Principale attraction touristique de la capitale, les catacombes sont un lieu incontournable lors d’une visite de Paris. Elles prennent part à l’intérêt pour le macabre des touristes qui visitent la ville. Cependant, les catacombes de notre capitale n’ont pas toujours été une nécropole. De plus, lors de la visite, on ne voit qu’une infime partie du labyrinthe souterrain qu’elles forment.
Alors, d’où proviennent les ossements ? Quelles sont les origines de ces tunnels ? Quels secrets renferment-ils ? C’est ce que nous allons vous raconter !
L’origine des catacombes : les carrières de Paris
À l’inverse de nombreuses catacombes que l’on peut visiter ailleurs en Europe, celles de Paris n’étaient pas à l’origine une nécropole. En effet, les constructions, toujours plus nombreuses à Paris, ont nécessité l’ouverture de carrières proches de la ville et facile d’accès.
De cette manière, dès le Ier siècle de notre ère, des carrières ouvertes ont vu le jour à cet emplacement géographique, sur la plaine de Montrouge. Cependant, ce n’est qu’à partir du XIVe siècle que l’on commence à creuser en profondeur et créer des carrières souterraines. Toutes ces carrières souterraines sont reliées entre elles par d’innombrables galeries. À partir de ces carrières, on a extrait des pierres de taille jusqu’en 1774.
En effet, en 1774, la rue Denfert-Rochereau s’est effondrée sur 300 m dans les catacombes. Dès lors, le roi Louis XVI décide de prendre en main la gestion des carrières. Il interdit leur exploitation sous la voie publique à Paris et les sécurise par la même occasion. Néanmoins, Louis XVI ne souhaite pas abandonner les lieux. C’est dans une volonté d’assainissement de la ville que l’on décide de transférer les ossements de certains cimetières dans l’espace inoccupé des carrières. Elles deviennent à cette occasion les catacombes de Paris.
La fermeture du cimetière des Innocents
Pour comprendre d’où proviennent ces milliers de restes humains entreposés dans les catacombes, il faut s’intéresser à l’histoire du célèbre cimetière des Innocents. Depuis l’époque mérovingienne, un cimetière très important se trouvait sur la rive droite de la Seine. Le cimetière des Innocents que nous connaissons aujourd’hui est un ancien cimetière médiéval qui a été en fonction jusqu’en 1780.
C’est le cimetière disparu le plus célèbre de Paris. En effet, en plus d’un cimetière, il abritait l’église des Saints-Innocents et était entouré d’un charnier (lieu où l’on disposait les ossements après décomposition des corps). On disait du cimetière qu’il était un « mange-chair ». En effet, la légende veut que la terre du cimetière engloutissait les corps et, qu’en 10 jours, il ne restait plus que des os.
Cependant, utilisé depuis plusieurs siècles, le cimetière était déjà insalubre depuis très longtemps au XVIIIe siècle. C’est en 1780 que la cave d’un restaurateur en bordure du cimetière s’effondra. Celui-ci se retrouva envahi par les os accumulés au fil des siècles. À la suite de cet incident, il fut prit la décision de le fermer et d’évacuer les ossements. C’est donc dans les carrières de la plaine de Montrouge qu’ils furent transférés. Ils s’y trouvent d’ailleurs encore aujourd’hui.
Après cela, on transféra d’autres cimetières de la ville dans les catacombes. D’ailleurs, il est possible de voir en visitant les lieux des plaques rappelant les lieux d’où proviennent les restes. Les dépôts d’ossements durèrent jusqu’en 1860, les travaux d’Haussmann ayant occasionné le déplacement de certains cimetières.
Il n’y a pas que les catacombes dans les carrières !
L’ossuaire de la ville de Paris n’occupe en réalité qu’une petite partie du labyrinthe de galeries et de salles qui compose les carrières. En effet, à Paris, les carrières représentent un total de presque 300 km de réseau, alors que les catacombes n’en utilisent que 1,7 km.
Mais que se passe-t-il dans les autres lieux ?
Officiellement, il ne s’y passe rien. Officieusement, le lieu est utilisé depuis des décennies par les amateurs d’exploration urbaine et souterraine. Attention tout de même, il est interdit de se rendre dans les carrières et l’aventure est punie de 60 € d’amende. Cependant, de nombreux aventuriers tentent leur chance, sauf les claustrophobes bien entendu !
Les lieux sont à la mode depuis le XIXe siècle. En effet, à l’époque, on structure les catacombes pour les ouvrir au public, mais on consolide aussi les carrières pour y créer des cabinets de curiosités géologiques. On installa également des brasseries sous le XIVe arrondissement. Cependant, c’est véritablement à partir des années 1960 que le lieu se popularise. En effet, la forte population étudiante du quartier latin explore ces galeries situées sous son quartier d’étude. Par ailleurs, deux entrées connues des carrières se trouvent dans la faculté de pharmacie et dans l’Ecole des mines.
Des carrières explorées
Depuis plusieurs décennies, c’est la nuit que s’éveillent les carrières de Paris. En effet, elles sont le lieu de nombreux événements clandestins, allant de simples visites à de vraies fêtes avec DJ et éclairages ! Depuis les années 1970, de nombreuses fêtes se déroulent dans les carrières de Paris. Les visiteurs jouent au chat et à la souris avec les gardiens des lieux. Cependant, au cours de ces mêmes années, un grand nombre de galeries ont été bouchées : pour des raisons liées à la stabilité des sols, mais aussi et surtout pour empêcher les jeunes de s’y rendre. D’ailleurs, il n’est plus possible d’entrer dans l’ossuaire par les autres galeries.
Aujourd’hui encore, de nombreux étudiants partent à l’exploration des catacombes. Des touristes de l’extrême s’y rendent aussi. Cependant, la visite n’est pas sans danger. En effet, en 2017, Alison Teal, une surfeuse professionnelle en a fait l’expérience. L’eau de la nappe phréatique est montée si vite que l’équipe de tournage a été forcée de tout arrêter pour ressortir. C’était une question de survie ! Elle partage son expérience sur sa chaîne YouTube.
Enfin, de nombreuses salles célèbres occupent les carrières, à l’instar de la galerie des promos. C’est ici que les promotions de l’Ecole des mines réalisent chaque année une fresque, depuis 1970.
Maintenant que vous êtes incollables sur les catacombes et les carrières de Paris, n’hésitez pas à rendre visite à tous ces Parisiens âgés de plusieurs siècles à la réouverture des lieux !
Sources :