Après l’article sur les origines du conte de Barbe Bleue, revenons sur celle du classique Petit Chaperon rouge de Charles Perrault et de la version allemande des frères Grimm. Chez Cultea, on vous en dit plus sur l’analyse du Petit Chaperon rouge et du Loup.
L’histoire du Petit Chaperon rouge de Charles Perrault
La plus jolie petite fille d’un village, le Petit Chaperon rouge, part à la demande de sa mère visiter sa grand-mère qui est tombée malade. Elle doit lui apporter une galette et un petit pot de beurre. Pour ce faire, elle doit donc traverser le village en passant par la forêt. Le Petit Chaperon rouge va croiser la route du Loup et ne s’en méfiera pas. Elle lui donne des indications sur sa destination et accepte la proposition du Loup qui s’apparente alors à un jeu. Lorsqu’elle arrive à destination, le Loup a déjà dévoré la grand-mère et a pris sa place dans son lit. La petite fille tombe alors dans le piège du Loup, qui se fait passer pour sa défunte grand-mère, et se fait dévorer à son tour.
Dans la version des frères Grimm, la fin est plus heureuse. Le chasseur viendra délivrer la petite fille et sa grand-mère.
Les personnages du Petit Chaperon rouge
Le Petit Chaperon rouge
Héroïne de ce récit, le Petit Chaperon rouge représente la jeunesse et l’innocence. Les petites filles s’identifient ainsi à elle. Le chaperon rouge désigne, à l’époque de Charles Perrault, une coiffure féminine populaire et bourgeoise, mais déjà démodée. Le personnage du Petit Chaperon rouge est insouciant, confiant, et ce sont justement ces traits de caractère qui la conduiront à se laisser approcher par le Loup, et causeront sa perte. Ce récit sous-entend une représentation plus complexe de la jeune fille face à un mâle. L’auteur entend avertir les jeunes filles, surtout jolies, qui doivent se méfier des apparences face aux hommes, prédateurs. En effet la séduction du Loup a trompé la fillette qui s’est sentie en sécurité : « De tous, les Loups sont les plus dangereux ».
Dans la version des frères Grimm, le costume traditionnel des femmes comporte une petite coiffe de velours qui varie de couleur selon l’âge et la condition de sa propriétaire.
Le Loup
Le personnage du Loup représente l’homme, le mâle. Il est fourbe, séducteur et manipulateur. Il charme la jeune fille une première fois lors de leur rencontre dans les bois, et une seconde fois en l’invitant dans le lit de la grand-mère. La fragilité de la fillette qui cueille des noisettes et court après les papillons tranche avec les actions du Loup : « Le Loup se mit à courir de toute sa force ».
La morale
Contrairement à l’histoire de Barbe Bleue, ici Charles Perrault termine sur la mort de la petite fille et de sa grand-mère, dévorées par le Loup. Cette fin contraste avec le schéma que l’on retrouve habituellement dans les contes pour enfants, où les héros s’en sortent et les antagonistes sont toujours punis. A travers ce récit, l’auteur condamne l’attitude des parents, irresponsables. L’enjeu de cette histoire est d’ailleurs plutôt de prévenir les jeunes femmes de l’ambiguïté des sentiments de l’homme envers elles.
Les frères Grimm quant à eux, ont modifié ce récit pour rétablir l’ordre moral, grâce au personnage du Chasseur. Ce dernier sauve l’héroïne et sa grand-mère en ouvrant le ventre du Loup. Cette version paraît préférable aux petites filles mais anéantit de ce fait les recommandations sans appel de Charles Perrault.
L’analyse du Petit Chaperon rouge et du Loup
Nota bene : cette interprétation de l’œuvre est certes la plus répandue, mais n’est pas unique. Il s’agit là d’une analyse principalement basée sur des travaux psychanalytiques (et donc non-scientifiques). Encore aujourd’hui, ce conte (et ses diverses itérations) continue d’être analysé par le prisme de disciplines comme la sociologie ou l’histoire.
Le conte met en opposition les principes de plaisir et de réalité. La fillette et sa grand-mère sont les deux principales figures féminines du conte. Le Loup, présent dans d’autres contes comme prédateur, est ici la figure du prédateur sexuel.
Le village et la maison de la grand-mère sont des endroits sûrs, chemin entre l’enfance et l’âge adulte. Pour arriver à destination, il faut emprunter un chemin semé d’embûches abritant le Grand Méchant Loup. La mère indique à la fille le « droit chemin » à suivre et la met en garde contre les mauvaises rencontres. L’héroïne, lors de sa rencontre avec le Loup, est la fois suspicieuse et fascinée. Elle fait mine de se débarrasser du Loup, mais elle lui donne en réalité toutes les indications pour que celui-ci trouve la grand-mère, et la mange… Arrivée à destination, la fillette voit bien que quelque chose ne va pas, mais finira tout de même dans le lit du Loup !
La symbolique de la couleur rouge
Le rouge symbolise les émotions violentes, et particulièrement celles qui renvoient à la sexualité. Il représente la puberté et renvoie au cycle menstruel. Le couvre-chef peut ainsi être considéré comme le symbole du transfert prématuré du pouvoir de séduction sexuelle au Petit Chaperon rouge.
Cette interprétation est cependant contestée par l’historien Michel Pastoureau. Il indique que la signification des couleurs était différente lors de la rédaction du conte : au XVIIe siècle, c’était le vert qui était associé à la sexualité. Le rouge avait une connotation plus religieuse, renvoyant même à la protection.
Le Petit Chaperon rouge symbolise le passage de l’enfance à l’adolescence de la jeune fille. Ce conte nous évoque la citation « l’homme est un loup pour l’homme » qui démontre que l’homme aura toujours ce côté bestial en lui, qui peut resurgir à tout moment, que ce soit par nécessité ou juste par plaisir. Cependant, chaque lecteur reste libre d’en tirer l’interprétation qu’il souhaite… C’est d’ailleurs pour cela que cette œuvre a connu de nombreuses adaptations depuis sa création. Et vous, quelle leçon tirez-vous du Petit Chaperon rouge ?
Excellente réflexion ! Fait du bien !!!
J’aime bien la chanson de Pierre Chêne – La fillette et le loup vous pouvez l’écouter sur You tube Elle se termine mal pour le loup tué par la fillette: Sur la route de Louviers
Galopait une fillette
Le loup m’aurait évitée
S’il avait lu les gazettes:
À l’époque des fusées,
Quand on va sur les planètes
Tous les contes du passé
Ne sont plus que des sornettes.