La bataille d’Alcantara eut lieu le 25 août 1580, dans les environs de Lisbonne. Elle prend place dans le contexte de la crise de succession liée à la disparition de Sébastien Ier, en 1578, et de Dom Henrique de Aviz, en 1580. La bataille d’Alcantara est une victoire de Dom Fernando de Alvarez de Tolède, duc d’Albe.
Une succession ouverte
La disparition de tous les membres mâles de la dynastie des Aviz, qui règne sur le Portugal de 1385 à 1580, ouvre une période de crise successorale. Plusieurs candidats, faisant partie de près ou de loin de la famille royale, prétendent alors au trône :
- Ranuccio Farnèse, âgé de 11 ans, fils de Maria de Portugal, fille de Dom Duarte de Portugal, duc de Guimarães, petite-fille de Manuel Ier.
- Dona Catarina de Portugal, duchesse de Bragance, seconde fille de Dom Duarte de Portugal, sœur de Maria de Portugal.
- Philippe II, roi d’Espagne, fils d’Isabelle de Portugal, fille de Manuel Ier.
- Dona Maria de Austria, impératrice du Saint-Empire, sœur de Philippe II.
- Emmanuel-Philibert de Savoie, fils de Dona Béatrice de Portugal, fille de Manuel Ier.
- Dom João Ier, duc de Bragance, marié avec Dona Catarina de Portugal.
- Dom Antonio, prieur de Crato, fils illégitime de Dom Luis de Aviz, fils de Manuel Ier.
De toutes les candidatures, seul Dom Antonio descend de Manuel Ier par la lignée masculine. Mais malgré ce lien plus direct, sa naissance illégitime rend sa candidature plus fragile et moins légitime. De plus, l’absence de soutien de la part de la grande noblesse prive Dom Antonio de moyens financiers et militaires.
Un échec total, menant à la bataille d’Alcantara
Rapidement, deux candidats se détachent par l’abandon des droits de certains et le ralliement des autres, mais tous en faveur du premier candidat qui démontre la plus grande richesse et puissance :
- Philippe II, roi d’Espagne, fils d’Isabelle de Portugal, fille de Manuel Ier.
- Dom Antonio, prieur de Crato, fils illégitime de Dom Luis de Aviz, fils de Manuel Ier.
La bataille d’Alcantara prend place dans ce climat de division et de crise. Le conflit implique les forces de Dom Antonio, composées principalement de milice, paysans, artisans et petite noblesse, à l’exception du ralliement du comte de Vimioso. En face, se trouve l’un des plus grands capitaines militaires du XVIe siècle, Don Fernando Alvarez de Tolède, duc d’Albe, qui aligne des vétérans des guerres des Flandres, déjà sous son commandement, et des soldats de métier.
La bataille d’Alcantara se déroule, en 1580, entre les forces de Dom Antonio, dernier représentant mâle de la dynastie Aviz, et les armées de Philippe II, commandées par Fernando Alvarez de Tolède, duc d’Albe.
La bataille d’Alcantara : le fruit d’une crise de succession
La bataille d’Alcantara se déroula donc durant la crise de succession portugaise suivant la mort de Dom Henrique de Aviz, cardinal roi de Portugal, dernier représentant légitime de la lignée issue de Manuel Ier, entre le roi d’Espagne descendant de ce dernier par sa mère Isabelle de Portugal, mariée avec l’empereur Charles Quint, et Dom Antonio, fils illégitime de l’infant Dom Luiz de Aviz, fils de Manuel Ier.
Cette crise successorale débute à partir de 1578, lors de la disparition de Sébastien Ier dans les sables du Maroc durant la bataille d’Alcacer Quibir, laissant son oncle monter sur le trône. Mais un cardinal ne pouvant avoir d’enfant, le Portugal, et surtout la noblesse, doit choisir entre plusieurs, dont deux se détachent rapidement : Philippe II roi d’Espagne, qui rêve de réaliser l’Union ibérique à son profit, et Dom Antonio, prieur de Crato, espérant refaire l’exploit de João Ier, fondateur de la dynastie Aviz et vainqueur de la précédente crise successorale en 1383-1385.
Cependant, Dom Antonio démontre plusieurs points faibles. Le rapport de force est clairement en faveur du duc d’Albe se trouvant à la tête des vétérans qui se sont battus en Flandre sous ses ordres. Avoir des soldats ayant déjà servi sous ses ordres lui offre une meilleure coordination et une rapidité d’action plus grande.
De plus, l’armée venue de Flandre est aguerrie par plusieurs années de guerres avec l’unité d’élite les Tercios, associant la puissance des feux des arquebuses à une organisation technique qui regroupe les trois armes : infanterie, cavalerie et artillerie.
Une Union ibérique
L’armée de Dom Antonio est décimée. Elle est ainsi forcée de s’enfuir en direction de Porto avec l’intention de rassembler ses troupes pour une contre-attaque. Mais une nouvelle fois, cela se solde par une destruction lors de la bataille de Porto. Ainsi, à la fin de 1580, la majeure partie du territoire portugais passe sous le contrôle de Philippe II.
L’Espagne et le Portugal s’unissent en 1581, suite aux Cortes de Tomar, dans une union personnelle des couronnes, mais restant formellement indépendants avec des administrations autonomes, pendant soixante ans jusqu’en 1640.
Sources :
- Valladares, La conquista de Lisboa, Madrid, Marcial Pons, Ediciones de Historia, 2008.
- Suarez Inclan Julián, Guerra de Anexión en Portugal Durante el Reinado de D. Felipe II, 2 vols, Madrid, 1897.
- Cristovão de Portugal, Briefve et sommaire description de la vie et mort de Dom Antoine, premier du nom et dix-huitième roy de Portugal, BNF, Paris, 1629.
- Pando Fernández de Pinedo Manuel, Vida del general español D. Sancho Davila y Daza, Madrid, 1857.
Super article, on apprend plein plein de choses dont on ne parle nul part. J’adore, on en veut plus de cette auteur