Coupe du monde au Qatar : comprendre la polémique en 5 points

Coupe du monde au Qatar : comprendre la polémique en 5 points - Cultea

Ce n’est un secret pour personne, la Coupe du monde au Qatar, qui débute le 20 novembre prochain, défraie la chronique. Les plateaux télé s’agitent et les ONG de défense des droits humains s’indignent. Cultea vous aide à comprendre la polémique en cinq points. 

Des chantiers mortifères  

Le Qatar n’est pas un pays de footeux. Avant l’attribution de la Coupe du monde à ce petit pays du golfe, il n’y avait qu’un seul stade. Le Qatar ne dispose d’aucun championnat de football. Point de dimanche soir devant un match avec une petite bière (non, surtout pas, nous le verrons). Depuis 2010, année de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, le pays a construit sept gigantesques stades.

Pour compenser un manque criant de main-d’œuvre, la pétromonarchie a fait appel à des migrants venant notamment du Bangladesh, du Népal et des Philippines, mais aussi d‘Afrique de l’Est. Lorsque ces derniers arrivèrent au Qatar, ils se trouvaient dans une très grande détresse, à la fois financière et psychologique. Ils furent dès lors livrés à des patrons peu scrupuleux.

Les ONG de défense des droits humains dénoncent les conditions de vie et de travail indignes des ouvriers. Dans plusieurs articles postés sur son site Internet, Amnesty International proteste contre :

  • La sous-alimentation des ouvriers
  • Des logements insalubres 
  • Des salaires bas et distribués très tardivement 
  • Des journées de travail à rallonge sous 40 degrés 
  • Des menaces, des insultes de la part des employeurs 
  • L’interdiction pour les travailleurs migrants d’adhérer à un syndicat

Difficile, voire impossible, pour les ouvriers de démissionner. En effet, jusqu’en 2020, le système de la Kafala régissait le code du travail qatari. Pour faire simple (on vous avait promis de la concision), les travailleurs dépendent entièrement de leurs employeurs. Nombre de migrants se sont par exemple vus confisquer leur passeport. Ajoutons à cela que l’application de l’abolition de la Kafala est très lente.

Les médias occidentaux parlent également de milliers d’ouvriers étrangers décédés sur les chantiers. Précisons d’abord qu’il est très compliqué d’établir un bilan chiffré précis, en raison notamment de l’absence d’enquête des autorités qataries. Toujours selon Amnesty International, 15 000 migrants auraient trouvé la mort.

Un coût écologique exorbitant

A l’heure où les rapports du GIEC sont plus alarmants les uns que les autres, l’organisation d’une Coupe du monde dans un pays chaud et désertique fait grand bruit. Là encore, il est très difficile de déterminer précisément l’empreinte carbone de cette Coupe du monde. Elle devrait être de 3.5 millions de tonnes d’émissions de CO2, selon la FIFA. Mais, selon l’ONG écologiste Carbon Market Watch, ce chiffre est loin d’être crédible.

Toujours est-il que les autorités qataries se sont engagées à compenser les émissions par le crédit carbone. Le principe est simple : pour compenser les émissions de la Coupe du monde, le Qatar doit investir dans des projets qui permettent d’absorber du CO2.

En automne et en hiver, les températures moyennes avoisinent les 25 degrés. Ce ne sont pas des conditions météorologiques propices à la pratique du football, n’en déplaise à celles et ceux qui rêvaient déjà de se rincer l’œil devant des joueurs couverts de transpiration. Les organisateurs ont donc fait installer des climatisations géantes dans chacun des huit stades du Qatar.

Enfin, le Qatar est un tout petit pays où il y a de facto très peu d’hébergements. La moindre chambre d’hôtel s’avère très coûteuse. Beaucoup de spectateurs de la Coupe du monde logeront donc dans des pays voisins, à Dubaï notamment, où l’alcool est autorisé. 160 trajets aériens seront assurés entre Doha, la capitale du Qatar, et les Etats frontaliers chaque jour de la compétition. Des voix toujours plus nombreuses s’élèvent ainsi contre ce dispositif, aux antipodes de la fameuse sobriété que l’on nous sert chaque jour à toutes les sauces.

