Le centre de la Terre ralentit. Il serait en train de changer de vitesse, et ce changement questionne les chercheurs. Quels impacts cela va-t-il avoir sur notre planète ?
La découverte du ralentissement de notre noyau provient d’analyses faites sur les séismes qui ont eu lieu ces trente dernières années. La découverte est pour le moins déconcertante, comme le révèle John Vidale, professeur de sciences de la terre qui enseigne à l’Université de Californie du Sud.
« Lorsque j’ai vu pour la première fois les sismogrammes qui indiquaient ce changement, j’ai été déconcerté. »
Le professeur avait commencé à analyser les séismes de ces trois dernières décennies dans le but de répondre à une question qui depuis longtemps fait débat au sein de la communauté scientifique : le noyau de la terre tourne-t-il plus vite ou moins vite que la planète ?
Avec son collègue de l’académie chinoise des sciences, Wei Wang, ils se sont ainsi mis à étudier la rotation du centre de la Terre à travers les données récoltées des séismes de ces trente dernières années. Puisqu’en effet, le noyau de la Terre se trouvant à environ 5 000 km sous sa surface, aucune observation directe n’est possible. Son étude se fait ainsi à travers des phénomènes que l’on retrouve à la surface et qui sont influencés par le noyau.
L’étude d’un phénomène invisible
Ainsi, pour étudier la vitesse du noyau de la Terre, les deux chercheurs se sont penchés sur les séismes répétés, qui se produisent au même endroit et qui créent des données (sismogrammes) identiques. Grâce à ces phénomènes, il est possible de recréer le déplacement du noyau interne de notre planète.
Dans le cas de l’étude menée par John Vidale et Wei Wang, les analyses se sont concentrées sur l’activité sismique des îles Sandwich du Sud, situées dans le sud de l’océan Atlantique. Les données analysées regroupent environ 121 séismes qui ont été enregistrés pendant plus de trente ans, entre 1991 et 2023.
« Lorsque nous avons trouvé deux douzaines d’observations supplémentaires signalant le même schéma, le résultat était inéluctable. Le noyau interne avait ralenti pour la première fois depuis de nombreuses décennies. D’autres scientifiques ont récemment défendu des modèles similaires et différents, mais notre dernière étude apporte la solution la plus convaincante. »
John Vidale, professeur à l’université de Californie du Sud.
Quelles sont les causes et les conséquences ?
D’après le chercheur américain, ce ralentissement serait dû au brassage du noyau externe (liquide) qui entoure le noyau interne (solide), mais aussi aux forces gravitationnelles venant du manteau rocheux de notre planète.
Le mouvement du noyau interne joue notamment sur la vitesse à laquelle notre planète tourne. Ce ralentissement influence par conséquent la rotation de la Terre sur elle-même, qui ralentit aussi, rallongeant par la même occasion la durée des journées. Mais pour le moment, pas d’inquiétude, ce ralentissement n’a pas d’effet que l’on peut percevoir réellement puisqu’en effet, la durée de la rotation n’a été rallongée que de l’ordre du millième de seconde.
Ainsi, le ralentissement du noyau terrestre, révélé par l’analyse des séismes des trois dernières décennies, soulève de nouvelles interrogations pour la science. Même si aujourd’hui l’impact du phénomène n’est que minime, il est important, pour la compréhension de notre planète et pour les futurs impacts d’un ralentissement plus conséquent, d’étudier le phénomène. En tout cas, la découverte faite par les chercheurs John Vidale et Wei Wang permet de mieux comprendre les dynamiques internes de la Terre.
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