« Le mécano de la générale », l’aboutissement artistique de Buster Keaton

"Le mécano de la générale", l'aboutissement artistique de Buster Keaton

Buster Keaton, également appelé « Stone Face » pour sa faculté à ne montrer aucune émotion à l’image, était un acteur comique burlesque, adepte des cascades les plus folles et créateur de mises en scène toujours plus inventives. Le mécano de la générale, réalisé en collaboration avec Clyde Bruckman, constitue l’aboutissement de son travail artistique.

Buster Keaton, comique du cinéma burlesque et du muet

Le cinéma burlesque ou splastick se définit comme une comédie où le récit est souvent perturbé de gags visuels, d’évènements incongrus, inattendus, accidentels ou prémédités. Les gags du cinéma burlesque reposent essentiellement sur la gestuelle. C’est un cinéma de gags visuels et de comiques de gestes.

Dans les années 1920, Buster Keaton s’est imposé comme le comédien hollywoodien le plus novateur et le plus audacieux, avec des mises en scène complexes dont l’entropie croissante, mais maîtrisée, a fait son génie d’artiste et de réalisateur. Juste avant l’arrivée du cinéma parlant qui verra décroître sa réussite, il réalise en 1926 Le mécano de la générale qui constituera l’apogée de son œuvre.

La cascade la plus chère du cinéma muet

Le mécano de la générale, une production hors norme

Le film est réalisé par Buster Keaton et Clyde Bruckman. C’est à la fois un film d’aventures, un film de guerre et un film d’amour. Ainsi, Le Mécano de La Générale va concilier plusieurs genres pour en faire un véritable sommet du cinéma burlesque.

Le cheminot Johnnie Gray partage sa vie entre sa fiancée Annabelle Lee et sa locomotive, la Générale. En pleine Guerre de Sécession, il souhaite s’engager dans l’armée sudiste, mais celle-ci estime qu’il se montrera plus utile en restant mécanicien. Pour prouver à Annabelle qu’il n’est pas lâche, il se lance seul à la poursuite d’espions nordistes qui se sont emparés d’elle et de sa locomotive…

L’un des aspects les plus marquants du film est que Keaton choisit d’adopter le point de vue confédéré pour suivre l’évolution de son personnage. Ce contexte historique très précis, inspiré d’une histoire vraie, est connu sous le nom de « raid d’Andrews ». Le souci du réalisme va pousser la production du film à une extrême attention aux détails.

De ce fait, le budget du film est l’un des plus élevés pour l’époque et le plus cher de Keaton, soit environ 750 000 dollars. A ce budget, dédié à l’emploi de milliers de figurants en costume et de trains d’époque, Keaton ira jusqu’à chercher deux locomotives ayant servi pendant la guerre et fera même construire une reproduction de la locomotive Texas pour la précipiter depuis un pont dans la rivière en contrebas. Cette scène constitue la cascade la plus chère du cinéma muet et, pour être sûr de ne pas rater la prise, elle sera filmée par pas moins de six caméras.

Une histoire au service des personnages

Dans Le mécano de la générale, la structure narrative du film est un modèle de simplicité, mais l’entremêlement des enjeux rend les personnages plus complexes qu’il n’y paraît.

Le noyau émotionnel du film tourne autour de la relation entre Johnnie, l’ingénieur de train incarné par Keaton, et Annabelle, interprétée par Marion Mack, qui l’éconduit pour sa lâcheté, avant de reconnaître son courage. La preuve de cet héroïsme se joue dans des scènes risquées, à la mise en scène ingénieuse, mais néanmoins dangereuse, qui viennent équilibrer les émotions ressenties, entre pure comédie et suspens haletant.

Dans cette épopée ferroviaire, le tumulte et les affres de la guerre ne parviennent pas à éclipser l’amour et la comédie. Keaton, qui réalise ici son chef-d’œuvre le plus abouti, entame son déclin, ne parvenant pas à véritablement franchir l’étape du cinéma parlant, contrairement à Charlie Chaplin.

Mais quoi qu’il en soit, « Stone Face » incarnera pour toujours l’essence du cinéma burlesque, du comique corporel et de la cascade à haut risque.

Image du film restaurée en numérique image par image par MK2

Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News 

Sources :

Related Posts

Laisser un commentaire