Le 26 avril 1986, un réacteur de la plus grande centrale du monde à l’époque, Tchernobyl, explose. Un drame qui ébranlera l’Europe, fera des morts et contaminera une large zone des pays alentour.
Explosion du réacteur numéro 4
Il est 1h23 du matin à la centrale électrique Vladimir Ilich Ulianov (Lénine). Une explosion se fait ressentir. Le 4ème réacteur de la centrale nucléaire vient d’exploser. La catastrophe, survenue le 26 avril 1986, libère alors un nuage radioactif.
La centrale de Tchernobyl se trouve en Ukraine, sur la rivière Pripyat. Elle est à 15 kilomètres de la ville de Tchernobyl, à 110 kilomètres de Kiev, capitale ukrainienne. La centrale est aussi très proche de la frontière biélorusse et à 670 kilomètres de Moscou. À l’époque, il s’agit tout simplement de la plus grande centrale du monde !
Après celles de Léningrad et Koursk, Tchernobyl est la troisième centrale sur le sol de l’Union soviétique. C’est la toute première et seule centrale nucléaire de type RBMK construite en Ukraine. Ce réacteur est destiné à la production industrielle d’électricité et à la production de plutonium.
Autour de cette centrale, construite en 1971, se construit une ville nommée Prypiat. Elle sert alors de lieu de résidence aux travailleurs de la centrale et à leurs familles.
Ce soir d’avril 1986, l’accident repose sur une combinaison de multiples facteurs qui se sont succédés. Le réacteur 4 avait des défauts de conception et d’installation. Mais un manquement à la sécurité, l’absence de système d’automatisation et des erreurs humaines se sont ajoutés à cela.
Toutes ces erreurs ont ainsi provoqué la hausse incontrôlée de la puissance du réacteur 4. Cela a conduit à une fusion du cœur et à son explosion, causée par la formation d’un mélange explosif entre de l’hydrogène et de l’oxygène. Dans l’atmosphère se dégagent d’importantes quantités d’éléments radioactifs, qui provoquent alors une large contamination de l’environnement.
L’ampleur du drame
Le bâtiment qui abritait le réacteur se retrouve sévèrement endommagé. L’émission dans l’environnement d’une quantité considérable de substances radioactives durera 10 jours. Il s’agit donc de l’une des plus grandes catastrophes de l’énergie nucléaire que la terre ait connue. Tout comme Fukushima en 2011, Tchernobyl a été classée au niveau 7, le niveau le plus élevé de l’échelle internationale des événements nucléaires. Mais par ses impacts environnementaux, l’accident dépasserait même celui de Fukushima.
La radioactivité dégagée par la centrale a touché une superficie d’environ 160 000 km². Des zones d’exclusion pour les opérations d’évacuation des habitants s’étalent jusqu’à 2 600 km² en Ukraine et 2 400 en Biélorussie. Plus de 200 000 personnes se trouvèrent définitivement évacuées.
Suite à l’accident, les gens se retrouvèrent exposés à la radiation par le biais, tout d’abord, du nuage radioactif et des substances déposées sur le sol. Ensuite, cette radioactivité s’est répandue à travers la consommation d’aliments contaminés et l’air respiré. Les plantes et les animaux ont été aussi fortement touchés, sur un rayon de 30 kilomètres autour du site. Une hausse de la mortalité et une baisse de la reproduction des animaux et plantes ont ainsi été observées. Encore aujourd’hui quelques anomalies génétiques sur les animaux et plantes de la région sont signalées.
Les chiffres des contaminations
Tandis que Greenpeace enregistre 100 000 contaminés, le comité scientifique des Nations Unies (UNSCEAR) n’avait à l’époque reconnu qu’une trentaine de victimes, notamment des pompiers et liquidateurs du site. Les rapports se sont enchaînés, sans qu’un chiffre précis ne puisse ressortir.
28 membres du personnel d’urgence sont morts du SIA, Syndrome d’Irradiation Aiguë. Dans les hôpitaux environnants, 15 patients sont décédés à la suite d’un cancer de la thyroïde. On estime que, sur les 600 000 personnes ayant subi les plus fortes expositions, environ 4 000 sont mortes.
Parmi les enfants et adolescents présents autour de l’explosion, des milliers ont développé un cancer de la thyroïde dû à l’iode radioactif. On dit qu’ils ont bien été traités et que 99% d’entre eux ne sont pas morts.
Parmi les travailleurs exposés à de fortes doses de radiation, l’explosion a contribué à une augmentation du nombre de cas de leucémies, de cancers sévères, de maladies cardiovasculaires ou bien de cataractes.
Tchernobyl, ces dernières années
Ce n’est qu’en novembre 2011 que la structure de l’arche étanche de Tchernobyl, et de ses ponts roulants, est approuvée. Cette structure métallique présente une forme d’arche de 108 mètres de haut et 162 mètres de large. Elle assure le confinement des matières radioactives, ainsi que la protection du premier sarcophage dégradé. Bien sûr, elle assure aussi la protection des travailleurs du site. L’arche abrite des ateliers destinés à décontaminer, démanteler et conditionner les matériaux radioactifs, ensuite évacués vers un futur lieu de stockage.
La structure, achevée en décembre 2018, est opérationnelle et équipée en janvier 2019, puis mise en service au mois de juillet. Les zones environnant l’ancienne centrale sont interdites au public. Cependant, des visites guidées réglementées et contrôlées sont effectuées depuis la fin des années 2000.
Le 8 décembre 2016, l’Assemblée générale des Nations unies a décidé de proclamer le 26 avril Journée internationale du souvenir de la catastrophe de Tchernobyl. Elle est donc célébrée chaque année depuis 2017.
Le 27 mars 2022, un incendie s’est déclaré près de la centrale nucléaire. Sous contrôle russe depuis l’envahissement de l’Ukraine par ces derniers, les Nations unies ont appelé à la démilitarisation de la zone.
À cause de cet incendie, des radionucléides s’échappèrent dans l’atmosphère, ensuite transportés sur de longues distances par le vent. L’événement entraîne un risque de radiations en Ukraine, en Biélorussie, ainsi que dans les autres pays européens.
Actuellement, plus de 5 millions de personnes résident dans la région considérée comme « contaminée ». Environ 100 000 personnes résident à proximité de l’ex-centrale nucléaire et reçoivent tous les jours une dose de rayonnement radioactif supérieure à la limite recommandée.
Sources :