Le théâtre a toujours offert son lot de comédies et il en existe un grand nombre lors du festival d’Avignon. L’année dernière, notre choix d’ouverture comique s’était porté sur Massacre à la princesse. Ne vous attendez pas à une simple comédie, c’est une véritable bombe à retardement qui se lâche sur un public hilare. Morose, si vous souhaitez découvrir un spectacle des plus absurdes à un rythme déchaîné et tempétueux, Les Salles d’attentes est sans aucun doute la thérapie qu’il vous faut.
La représentation du spectacle s’est déroulée le 19 juillet 2022 au Théâtre de l’Observance, à 19h10. Les Salles d’attentes sera joué jusqu’au 30 juillet au Festival d’Avignon.
L’attente n’a jamais été aussi jubilatoire !
Ce sont des personnages qui attendent. Voilà un résumé parfait pour Les Salles d’attentes de David Yol, qui pourrait se définir comme l’enfant terrible de Huis Clos de Jean-Paul Sartre et En attendant Godot de Samuel Beckett. Dès les cinq premières minutes, le spectateur est convaincu qu’il va passer un grand moment d’absurdité et de moments d’anthologies.
Jamais l’attente n’a été aussi folle et dynamique à travers celle vécue par ces quatre personnages hauts en couleur. Quatre personnages qui vont chacun ajouter une touche nécessaire à la force de l’œuvre. Si cette touche peut passer par l’humour, par exemple la psychologie de Paul (Lucas Rihouey), cocu, attendant le moment opportun pour lancer une repartie foudroyante sur sa femme, toujours imprévisible et efficace, elle peut aussi se révéler très émouvante. On pense surtout à Nadia (Victoria Deliance) et Catherine (Julia Scoatariu), passant dans tous leurs états, se révélant tantôt stupéfiantes, tantôt hilarantes. Mais tâchons de ne pas vous gâcher la surprise. Car oui, les personnages ne sont pas seulement un prétexte aux gags, ils possèdent une humanité propre et à laquelle tout le monde pourra pleinement s’identifier…
Il est aussi absolument nécessaire de parler d’Eric Johnsons, le personnage qui transforme Les Salles d’attentes en véritable tour de montagnes russes. Mystérieux, cinglé, stupide, brillant et intriguant sont des termes qui correspondent au personnage et à l’interprétation complètement folle de Zack Naranjo, qui nous rappelle parfois Jim Carrey dans ses délires les plus emblématiques. Tout cela donne une alchimie concrète offrant une vraie personnalité à ces individus loufoques, le tout brillamment souligné par l’incroyable performance des comédiens. On n’a qu’une envie, c’est que cette attente chez le psychologue ne finisse pas.
Jamais à court d’idées !
Vous l’aurez compris, l’attente est le maître-mot de ce spectacle délirant. Car oui, on patiente avec Nadia, Eric, Catherine et Paul pour savoir ce qui va bien pouvoir arriver. Chacune des situations qui se présente fait toujours mouche et arrive toujours à surprendre le spectateur. Dans l’imprévisibilité la plus totale, Les Salles d’attentes se renouvelle quasiment tout le temps. Une réplique cinglante, un objet improbable entre de mauvaises mains, une rupture du quatrième mur… Tout fonctionne parfaitement dans un rythme frénétique pour tirer un sourire au public conquis lors de la session. Il parvient même à construire une chute qui progresse crescendo et qui se révèle aussi inattendue. Mentionnons également que, dans ce déluge d’hilarité, la pièce réussit l’exploit de poser des réflexions sur les buts de notre vie, mais aussi sur les enjeux des personnages. L’amour et la compassion ne sont-ils tout simplement pas des problèmes dans la vie ? Vaut-il mieux éviter de résoudre un problème sans prendre le risque de l’aggraver ? L’autre est-il vraiment important ?
À l’image de ces protagonistes, l’écriture des dialogues et l’interprétation déchaînent une vraie virtuosité dans ce huis clos qui entraîne ses spectateurs dans la folie la plus totale. À découvrir de toute urgence à Avignon. Maintenant prenez place, le médecin va vous recevoir dans un instant…