Patrick Juvet : retour sur le parcours d’un chanteur qu’on regrette déjà !

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Pour beaucoup d’entre nous, Patrick Juvet était une icône d’un autre temps. Presque kitsch, sa musique nous faisait danser tard dans la nuit, entre Michel Sardou et Daniel Balavoine. Mais c’est ça justement qui est marquant. Malgré ce décalage, sa musique nous reste et nous entraîne. Ainsi, Juvet a réussi son coup, il est rentré dans la légende de la variété francophone. Revenons un bref instant sur la carrière de cette icône du disco. 

La nouvelle est confirmée, Patrick Juvet s’est éteint à l’âge de 70 ans, dans son domicile de Barcelone. Il s’agit d’une perte immense pour la scène musicale francophone. Cette triste occasion se prête bien à une rétrospective sur la carrière de ce chanteur exceptionnel.

Patrick avant Juvet

Patrick Juvet naît le 21 août 1950 à Montreux, en Suisse. Il passera son enfance dans une commune proche. Sa mère fait de la politique locale, tandis que son père tient un magasin de radio/télévision. Une aubaine, cela lui permettra d’avoir à la maison tous les nouveaux vinyles en provenance des USA. Patrick aime la musique et il l’écoute quotidiennement. Dès 6 ans, il entre au conservatoire pour y apprendre le piano. Il commence des études d’art jusqu’à ce qu’une occasion de devenir mannequin en Allemagne se présente en 1967. Cette « carrière » ne sera que de courte durée, car ce qui l’intéresse vraiment, c’est la musique. Mais cela lui permet d’avoir confiance en lui et d’oser se mettre en avant.

L’année suivante, il participe à un concours local de musique dans son canton de Suisse. Il y présente un piano-voix qui le fait remarquer. Les journalistes présents lui remarquent un potentiel certain, bien que la chanson en elle-même soit un peu bateau.

Faire de la musique en France

Après quelques années, Patrick décide de tout plaquer pour faire carrière dans la musique. Pour ce faire, il décide de déménager à Paris en 1971. Il y rejoint deux personnes clés dans sa vie : Pascal Magnant et Florence Aboulker. Le premier est son compagnon à l’époque et son futur agent. La seconde est une romancière et productrice, mais également l’un des grands amours de sa vie.

Jacques Brel, Charles Aznavour et Philippe Nicaud à l'un des mariages de Barclay. - Cultea
Jacques Brel, Charles Aznavour et Philippe Nicaud à l’un des mariages de Barclay.

Lors d’une rencontre, Magnant convainc Florence Aboulker de présenter Patrick Juvet au plus immense producteur français de l’histoire : Eddie Barclay. Pour ceux qui l’ignorent, Barclay est un monstre sacré de la musique. On parle ici d’un musicien qui a débuté à la fin des années 30 dans des bars de jazzeux où il sympathise avec Louis de Funès, Django Reinhardt, Boris Vian ou encore Henri Salvador. Après l’occupation, il fonde le mythique club « Barclay’s » où il invite évidemment tous les amis précédemment nommés. Mais il voit aussi passer dans le club des petits musiciens méconnus tels que Quincy Jones, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Sasha Distel, Edith Piaf ou encore Charles Aznavour. Vous l’aurez compris, Eddie Barclay était le king du monde de la musique et de la nuit.

Ainsi donc, Florence Aboulker présente le jeune Patrick à Eddie. Il l’aime bien et lui produit deux singles. En mai 1972 sort La Musica qui se vend à 300 000 exemplaires. La même année, Juvet assure la production d’un titre de Claude François : Le Lundi au soleil.  C’est un carton.

L’Eurovision et le succès

En février 1973, Juvet est sélectionné pour représenter la Suisse à l’Eurovision. Il finit 12e sur 17, mais sa carrière est bien lancée. Son nouvel album Love se vend bien et contient notamment un des classiques du chanteur : Rappelle-toi minette. Bien que le qualificatif soit péjoratif, Juvet acceptait l’idée d’être un chanteur pour « jeunes femmes ».

Le succès de Juvet vient du fait que, contrairement à d’autres artistes de son époque, il ne se contente pas de traduire et adapter des chansons américaines. Il est un vrai musicien et un vrai compositeur. Il se fait souvent aider pour les textes certes, mais il possède une véritable vision artistique. A noter qu’il suit de très près ce qui se passe en Angleterre et aux USA. Il adore l’esthétique moulante et tape-à-l’œil du glam rock, et notamment David Bowie.

En 1974, il est alors en tournée et une date à l’Olympia est prévue. Il a recruté pour ce concert un jeune choriste à la tessiture singulière. Bluffé par le jeune homme, il lui demande un texte. Ce dernier s’exécute, mais Juvet refuse de l’interpréter. Il préfère le présenter à ses producteurs. Le coup de foudre est immédiat. On le signe pour au moins trois disques. Le nom de ce jeune choriste ? Daniel Balavoine.

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Jean-Michel Jarre

En 1975, Juvet fait une rencontre décisive : Jean-Michel Jarre. Le compositeur futuriste le fascine. Les deux sont passionnés de clavier et de sonorités nouvelles. De plus, Jarre écrit des textes à succès. L’année précédente, il avait signé le chef-d’œuvre Les Mots Bleus pour le chanteur Christophe. Le coup de foudre est officiel.

Juvet explique à Jarre qu’il adore le disco et que les chansons des Bee Gees le rendent fou. Leur collaboration aboutira à 21 titres, dont le fameux Où sont les femmes ? en 1977.

Le chanteur finira la décennie comme idole du disco en France avant de déménager à New York. Là-bas, il travaille avec des producteurs de légende, et notamment le leader des Village People. En résulte le très bon projet I love America.

Le déclin

Malheureusement, les années 80 ne lui réussissent pas. Il tentera toujours plus d’excursions dans d’autres genres comme le rock ou la techno, mais le succès ne sera pas au rendez-vous. Il sombrera quelque peu dans l’alcool et les drogues. Jean-Michel Jarre lui même le dit : le succès fulgurant lui a fait perdre pied et il s’est brûlé les ailes. Plus récemment, il fit cependant partie de la tournée Âge tendre et Têtes de bois aux côtés de Michel Orso et Annie Cordy notamment. Il y participera quasiment chaque année entre 2008 et 2018.

Patrick Juvet était de ces chanteurs d’exception, idoles de leur époque et touche-à-tout passionnés. Son ascension fulgurante lui aura malheureusement fait perdre pied, mettant un terme à une carrière pourtant déjà riche. Son décès est une tragédie qui nous affecte tous, au même titre que la disparition du chanteur Christophe l’an passé.

Patrick Juvet – Où sont les femmes (1977)

2 Replies to “Patrick Juvet : retour sur le parcours d’un chanteur qu’on regrette déjà !

  1. Le décès de Patrick est tragique, une grande perte dans le monde musical, magique et magnifique
    Merci pour ce joli hommage, tout le monde est sous le choc… Est ce pour cela que personne n’en parle ?? Aucun hommage TV, radio.. Nous sommes tous dans l’attente, Patrick le mérite tellement ❤️

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