respect à son dictateur, fut envoyé aux travaux forcés. Il dut porter des charges sur un chantier pendant quatorze heures par jour.

On apprendra par la suite l’injustice de cette punition, car ce serait le fils du dictateur lui-même, qui aurait choisi les joueurs à envoyer en Afrique du Sud. Quoi qu’il en soit, la Corée du Nord a décidé de refaire appel à son entraîneur phare, Yun Jong-su.

 

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