Antoine de Tounens : le Français devenu roi de Patagonie

Antoine de Tounens : le Français devenu roi de Patagonie

Au XIXème siècle, Antoine de Tounens, un petit notable français, rêve d’un destin incroyable. Il se rend ainsi en Amérique du Sud et y devient roi du Royaume d’Araucanie et de Patagonie, sous le nom d’Orélie-Antoine Ier.

Antoine de Tounens, un homme brillant avec de grandes ambitions

Antoine Tounens est né en 1825 en Dordogne d’une famille de cultivateurs aisés avec neuf enfants. Le père a pour habitude de raconter à ses enfants qu’ils sont en réalité des princes, descendant d’un haut placé romain. Antoine est donc persuadé qu’il est voué à un destin incroyable.

Jeune homme brillant, il passe son bac et fait des études de droit, devenant ainsi juriste et notable à Périgueux. Il accède à la noblesse en achetant l’autorisation de porter une particule devant son nom. Mais cette ascension sociale ne lui suffit pas, il rêve de plus grand.

Direction l’Amérique du Sud pour devenir roi !

En 1857, il décide de tout quitter pour tenter sa chance dans le Nouveau Monde, terre de promesses. Il décrit son plan au gouvernement Français, qui ne le prend pas au sérieux. Sa famille lui prête cependant 25 000 francs pour qu’il organise son expédition. En juin 1858, cet aventurier embarque pour le Chili et y arrive deux mois plus tard.

Il repère un territoire qui n’a pas encore été revendiqué : l’Araucanie et la Patagonie. Cependant, le Chili et l’Argentine, tous récemment indépendants, convoitent grandement ce territoire. Antoine de Tounens comprend que pour que les Indiens puissent résister à ces puissances, ils doivent se rassembler et s’organiser, à l’image d’un Etat moderne.

Antoine de Tounens

Il y voit l’opportunité d’obtenir son royaume tant rêvé. En effet, il avait tout prévu et apporté avec lui ce dont il aurait besoin dans ses bagages. Il a avec lui un sceau à son effigie, un drapeau (bleu, blanc, vert), des décorations à remettre à ses sujets et une constitution contenant pas moins de 70 articles.

Enfin roi des indigènes au royaume d’Araucanie et de Patagonie

Sur place, il noue des liens avec les tribus indiennes et apprend leur langue. Il gagne ainsi leur confiance. A l’été 1860, il arrive à Arauco, petite ville du territoire, pour rencontrer le chef local et lui exposer son projet. Les Mapuches, le peuple indigène, voient en lui un sauveur blanc. En effet, une prophétie au sein de la tribu annonce depuis des siècles l’arrivée d’un sauveur.

Grâce à cela et à son projet bien ficelé, il devient, quelques jours plus tard, Orélie-Antoine Ier. Il déclare la naissance de son nouveau royaume et la constitution est proclamée. Le territoire rassemble l’Araucanie et la Patagonie et s’étend sur une surface plus grand que la France, des Andes au détroit de Magellan.

Le roi a enfin le territoire dont il rêvait et il nourrit de grands projets pour son pays. Après son accession au trône, il envoie un message officiel à ses voisins, le Chili et l’Argentine pour leur annoncer la naissance de son royaume. Au début, personne ne le prend au sérieux ce drôle de roi.

Antoine de Tounens
Antoine de Tounens en vêtement Mapuche

Descente aux enfers de Antoine de Tounens

Cependant, le Chili n’apprécie pas qu’un homme s’approprie ce territoire. Le pays décide donc de passer à l’attaque. Les troupes d’Orélie-Antoine Ier tentent de combattre, mais les soldats chiliens prennent le dessus. Le 5 janvier 1862, le Chili emprisonne le roi. Ce dernier sera ensuite déclaré fou et reconduit en France.

Antoine de Tounens a beau être de retour dans son pays natal, son cœur est resté en Amérique du Sud. Il tente par trois fois d’y retourner, publie ses mémoires et même un manifeste pour rallier des gens à sa cause. Sa famille se ruine et s’endette même pour lui venir en aide. Malheureusement, il ne parviendra jamais à rejoindre son royaume et son peuple, il meurt ainsi en France en 1878.

Bien qu’il n’ait pas pu retourner dans son royaume, l’histoire ne s’arrête pas avec lui puisqu’Achille Laviarde lui succèda. En 1902, le territoire bascula sous la tutelle chilienne et argentine. Cependant, la Maison royale d’Araucanie-Patagonie existe toujours aujourd’hui. Frédéric 1er la dirige et défend même le droit des indigènes dans des organismes internationaux.

Alors, cet aventurier devenu roi était-il fou ou simplement très ambitieux ? Sa vie de petit provincial au destin royal paraît aujourd’hui digne d’un film. Il fait partie de ces nombreuses personnes qui semblent ordinaires, mais au destin hors du commun.

 

Sources : 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *