ARTE nous parle de ses productions et de son implication dans le jeu vidéo (PGW 2025)

Lors de la Paris Games Week 2025, au stand Game France, ARTE possédait un espace pour présenter quelques jeux. ARTE vacille entre position d’éditeur et de développeur. Des jeux cosmopolites, indépendants, parfois troublants. Si on a cette image d’ARTE qui donne accès à la culture cinématographique, sérielle et politique, il n’est pas vraiment surprenant de les voir s’attaquer à ce qui est souvent considéré comme le 8ème (parfois 9ème) art.

On ne le savait honnêtement pas avant de venir à leur rencontre, mais ils sont sur le marché du jeu vidéo depuis maintenant 13 ans. Si notre esprit était surpris, peut-être injustement fermé à la fusion des arts amorcée par une si grosse production que l’on estime beaucoup depuis longtemps pour ce qu’elle a apporté à notre culture et au paysage français, on est presque soulagé de voir leur implication dans un art qui mérite qu’on déconstruise les clichés qui l’entourent et qui possède un impact émotionnel fort à travers son interactivité.

Nous sommes allés à la rencontre de Marianne Levy-Blond, directrice artistique de l’unité Créations Numériques, et de Diana Stoica, cheffe de projet publishing. Elles ont répondu à nos questions sur l’industrie et l’implication d’ARTE dans celle-ci.

On édite depuis 2017 et il y en a aujourd’hui à peu près 20 de publiés. On en publie 3 à 4 par an. En fait, on les co-produit dans un système pas très typique du jeu vidéo. On travaille avec des studios indépendants, on contribue à les financer et on les édite par ailleurs.

– Marianne Levy-Blond

Est-ce que c’est forcément du jeu vidéo français ? 

Pas que français. On a commencé essentiellement par travailler avec des studios français, mais on devient de plus en plus européen de ce point de vue là. Tom the Postgirl*, c’est un jeu suisse, les autres qui sont ici… Celui-là est belge, français et argentin. Et on travaille avec des Suédois, des Serbes…

– MLB

On est ouvert à toute l’Europe.

– Diana Stoica

*Un test de Tom the Postgirl est à venir sur le site. 

Combien de jeux présentez-vous à la Paris Games Week ?

5, dont un est déjà publié : Gloomy Eyes. Les autres sont encore en production. Il y a aussi Riff Mountain qui est un dispositif gamifié dans Fortnite, dans un espace ARTE en lien avec le Hellfest.

– MLB

Il sera publié le 21 novembre et mis à jour jusqu’en juin pour le Hellfest.

– DS

Riff Mountain est une sorte d’add-on à Fortnite, qui, on l’aura compris, promeut le festival de métal Hellfest. Dans le jeu, on trouve un portail verrouillé. Pour le débloquer, il faut collecter des décibels à travers défis et énigmes. Une fois cela fait, un dieu du Riff nous ouvre le portail. Mais ce n’est pas fini, il va falloir choisir entre 4 factions métal et il y aura des affrontements ainsi que d’autres défis. Le tout sera interactif et évoluera au rythme de l’approche du Hellfest, notamment avec la révélation de la line-up durant cet automne, et encore plus de contenu durant le festival.  

Qu’est-ce que vous pensez du crossmédia ? Qu’est-ce que les différents types de médias s’apportent ?

En fait, en vue de la démarche d’ARTE qui est de soutenir des créations indépendantes depuis le début : audiovisuel, cinématographique, mais aussi des créateurs pour les plateformes numériques… C’était assez naturel qu’on commence à faire du jeu vidéo aussi. On voit ça vraiment comme un domaine de création à part entière. Ensuite, parfois tout ça se croise et parfois pas. Nous, on ne cherche pas à tout prix à ce que tout existe dans tous les supports, dans toutes les versions…

Le jeu vidéo a son public et ses plateformes d’élection et c’est très bien comme ça. Parfois ça croise d’autres choses, on travaille sur le jeu vidéo par ailleurs sous forme de magazines, sur Twitch, il y a des documentaires ARTE sur le jeu vidéo aussi. Mais un jeu vidéo n’aura pas forcément vocation à exister sur d’autres plateformes.

