Le 14 juin 1940, alors que les nazis submergent la France, le cheval du futur maréchal Leclerc, Iris XVI, est fusillé. Motif d’un tel geste : « acte de résistance. »
Philippe Leclerc de Hauteclocque était instructeur de cavalerie. Si ce nom est peut-être peu parlant, c’est parce qu’il est plus connu sous l’appellation « maréchal » ou « général » Leclerc, symbole de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, officier téméraire considéré comme un acteur majeur de la libération du pays.
C’est en 1936 que l’histoire commence. Le futur maréchal Leclerc, jeune formateur en cavalerie à l’École militaire de Saint-Cyr, jette son dévolu sur un bel équidé : Iris XVI, âgé de cinq ans. Il veut en faire son compagnon d’armes. En garde : ce cheval, aussi tête brûlée que son nouveau cavalier, a un tempérament fougueux, coriace, réputé pour désarçonner tous ceux qui mettent le pied à l’étrier. Leclerc ne fait pas exception. Une chute sévère lui infligea un tibia fracturé, des séquelles indélébiles et une canne qu’il garda toute sa vie.
Toutefois, Iris XVI a plus d’un tour sous sa selle. À l’aube de la guerre, le cheval rafle tous les prix sur les champs de courses, spécialisé dans le steeple-chase. Il rencontre de nombreux succès, notamment à l’hippodrome de Maisons-Laffitte, dans les Yvelines, et devient une figure de son temps. Trop précieux, trop dangereux, Iris XVI est épargné in extremis d’être mobilisé comme cheval d’armes pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce à son prestige et à son caractère tempétueux.
Cela n’empêchera pas le cheval de subir les secousses de la guerre… Et d’un vieux rival des hippodromes.
Iris XVI, le cheval qui tue un soldat nazi
Les animaux n’ont pas été épargnés par les affres de la guerre. Maladies, armes dégainées, tanks chargés et gaz mortels en font des dommages collatéraux mis en première ligne. En France, la Grande Guerre a ainsi coûté la vie à près d’un million de chevaux. Dans la même lignée, le 14 juin 1940, des sabots innocents rencontrent la folie du second conflit mondial.
Alors que les chevaux de l’Ecole de Saint-Cyr sont évacués suite à un bombardement allemand, Iris XVI est transféré en Charente, après un long périple, au dépôt de Saintes. L’endroit est vite investi par un groupe de cavaliers nazis à partir de juin 1940. Parmi eux, l’officier aux commandes qui a vu son propre cheval, jadis, battu par Iris XVI lors d’une course.
Curieux et sans doute un peu rancunier, l’officier ordonne à l’un de ses soldats de harnacher l’animal, dans l’expectative de le monter. La catastrophe arrive au moment où, à peine l’officier passe-t-il la bride, Iris XVI rétorque par une ruade sèche et radicale. Le soldat meurt sur le coup. Furieux, le commandant réagit sans ménagement :
« Amenez douze hommes. Ce cheval sera fusillé. »
Quelques instants plus tard, Iris XVI est exécuté pour « acte de résistance. »
L’attachement du général Leclerc pour son cheval
En apprenant la disparition de son compagnon à quatre pattes, le général Leclerc aurait déclaré :
« Il était aussi patriote que son maître. »
Plus encore, le colonel de la Horie, officier de la deuxième division sous les ordres de Leclerc, est tué en novembre 1944. Une anecdote raconte qu’il serait mort à bord d’une Jeep baptisée Iris XVI. Quelques années plus tôt, La Horie, excellent cavalier, remportait une course à Maisons-Laffitte sur la selle du cheval qui en porte le nom.
La loyauté et l’affection de Leclerc pour son cheval n’ont jamais cessé. Comme un splendide souvenir immortalisé, l’unique portrait d’Iris XVI est précieusement conservé par la famille du général Leclerc. Celui-ci est accroché au mur du cabinet de travail, dans la demeure familiale à Tailly, près d’Amiens.
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