« CODA » : comment le remake de « La Famille Bélier » a enchanté les Oscars

Le mercredi 27 mars dernier, CODA a raflé trois prix lors de la cérémonie des Oscars. Le film, une reprise très attendue de La Famille Bélier, remet aussi au goût du jour le concept du remake, qui abonde dans le cinéma américain.  

Tout le monde a une histoire. Mais, parfois, celle-ci nous met au défi ; le défi de nous confronter à qui nous sommes. Si CODA a autant touché son public, c’est sans doute pour l’émotion universelle qui se propage dans le film : l’amour, celui qui vit sous la peau, celui qui circule dans les veines et jusque dans les liens du sang. Le scénario s’attache à la famille Rossi, une famille dont tous les membres sont atteints de surdité. Tous sauf Ruby, lycéenne, qui se passionne pour le chant mais qui ne voit aucun moyen de concilier ses rêves avec ses responsabilités familiales.

Bande annonce officielle de CODA. Le film est disponible sur la plateforme Apple TV+.

« Voir mes mots devenir des signes m’a vraiment fait réfléchir au choix de mes expressions. J’ai aussi appris à moins parler et à moins remplir le vide pour combler les silences. » Sian Heder, réalisatrice de CODA, lors d’un entretien au Figaro

Le succès est tonitruant. En plus de son triomphe à la cérémonie des Oscars – il a notamment remporté la statuette décisive du meilleur film – CODA a en effet rencontré d’autres réussites. D’abord présenté en 2021 au Festival de Sundance, le film est reparti avec quatre récompenses prestigieuses, dont le grand prix du jury et le prix du public. L’enthousiasme s’est par ailleurs répandu à l’international, comme à Londres le 13 mars dernier, où CODA s’est vu remettre deux autres prix – meilleur acteur dans un second rôle et meilleur scénario adapté – aux BAFTA Awards.

CODA est le remake très fidèle du film français La Famille Bélier, sorti en 2014, qui lui aussi avait rencontré l’engouement des spectateurs avec plus de 7,4 millions d’entrées. La douceur fébrile et rayonnante de Louane, qui incarne le personnage principal, s’était même vue attribuer le César du meilleur espoir féminin. A la différence de la version française, toutefois, CODA s’illustre sur un détail : le casting du film est presque intégralement malentendant. Marlee Matlin, qui joue la mère de Ruby, est d’ailleurs la première actrice sourde à avoir été oscarisée, pour sa prestation dans Les Enfants du silence, sorti en 1986.

Les remakes, un « flash-back » à la mode

Se réapproprier le scénario d’un film à succès n’est pas toujours chose facile. Il est effectivement complexe de trouver un équilibre entre créativité et fidélité conforme envers la version originale. Certaines œuvres parviennent cependant à écarter les pièges, à l’instar de L’Armée des 12 singes, réalisé par Terry Gilliam en 1996. Bruce Willis prête ses traits au personnage de James Cole dans ce joyau de science-fiction qui, avant tout, est une adaptation du sublime court-métrage La Jetée de Chris Marker.

Bande annonce de L’Armée des 12 singes, réalisé par Terry Gilliam.

Pour s’inspirer des créations françaises, les Etats-Unis n’en sont pas à leur premier coup d’essai. La dernière décennie a ainsi vu sur grand écran Sous un autre jour, la version américaine d’Intouchables, qui se cantonne au film original tout en le recontextualisant dans les quartiers de New York. D’autres œuvres, bien moins accueillies par le public et les critiques, ont également tenté leur chance, comme The Diner et New York Taxi, les remakes respectifs de Le Dîner de cons et de la célèbre saga Taxi. 

Dans une interview accordée à Le Journal du Dimanche, Philippe Rousselet, le producteur de CODA et de La Famille Bélier, dévoile avoir « envie de refaire Demain tout commence et même Radin, avec Dany Boon. » Les films français ne semblent pas avoir fini d’insuffler de nouvelles idées.    

Sources : 

Page de CODA sur Metacritic

« Oscars 2022 : qui est Troy Kotsur, révélation de CODA et premier acteur masculin sourd à être récompensé ? », AlloCiné

Box Office 2014 en France, AlloCiné

« CODA, une success-story inspirée de « La Famille Bélier », Les Echos