Ca peut arriver cependant, c’est le cas de Gloomy Eyes qui a d’abord été une production de réalité virtuelle il y a quelques années, et dont l’univers a été transposé en jeu vidéo. Mais ce n’est pas forcément le cas de tous les autres.

– MLB

Gloomy Eyes est un jeu de self-coop horrifique, plus précisément décrit comme étant du cozy horror. On peut y jouer deux petits zombies dans un univers qui rappelle les films d’animation de Tim Burton. Le jeu est disponible sur PC, Xbox Series, PS5 et Nintendo Switch.

Et qu’en est-il du film interactif ?

On sort des films interactifs. Hier soir (31 octobre 2025) sur Twitch, sur YouTube et sur ARTE TV, on a diffusé une fiction interactive live. C’était un scénario en arborescence dont les embranchements sont joués par les comédiens et décidés par les spectateurs. Sur Twitch, ça se fait à travers des sondages sur le chat. Et donc, on est vraiment dans de la fiction interactive. Les gens n’écrivent pas la fiction mais choisissent une des directions qu’on leur propose.

On essaye de proposer un objet qui répond aux usages de certaines personnes : en l’occurrence, Twitch avec le côté live, le côté conversationnel et les possibilités d’interactions, tout en étant dans une vraie proposition de fiction.

– MLB

Le film interactif en question, c’était Les Burgers Sanglants, une comédie d’épouvante qui parlait (dans les grandes lignes) de mariage et d’amitié. On pouvait y retrouver le streamer Ponce et c’était la suite d’une première fiction interactive : Les Burgers Volants. Elle avait rencontré un succès monstre, au point d’être le troisième stream de France ce soir-là.

Voilà la rediffusion de ce beau spectacle.

Qu’est-ce que vous pensez des dires selon lesquels le jeu vidéo est un milieu fermé et masculin, voire enfantin ?

Il suffit de voir les statistiques des utilisations des plateformes et d’achat des jeux. Quand on a des statistiques à disposition, c’est quasiment du moitié-moitié hommes et femmes. Toutes les personnes de genres différents sont des utilisateurices de jeux vidéo de manière très égalitaire. C’est juste que c’est plus commun, historiquement parlant, que les hommes soient dans le jeu vidéo. Mais à l’heure actuelle, pas du tout. Nous, c’est quelque chose qui nous tient à cœur : montrer la diversité à travers nos différents programmes, que ce soit dans nos équipes ou dans notre public.

– DS

ARTE
Source : Women In Games

Est-ce que vous pensez toucher à l’esport un jour ?

Ca n’a pas été le cas jusqu’à présent. On en parle. Le dernier épisode de notre magazine Jour de Play parlait d’esport. Nous, on se pose la question à chaque fois du rôle qu’ARTE peut jouer pour amener un regard et une perspective différents. Il y a plein d’acteurs dans le domaine déjà qui font très bien leur job. Nous, on peut éventuellement commenter ça, analyser ça, débattre de comment c’est intéressant, créatif à sa manière, etc. Quels sont les usages… Mais on ne va pas se transformer brutalement en acteurs de premier plan de ce domaine. Ce ne serait pas forcément intéressant, ni pour nous, ni pour notre public. 

– MLB

On remercie ARTE de nous avoir accordé du temps et on souhaite transmettre le même message qu’eux : découvrez du jeu indépendant. Allez découvrir les jeux de la branche jeu vidéo d’ARTE, les jeux des studios indépendants français. Sur les salons comme la Paris Games Week, il y a toujours des indépendants.

En réalisant cette interview, on a ressenti de l’espoir, parce qu’on y a constaté un point de vue différent sur le jeu vidéo, nourri par un média multiculturel. Et si en tant que journalistes, on peut mettre en avant le jeu vidéo sous toutes ses formes, on le fera. Pour ce qui est d’ARTE, vous pouvez découvrir leurs jeux sur Steam (et parfois consoles) et rester à l’affût de leurs formats interactifs ou de leurs formats crossmédia comme la série La vraie vie qui mélange réalité et machinima, disponible en intégralité sur YouTube. 

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La bande-annonce de la production ARTE La vraie vie

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