Brigitte Bardot (1934-2025) : d’icône du cinéma à figure controversée

Brigitte Bardot est morte ce 28 décembre 2025. Cette actrice française, ayant toujours refusé de faire carrière aux Etats-Unis malgré les nombreuses propositions, fut un véritable symbole en son temps. Sa filmographie chargée (45 films), sa réputation de femme-enfant ainsi que de sex-symbol des années 60 ont fait d’elle une immense célébrité, pour ne pas dire une légende. Mais ces dernières années, Brigitte Bardot était surtout connue pour ses dérapages médiatiques, ses propos racistes et ses condamnations judiciaires. Retour sur la vie et la carrière de celle qui incarna un temps la modernité, avant de se figer dans le passéisme…

Parler de Brigitte Bardot, c’est accepter d’entrer dans une zone de turbulences. Icône absolue du cinéma français, mythe mondial des années 60, symbole de liberté sexuelle et de rupture avec la morale bourgeoise… Mais aussi figure devenue, au fil des décennies, l’une des personnalités publiques les plus controversées de France. Bardot, c’était un paradoxe : une femme célébrée pour avoir incarné l’émancipation, puis vivement critiquée pour des prises de position qui l’ont peu à peu placée en décalage totale avec la société contemporaine…

Brigitte Bardot a du talent

Brigitte Bardot naît en 1934 à Paris dans une famille bourgeoise catholique. Elle reçoit une éducation stricte. Brigitte n’est pas l’enfant préféré de sa famille et en souffre. Elle se considère « laide » car elle portait des lunettes et un appareil dentaire. L’actrice raconte que sa mère n’hésitait pas à gifler pour que la jeune fille soit disciplinée.

Brigitte commence la danse dès son plus jeune âge. Elle n’est pas très douée à l’école et se destine à la danse classique. Elle est reçue au Conservatoire de Paris en 1947 puis suit les cours de Boris Kniaseff. Mais elle arrête la danse lorsqu’elle rencontre Roger Vadim.

Remarquée par Hélène Lazareff, directrice du magazine féminin ELLE et amie de sa mère, elle devient mannequin à 15 ans. S’ensuit une succession de séances photos pour le magazine qui permettront au réalisateur Marc Allégret de la découvrir.

La vie d’actrice

Elle débute en 1952 dans Le trou normand de Jean Boyer aux côtés de Bourvil. À l’âge de 18 ans, elle se marie avec Roger Vadim, scénariste et réalisateur, qui fait d’elle une star en 1956 dans Et Dieu créa la femme. Elle devient un sex-symbol dans le monde entier. Brigitte part ensuite tourner deux péplums en Italie.

En 1957, elle joue dans la comédie Une Parisienne de Michel Boisrond, où elle rencontre Henri Vidal. Un an plus tard, elle incarne une cambrioleuse aux côtés de Jean Gabin dans le drame En cas de Malheur de Claude Autant-Lara. Bardot connaît un vif succès critique en 1960 avec son interprétation d’accusée de meurtre dans La Vérité d’Henri-Georges Clouzot.

Dans les années 60 elle joue souvent en binôme avec d’autres actrices comme Jeanne Moreau dans Viva Maria ! mais aussi Annie Girardeau dans Les Novices en 1970. Au début des années 70, elle connaît de gros succès en salle avec L’Ours et la Poupée de Michel Deville et joue avec Lino Ventura dans Boulevard du Rhum en 1971. Son dernier film est L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise de Nina Companeez en 1973.

Une personnalité publique controversée

En dépit de son positionnement pour la libération sexuelle et l’émancipation des femmes durant ses années de carrières, Brigitte Bardot est aujourd’hui surtout connue pour ses positions radicales. Lors de l’affaire Depardieu, elle n’a pas hésité à prendre sa défense ainsi que celle de Nicolas Bedos, lui aussi accusé de violences à l’encontre des femmes. Réfractaire au mouvement MeToo, elle a notamment soutenu le producteur américain Harvey Weinstein en 2018 ou encore Roman Polanski en 2020. Bref, Bardot s’est placée frontalement du côté des agresseurs, faisant fi du témoignage des victimes.

Brigitte Bardot est aussi malheureusement connue pour ses positions islamophobes et racistes. Elle fut ainsi condamnée à cinq reprises pour des injures et des provocations à la haine, qu’elle a tenu en interview ou dans son livre. En 2019, elle avait adressé une lettre ouverte au préfet de la Réunion pour dénoncer la maltraitance animale mais avait tenu des propos racistes fondés sur des idées quasiment colonialistes.

Brigitte Bardot a consacré le reste de sa vie, après avoir mis fin à sa carrière, à la cause animale. Elle a d’ailleurs créé la fondation Brigitte Bardot pour récolter des fonds pour diverses actions. Cependant, elle se servait régulièrement de cette excuse de « défense des animaux » pour exprimer un avis profondément raciste sur la société d’aujourd’hui.

Autre point de crispation : son rapprochement idéologique avec l’extrême droite française. Brigitte Bardot n’a jamais caché sa sympathie pour Jean-Marie Le Pen, ni son vote en faveur du Front national à plusieurs reprises. Là encore, la figure choque. Comment celle qui fut l’emblème d’une jeunesse libre et anti-conformiste, peut-elle soutenir un parti historiquement associé à des discours fascistes, identitaires et autoritaires ?

Ce qui frappe, avec le recul, c’est le décalage entre l’image de modernisme que Brigitte Bardot a incarnée, et celle réactionnaire qu’elle projette aujourd’hui. Icône de la modernité hier, elle apparaît désormais comme une figure figée dans une vision passéiste du monde. Une figure qui a incarné les évolutions sociétales, pour ensuite les refuser et les combattre publiquement…

Brigitte Bardot, était et demeure une figure profondément paradoxale… Elle reste aujourd’hui connue pour ses succès cinématographiques, bien qu’elle ait mis fin à sa carrière il y a plus de 50 ans. Mais elle est aussi l’image d’une femme qui fut un temps moderne, avant de devenir la représentation du passéisme et des idées réactionnaires. Décédée le 28 décembre 2025, Bardot est à la fois une légende intemporelle, et une icône déchue.

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