Un programme de recherche étudie la « Symphonie des Océans » et l’impact du bruit provoqué par les activités humaines sur la faune marine. Des chercheurs de 17 pays, dont la France, étudient les fonds marins pour constituer une bibliothèque mondiale des bruits sous-marins. Sous l’eau, le silence n’est pas roi…
La Symphonie des Océans : un projet de surveillance de grande ampleur
En 10 ans, des scientifiques ont collecté jusqu’à 4 000 séries d’enregistrements sonores provenant de l’Atlantique, du Pacifique et de l’Antarctique ainsi que des côtes australiennes et néo-zélandaises. Le projet a coûté 50 millions de dollars.
Ils utilisent des microphones sous-marins, appelés hydrophones. Ne faisant aucun bruit supplémentaire, ils permettent une surveillance acoustique passive. Les sons aident les scientifiques à mesurer l’impact marin du bruit, des récifs coralliens, des orques au plancton, de l’exploration pétrolière et gazière, du transport maritime, du tourisme, des tempêtes et même des explosions nucléaires.
Jesse Ausubel, co-fondateur de l’International Quiet Ocean Experiment, explique :
« Autrefois, on pouvait mettre un micro dans l’eau pendant un an. Il fallait ensuite trois ans pour écouter les cassettes. Et puis nos oreilles ne font pas la différence entre les vagues qui se brisent, les baleines à bosse, les navires ou les crevettes »
L’objectif derrière l’écoute de la Symphonie des Océans
Ce projet fou a pour but de capturer une base acoustique de différents paysages sonores. Les chercheurs veulent aussi faire du bruit une méthode pour surveiller la répartition des espèces. Cela permettrait d’identifier de nouvelles espèces et de repérer les futures catastrophes climatiques.
Jesse Ausubel nous raconte :
« On connaît, depuis une trentaine d’années, une explosion sonore sous-marine : navires gigantesques, gaz et pétrole, exploitation minière des fonds marins, navires de croisière Le paysage sonore change beaucoup. Il serait insensé de supposer que cela n’a aucun impact sur la faune. »
Ces chercheurs veulent répertorier tous ces sons avant que certains ne disparaissent. Les mammifères marins, les poissons, et même les crustacés font du bruit.
Le bruit des baleines par exemple est très relaxant. Les piranhas, quant à eux, sont des poissons qui produisent des sons en faisant vibrer leur abdomen. Leurs muscles se contractent 150 fois toutes les secondes pour permettre cette vibration. Le bruit du poisson-clown ressemble à celui d’un marteau-piqueur. Enfin, le cri du cachalot peut avoisiner les 230 décibels, soit plus qu’un moteur d’avion à réaction au décollage.
Le bruit : un impact sur les fonds marins
Ce projet a deux facettes : un aspect artistique et un autre surtout scientifique.
Si les poissons chantent, c’est qu’ils peuvent entendre. Les poissons ont des oreilles et certains posséderaient une sorte d’oreille interne, qui reconnaît les basses, les vagues, mais aussi les cargos. La faune marine est dérangée par la pollution sonore. Des scientifiques ont pu prouver que les huîtres entendent et qu’elles étaient perturbées par le bruit.
Le pollution sonore a un impact sur le monde marin :
- Réactions physiologiques : retard de croissance, stress,
augmentation du rythme respiratoire. - Masquage acoustique : la communication entre individus est
masquée, rendant la localisation entre congénères ou des
proies plus difficile - Réactions comportementales : fuite ou interruption de
l’activité en cours, changement des trajets migratoires. - Dommages physiologiques temporaires : baisse du niveau
d’audition ou diminution de la sensibilité auditive - Dommages physiologiques permanents : lésions des organes
entraînant généralement la mort de l’animal (organes
auditifs, poumons, vessie natatoire…).
Ce projet fou, mené par des pays du monde entier, semble être en bonne voie pour sensibiliser les futures générations sur l’impact du bruit sur les fonds marins. Espérons que la Symphonie des Océans atteigne les objectifs espérés…
Sources :