Gered Mankowitz : Jimi Hendrix, Kate Bush et les Rolling Stones pourraient devenir des œuvres d’art en 3D

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
7 Min Read

Un accord de plusieurs millions de livres pourrait transformer Jimi Hendrix, Kate Bush et les Rolling Stones en œuvres d’art en 3D. En effet, le photographe britannique Gered Mankowitz a cédé les droits de son travail à la société Iconic Images.

Un accord de plusieurs millions de livres

Une mine d’or à exploiter

Gered Mankowitz possède une galerie d’archives qui s’étend sur 60 ans. Le photographe, qui va sur ses 76 ans, a travaillé avec de nombreuses stars de la musique comme les Rolling Stones, Kate Bush, Jimi Hendrix, Slade ou bien Elton John. De fait, en cédant ses droits, il estime qu’il livrera l’héritage de son travail. Après tout, céder les droits de son travail n’est pas rare : des musiciens comme Bob Dylan ou Bruce Springsteen ont également vendu leurs droits pour de grosses sommes d’argent.

« Mon travail sera porté à de nouveaux niveaux que je n’aurais jamais pu espérer par moi-même. »

Gered Mankowitz (The Guardian)

Ainsi, il lègue à Iconic Images, une société qui appartient à Authentic Brands Group, ses dizaines de milliers de négatifs, transparents et numériques, avec, parmi eux, des clichés inédits. Concernant Iconic Images, elle est propriétaire des droits de certaines des stars de la musique et du sport. Par exemple, la société détient déjà des archives du photographe Terry O’Neill, ainsi que les droits de marque d’Elvis Presley, de Marilyn Monroe et de Muhammad Ali.

De la 2D à la 3D

Mais avec cet accord, Iconic Images compte bien essayer de nouvelles choses. Le travail de Gered Mankowitz est une mine d’or, dont ils ne sauraient se priver grâce aux avancées technologiques.

« L’intelligence artificielle me permet désormais de prendre six ou sept rouleaux de film négatif de Jimi Hendrix en studio et de les transformer en une œuvre d’art immersive en trois dimensions, ou même en une vidéo de 10 minutes. »

Robin Morgan, PDG d’Iconic Images (The Guardian)

Pour l’auteur Peter Fetterman, voir les droits de ses travaux exploités semble être le cauchemar de tout artiste qui se respecte. Lui qui pense que les héritiers des grands photographes sont toujours « incapables de préserver l’héritage ou même d’organiser les archives de manière professionnelle » a tout de même confiance en Iconic Images.

« Ils ne vont pas saccager l’imagerie en la mettant sur des baskets bon marché. Ils font de bons jugements. »

Un photographe proche de ses modèles

Proche des Rolling Stones

Gered Mankowitz n’a pas toujours été le photographe de renom qu’il est aujourd’hui. En effet, au début de sa carrière, l’industrie de la photo musicale n’était pas très bien réputée, ni même appréciée.

« Dans les années 1960, les pochettes d’album avaient tendance à être réalisées à partir de photographies qui existaient déjà. L’attitude générale était que les pochettes d’album n’étaient que des emballages. »

Mais tout cela changera dans les années 1960-1970. Par ailleurs, en 1965, il conceptualise une pochette d’album des Rolling Stones qu’il fait poser dans un petit espace triangulaire, dans un chantier extérieur entre des palissades. Cette photo sera la couverture de Out of Our Heads.

« A cette époque, les pochettes de disques n’étaient pas vraiment planifiées ou conceptualisées. Mais j’avais appris qu’il fallait composer une photographie qui se prêterait à être utilisée sur une pochette. Avec de la place pour le nom du groupe, le titre de l’album et – très important – le logo de la maison de disques. »

Pochette de l'album Out of Our Heads des Rolling Stones en 1965 - Cultea
Pochette de l’album Out of Our Heads des Rolling Stones en 1965 (Flickr/amadeusrecord)

Ainsi, les Rolling Stones demanderont à Gered Mankowitz de les accompagner en tournée pendant 6 semaines. De cette manière, il pouvait les prendre en photo sur scène et en dehors de la scène. Il a ensuite réalisé d’autres pochettes d’album comme celle de Between the Buttons.

Des séances au naturel

Ce qui primait dans l’objectif du photographe, c’était le naturel des stars qu’il prenait en photo. De fait, les séances photo se faisaient dans une ambiance détendue et intime.

« Pas de sécurité, pas de maquillage, de coiffure, de styliste et personne de la maison de disques. Ce genre d’accès et d’intimité était vraiment essentiel. »

Par ailleurs, il garde de bons souvenirs des personnes avec qui il a travaillé, comme lors de sa tournée avec les Rolling Stones. Il confie le moment où a été prise la photo énigmatique de la couverture de Between the Buttons.

« Je les ai traînés à Primrose Hill, parce que j’adorais le look qu’ils avaient – ce look débraillé, lapidé avec la gueule de bois. Je voulais capturer cela et y ajouter un filtre fait maison. »

Gered Mankowitz se souvient également d’avoir beaucoup ri avec Jimi Hendrix lors de deux séances photo, en 1967. Il se souvient de lui comme d’une personne modeste et qui parlait doucement.

« [Jimi Hendrix] appréciait le fait qu’il était pris au sérieux comme musicien solo. Je pense que cela transparaît dans les images. »

Ainsi, c’est avec toute cette galerie matérielle que Gered Mankowitz espère pouvoir faire revivre ses souvenirs. La technologie numérique pourrait apporter un nouveau souffle à ces instants capturés par la photo. C’est le travail de toute une vie qui a été confié à Iconic Images. On espère désormais qu’ils sauront en prendre soin et l’honorer comme il se doit.

 

Source :

Share This Article
1 Comment