Quarante ans après la mort de George Brassens, en 1981, les airs de ce pilier de la chanson française continuent de raisonner. Avec sa moustache, sa guitare ou sa pipe, l’image de Georges Brassens reste intemporelle, tout comme ses chansons.
Né en 1921 à Sète, il est initié très jeune à la musique. Adolescent, il rêve de devenir poète. Sa carrière débute en 1952, lorsqu’il a 30 ans et son premier 33 tours, La Mauvaise Réputation, donne le ton de sa carrière. Critique envers la bourgeoisie, la musique est interdite d’antenne. Car la particularité de Brassens est de chanter sa vision de la société. Il n’hésite pas à s’attaquer à des sujets tabous et polémiques comme dans Le Gorille qui dénonce la peine de mort. D’autres, beaucoup plus légers sont une ode à l’amour et à l’amitié comme Les Copains d’Abord.
Il travaille sur chacune de ses musiques avec rigueur et exigence, tel un poème. « Ce qui est difficile, c’est d’être content de soi » dit Brassens en 1963. Autodidacte, ses thèmes sont variés mais facilement identifiables à l’artiste. Avec ses airs de guitare et son phrasé, « ceux qui savent me devinent » explique-t-il. Poète, il trouve l’inspiration en lisant les œuvres incontournables de Paul Fort ou Louis Aragon, et les chante également. En 1964, Johnny Hallyday résume son talent : Brassens est « un des plus grands poètes de tous les temps« .
Son franc parler, son amour du verbe et sa liberté de parole séduisent de nombreuses générations. Chanteur populaire, il est proche des Français et les comprend, sans les différencier. Tous peuvent se reconnaître dans ses airs entraînants. En mars 1973, il déclare « je ne fais aucune différence entre un balayeur et un directeur ».
Brassens, éternel
Artiste prolifique, son œuvre comporte plus de 200 chansons. Il vend plus de 20 millions d’albums, ce qui constitue un record pour l’époque. En 1954 et 1967, les grands prix du disque et de poésie le récompensent à deux reprises pour ses airs à la frontière entre le jazz et le folk à la française.
Alliage parfait entre la culture classique et le monde populaire, il manie avec élégance la syntaxe à l’argot. Derrière son accent chantant, ses textes peuvent être compris à différents niveaux. Les enfants des années 1950 découvriront ensuite le sens caché et sulfureux de certaines de ses musiques quand ils grandiront.
Ce style, cette virulence et cette quête de liberté inspirent les nouvelles générations de chanteurs. Des artistes comme Renaud trouvent leurs sources dans le travail de Brassens. Aujourd’hui encore, il est chanté aussi bien à l’école que dans des évènements plus festifs. De nombreuses rééditions de ses tubes incontournables ont été vendues depuis sa mort et les nostalgiques peuvent même se procurer ses 33 tours. Il incarne finalement l’image de la France de nos grands-parents écoutant ses disques et même si nous ne connaissons pas tous ses titres, il y a forcément un air ou un refrain que nous pouvons fredonner.
Des hommages partout en France
A l’occasion du centenaire, de nombreux hommages sont organisés. Sète, sa ville natale, propose des festivités tout au long de la semaine avec des concerts et des expositions. C’est également l’occasion pour les fans d’aller se recueillir sur la tombe du chanteur. D’après l’assistante du conservateur du cimetière, « toute l’année, il n’y a pas un jour sans qu’une centaine de personnes viennent lui rendre hommage ».
Ce jeudi 21 octobre, France 3 a consacré une émission spéciale, tournée à Sète, pendant laquelle de nombreux chanteurs ont célébré l’artiste. Hommage ultime et chiffre éloquent, 147 établissements scolaires portent fièrement le nom de Georges Brassens.
Intemporel, « il n’est pas mort entièrement. Ses chansons sont tellement vivantes qu’elles font partie de nous » affirme Joël Favreau, guitariste et ami de Brassens. Finalement « Brassens est à la chanson française ce que Molière est au théâtre ou La Fontaine à la fable » comme le dit si bien Yves Uzureau.
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