La question des droits des femmes et des minorités sexuelles s’invite dans la Coupe du monde au Qatar

Le Qatar n’est pas le champion de l’inclusivité. Dans ce petit pays du golfe, il ne fait pas bon être une femme ou appartenir à la communauté LGBTQIA +. Dans un épisode consacré à la Coupe du monde au Qatar, le podcast L’Heure du Monde souligne que le pays applique une version édulcorée du Wahhabisme, le courant le plus rigoriste de l’islam. Par exemple, l’alcool est autorisé dans les hôtels et les femmes peuvent conduire.

L’ONG Humans Rights Watch a publié un rapport sur la situation politique, économique et sociale des Qataries à partir de témoignages. Le texte précise en premier lieu que « les femmes au Qatar ont réussi à renverser des barrières et obtenu des progrès significatifs dans des domaines comme l’éducation« .

Soulignons cependant que les femmes qataries dépendent toujours d’un tuteur à qui elles doivent demander une autorisation pour se marier ou pour étudier à l’étranger. Il est également difficile pour une femme de divorcer. Toujours selon Humans Rights Watch, les femmes qui souhaitent travailler dans un ministère, dans une école ou dans une université doivent aussi solliciter l’accord de leur tuteur.

Dans une tribune publiée dans le quotidien Ouest-France le 9 novembre dernier, plusieurs associations, dont SOS Homophobie et Amnesty International, ont tenu à rappeler que le Qatar « persécute, emprisonne et torture les personnes LGBT+, les privant de leurs droits les plus fondamentaux. » Dans un rapport, Humans Rights Watch montre, à travers six exemples, que la communauté LGBTQIA + qatarie est loin d’être en sécurité. Une femme bisexuelle a même été torturée en prison jusqu’à perdre connaissance.

Au Qatar, l’homosexualité est en effet passible de sept ans de prison. L’émir a tenu à préciser que tous les spectateurs étaient les bienvenus. Pourtant, dans une interview diffusée à la télévision allemande, l’un des ambassadeurs de la compétition a qualifié l’homosexualité de « dommage mental ».

Des libertés individuelles limitées 

Côté libertés individuelles, le Qatar peut mieux faire. La liberté d’expression est restreinte. La pétromonarchie a particulièrement muselé les voix dissidentes de la main-d’œuvre migrante.

Dans son rapport sur l’état des droits humains au Qatar, Amnesty International donne l’exemple de Malcolm Bidali, militant kényan pour les droits des migrants au Qatar. Ce dernier est arrivé en 2018 pour, comme tant d’autres, participer aux travaux et gagner de l’argent. Mais il se rend très vite compte que ses conditions de vie et de travail sont inhumaines. Il décide alors de raconter anonymement son quotidien sur un blog, dans l’espoir d’éveiller les consciences. En 2021, les autorités qataries finissent par découvrir son identité. Emprisonné pendant près d’un mois, le blogueur a ensuite été expulsé.

Des soupçons de corruption pèsent sur la Coupe du monde au Qatar

En 2010, le Qatar disposait de la plus mauvaise évaluation technique parmi tous les pays candidats à l’organisation de la Coupe du monde 2022. Alors, comment se fait-il que le pays du golfe ait finalement été choisi ? Le mystère n’est pas resté entier très longtemps.

Le Qatar aurait acheté la voix de Michel Platini, ancien footballeur français et accessoirement président de l’UEFA à l’époque, lors d’un déjeuner organisé par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. En échange du soutien de la France, l’émir du Qatar s’engageait à commander des Rafales, tandis que le fonds d’investissement Qatar Sports Investment rachetait le Paris Saint-Germain et offrait un emploi au fils de Michel Platini.

Les appels au boycott se multiplient. Le malaise est également politique. Emmanuel Macron a lui-même annoncé qu’il ne se rendrait au Qatar que si l’équipe de France atteignait les demi-finales. 

 

Sources :

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