Depuis le tragique incendie de sa charpente, Notre-Dame de Paris connaît une phase de travaux sans précédent. D’abord, il y a eu la consolidation, puis les fouilles archéologiques pour aboutir à la reconstruction qui débute.
Durant la phase de fouilles, les archéologues ont trouvé des choses très intéressantes. Parmi les objets mis au jour, on se souvient de deux sarcophages en plomb. Aujourd’hui, ils révèlent leurs secrets.
Des cercueils de plomb sous le pavage de Notre-Dame
Comme révélé en avril dernier, diverses sépultures ont été mises au jour sous le pavage de la cathédrale. En plus de cela, lors de fouilles au niveau de la croisée du transept, des sculptures qui s’apparentent au reste du jubé disparu de Notre-Dame ont été trouvées. Parmi les sépultures, deux ont retenu l’attention par leur matériau et leur qualité.
En effet, ce sont deux cercueils de plomb. D’abord, il faut se demander qui pourrait être inhumé à l’intérieur d’un tel édifice. Logiquement, ce sont des personnes de haut rang. Qu’ils soient issus de la noblesse ou bien du clergé. En effet, on n’enterre pas n’importe qui sous le pavage d’une cathédrale. D’ailleurs, on estime qu’au moins 300 personnes ont trouvé leur dernier repos à Notre-Dame.
De plus, ces deux cercueils de plomb doivent appartenir à de plus hauts dignitaires. Pour quelles raisons ? Parce que le plomb coûte cher et conserve mieux les corps. Ces sarcophages anthropomorphes ont depuis révélé plus de secrets.
Quelles techniques d’identification ?
Depuis leur découverte, les cercueils ont été déplacés jusqu’à Toulouse. C’est à l’institut médico-légal du CHU qu’ils sont étudiés. Concrètement, qu’est-ce qu’on y fait ? Le temps de quelques jours, du 21 au 26 novembre 2022, les spécialistes leur ont fait subir une batterie d’analyse. Dans un temps resserré pour éviter toute dégradation liée à une manipulation trop longue.
Les cercueils ont été ouverts, puis photographiés pour être restitués en 3D. Les scientifiques ont aussi réalisé des prélèvements pour révéler les secrets des deux personnages.
Un Chanoine de Notre-Dame de Paris
Le premier était un chanoine. En effet, l’un des deux est identifiable par son épitaphe. C’est Antoine de la Porte (1627-1710). Les spécialistes ont découvert que l’homme souffrait de la goutte, qu’il est mort à 83 ans et que son squelette ne portait pas de trace d’activité physique régulière. De plus, l’état de ses dents montre un brossage régulier et un bon entretien pour son époque.
On connaît plutôt bien la vie du chanoine. Il était surnommé le « chanoine jubilé ». En effet, il est resté plus de 50 ans à son poste. Il était riche et influent. Il a, par exemple, fait don de plus de 10 000 livres pour financer la réfection de la clôture de chœur de la cathédrale. Enfin, dans son sarcophage se trouvaient des médailles à son effigie qui confirment son identité.
Un mystérieux cavalier
Le second sarcophage reste quant à lui encore bien mystérieux. En effet, il n’a pas d’épitaphe. Cependant, les spécialistes ont pu établir diverses affirmations. Il est en attente de datation au carbone 14, mais on pense qu’il a été inhumé entre la fin du XIVe siècle et le XVIIe siècle. Pour l’instant, on sait qu’il doit être mort vers 30 ans et qu’il était cavalier depuis son plus jeune âge. De plus, il souffrait d’une méningite chronique, certainement contractée en raison de la tuberculose, qui a aussi causé la chute de ses dents. Une destinée bien moins longue et confortable que celle de son voisin d’inhumation.
Enfin, ce sarcophage est loin d’avoir livré tous ses secrets. En effet, il semble avoir été moulé sur le corps du défunt, pratique encore inconnue des spécialistes de la période. De plus, son crâne scié montre qu’il a été embaumé. Enfin, il portait une couronne de fleurs mortuaire pour son repos éternel. Cela laisse à penser qu’il appartenait à la haute aristocratie.
Finalement, les deux sarcophages de plomb ont déjà livré bien des secrets. Cependant, celui du cavalier est encore bien mystérieux. Les futures analyses permettront une identification plus poussée de la personne. Grâce à une datation plus précise, il sera peut-être possible d’identifier un dignitaire.
Cette découverte est une occasion unique de pouvoir mieux comprendre les rites funéraires et donc les siècles qui s’y rattachent. D’autres restes ont été découverts, mais moins importants que ces deux derniers. Le reste des recherches sera disponible en 2024 lorsque toutes les analyses seront terminées.
Sources :