C’est quoi la protéomique, cette science qui aide à comprendre l’histoire ?

Les progrès de la science nous permettent de toujours mieux comprendre le monde qui nous entoure… Et parfois celui du passé. L’alliance de la biologie et de l’archéologie est une avancée majeure pour connaître notre histoire. Indispensable quand les restes génétiques ne subsistent pas. La protéomique est une de ces sciences qui permettent de comprendre le mystère de certaines dépouilles.

La protéomique, c’est quoi cette science ?

En biologie, la protéomique étudie les protéines produites par un organisme, un tissu ou une cellule, à un moment donné. Elle cherche à comprendre les structures et le fonctionnement des protéines dans un système biologique. La protéomique joue un rôle essentiel dans la recherche, elle permet notamment de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de nombreuses maladies. Les chercheurs en protéomiques utilisent plusieurs méthodes empruntées à la physique et à la chimie (spectrométrie de masse, électrophorèse, chromatographie…). Celles-ci leur permettent d’identifier et de quantifier les protéines présentes dans un échantillon. Les scientifiques peuvent aussi détecter des modifications post-traductionnelles (des altérations de la protéine), qui affectent leur fonction au sein de l’organisme.

Déterminer le sexe : la dame d’Ivoire en Espagne

Les archéologues utilisent la protéomique pour analyser leurs découvertes. En effet, Marta Cintas-Peña, archéologue à l’université de Séville, publie en juillet 2023 ses recherches sur la dépouille d’une tombe près de Séville. Datée d’il y a 4200 à 5200 ans, cette tombe est l’une des plus somptueuses de l’âge du bronze ibérique. Elle a été découverte en 2008 à Valencina de Concepción. D’abord supposée être la dépouille d’un homme entre 17 et 25 ans, l’étude de l’émail des dents a mis en évidence l’absence de protéines produites par un porteur de chromosome Y. Ceci démontre alors qu’il s’agissait d’un individu porteur des chromosomes XX, une femme donc, du point de vue biologique ! L’équipe de chercheurs met en évidence la position sociale de cette femme qui, visiblement, était très en vue à son époque. Par ailleurs, dans la région ce genre d’inhumation luxueuse ne concerne que des femmes. De tels résultats viennent remettre en question les rôles sociaux et politiques qu’on prête aux femmes du passé. Dans la péninsule ibérique à l’âge du bronze, les femmes aussi étaient des cheffes.

Illustration de la chambre funéraire et principaux artefacts inclus dans l’offrande. Miriam Luciañez Triviño.

Déterminer le sexe : les enfants sacrifiés au Pérou

Gabriel Prieto, archéologue péruvien, a utilisé la même technique pour déterminer le sexe d’enfants victimes d’un sacrifice de masse au Pérou. Les Chimús, un peuple ayant prospéré au Pérou du XIe au XIIIe siècles, auraient subit de plein fouet les perturbations météorologiques d’El Niño (quelque part entre 1400 et 1470). Supposément pour prier les dieux de mettre fin au déluge, les Chimús auraient massivement sacrifié des enfants (250) et des animaux. L’analyse de l’émail des dents a pu là-aussi prouver le sexe des dépouilles : des garçons principalement. Rechercher l’ADN de tous ces individus aurait été trop long, Néanmoins, la protéomique a permis d’obtenir des informations similaires.

La protéomique plutôt que l’ADN, traces de l’histoire

Les analyses d’ADN en archéologie permettent d’obtenir des informations détaillées sur l’individu étudié. Cependant, le processus est plus coûteux et parfois chronophage que la protéomique. De plus, il est plus souvent facile de trouver des protéines que de l’ADN. C’est Glendon Parker, chercheur à l’université de Davis en Californie, qui l’explique simplement :

« C’est une constante, si vous avez de l’ADN, vous aurez des protéines, affirme-t-il. Mais si vous avez des protéines, vous n’avez pas forcément d’ADN. »

Les protéines sont plus stables et mieux préservées dans des ossements que dans l’ADN. La protéomique est donc une méthode très efficace, au moins pour déterminer le sexe de restes humains.

De plus, la protéomique peut être utilisée pour identifier les restes d’anciennes maladies comme la lèpre ou la peste, et ainsi comprendre leur cheminement et leur progression. Mais aussi pour reconnaître les fibres utilisées dans le textile, trouver des résidus de nourriture, etc. qui livrent des indices sur le commerce ou les professions de l’époque.

 

Sources :

One Reply to “C’est quoi la protéomique, cette science qui aide à comprendre l’histoire ?”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *