Au Kazakhstan, une tendance s’inscrivant dans un mouvement de prohibition s’étend de plus en plus dans tout le pays. En effet, le ministère de l’Intérieur du Kazakhstan décompte une centaine de localités dites « sobres » et le phénomène semble s’accélérer, pour gagner de plus en plus de villages. L’initiative serait officiellement partie de la population et en majorité proposée par les anciens du village.
L’alcool n’est donc pas légalement interdit comme ce fut le cas aux Etats-Unis pendant les années 20, pourtant les habitants suivent en majorité ce mouvement de sobriété, peut-être dû au poids du jugement de la communauté qui peut dissuader certains d’en consommer.
« Le seul magasin qui vendait de l’alcool a fermé il y a quelques années, faute de demande des habitants. »
Affirme Baouyrjan Joumagoulov, maire de Karakoudouk l’un des villages sobres
Une initiative de fermer qui serait donc venu du marchand bien que le maire lui ait « conseillé » de ne pas renouveler sa licence de vente. Dans d’autres villages, c’est par la force que le mouvement de sobriété s’est imposé. Comme à Abaï où les habitants ont cassé les bouteilles d’alcool en vente.
Mais pourquoi le Kazakhstan veut-il se débarrasser de l’alcool ?
L’alcool est un fléau dans le pays. D’après les autorités du Kazakhstan, c’est la cause majeure des divorces et dans la moitié des cas, de violences conjugales. Parmi ces fléaux, on compte aussi le nombre de cas de délits et crimes commis en état d’ébriété, et les 90 000 personnes officiellement recensées comme étant alcooliques, ce qui correspond quand même à 0,5 % de la population.
En plus des initiatives prises par les habitants, certaines mesures ont été mises en place par le gouvernement. Parmi elles, on cite l’interdiction de vendre de l’alcool, des boissons énergisantes et du tabac au moins de 21 ans.
Les effets bénéfiques de cette prohibition sont vantés dans les médias, de façon propagandiste, reprenant les déclarations des autorités et affirmant que la délinquance a disparu dans les villages sobres, que le « taux de criminalité est nul » que « les jeunes du village mènent un mode de vie sain. »
Et pour dissuader toute personne de vouloir acheter et de rapporter de l’alcool dans une ville où la boisson est encore autorisée, le commandant de la ville de Karakoudouk, monsieur Kalelov rappelle aux jeunes qu’une amende de l’équivalent d’environ 35 euros peut être donnée pour ivresse sur la voie publique. Interrogés par l’AFP, les villageois se disent heureux de ce mouvement de sobriété.
« Boire n’apporte rien de bon. Les jeunes doivent se tenir loin de l’alcool. »
Dit Maksat Bitebaïev à l’AFP
Néanmoins, les journalistes étaient accompagnés de service de sécurité. Bien que ce protocole soit courant en Asie centrale, il peut potentiellement influencer les réponses des villageois. En attendant, tout le monde semble se mettre à la sobriété et les plus âgées montrent l’exemple.
« Avant, on prenait de la bière, l’été quand il faisait chaud. »
Serik Bakhaev à l’AFP
Cette privation permet d’augmenter la vente d’autres boissons telles que le koumys, fait à base de lait de jument fermenté.
« On le vend partout, les magasins nous en achètent et des clients viennent de Karaganda. »
Raconte Indira Eguenberdieva la fermière qui brasse le lait.
Ainsi, même si au Kazakhstan « l’initiative citoyenne » semble être poussée et prêchée par le gouvernement et les autorités (le pays reste un régime autoritaire), la limitation de la consommation de l’alcool dans le pays permet aux boissons plus locales et traditionnelles d’émerger sur le marché. Et avec les nombreuses études montrant les méfaits de l’alcool sur la santé, mais aussi sur les comportements sociaux, ce mouvement de sobriété peut que permettre au Kazakhstan de régler certains des fléaux du pays.
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