En milieu d’année 2024, le nouvel évènement majeur dans l’univers DC, Absolute Power, prenait place avec comme but de chambouler les fondations mises en place par l’initiative Dawn of DC. A cette occasion, l’éditeur français Urban Comics nous gratifie d’une série de 3 tomes composée des numéros les plus importants de cette mini-Crise. Est-ce que la mission est réussie ou faisons-nous face encore à un crossover n’offrant que peu de retombées ?
Une entrée en matière intrigante
Pour un lecteur ne suivant pas assidûment le monde des super-héros depuis le début de l’ère Dawn of DC, l’entrée en matière d’Absolute Power peut les laisser sur le carreau durant sa phase d’introduction. De nombreux personnages créés dans des séries distinctes, tel que Failsafe qui a été aperçu pour la première fois dans la série principale Batman, arrivent d’emblée dans la trame principale.

Malgré un texte introductif proposé par Urban qui englobe les évènements aboutissant à celui auquel nous nous intéressons et l’univers DC et des comics étant ce qu’il est, les nouveaux lecteurs ne sont jamais pris par la main à l’arrivée sur un titre majeur. Il faudra donc être attentif à l’arrivée abrupte de chaque personnage inédit pour comprendre d’où ils viennent et leurs caractéristiques propres.
Cela n’empêche pas l’ensemble d’amener la tension et les bases de son récit habilement jusqu’au premier numéro d’Absolute Power. Ce numéro offre certes un postulat fortement classique avec la perte des pouvoirs de l’Homme d’Acier et les conséquences qui en découlent, à travers une magnifique planche en pleine page signée Dan Mora, artiste devenu emblématique de la marque aux deux lettres depuis quelques années, mais procure assez de matière pour nous intriguer.

Cet évènement permet également de remettre sur le devant de la scène Green Arrow avec un choix assez radical, mais compréhensible, dans son traitement et sa décision de suivre Amanda Waller dans son plan. Un plan tout aussi radical d’éradication des méta-humains à travers son armée de robots Amazo qui absorberont tout le long de ce premier tome les pouvoirs des héros principaux de la Terre.
Chaque robot représentera ainsi une catégorie précise des super-héros DC, comme les porteurs de l’anneau pour l’un et les personnages en lien avec la force véloce pour l’autre. Cette première partie est certainement classique dans son traitement, mais le scénariste principal de ce crossover, Mark Waid, distille assez d’éléments pour rendre l’ensemble assez intéressant pour poursuivre la lecture.
Un développement hasardeux
Le deuxième tome d’Urban reprend les concepts établis par son prédécesseur, mais s’embourbe quelque peu dans son déroulé via les différentes mini-séries liées à Absolute Power. Tandis que certaines, comme la série Batman, préfèrent suivre la trame principale sans offrir de propositions réellement uniques, d’autres tentent d’amener une réflexion autour de l’intelligence artificielle et de sa recherche d’humanité par l’intermédiaire de ce qu’elle a absorbé. C’est ainsi que le robot Amazo en charge des pouvoirs des Green Lantern poussera sa réflexion autour de la volonté des différents porteurs de l’anneau et aboutira aux choix qu’il fera par la suite.
Ce qui est toutefois intéressant à travers cet évènement DC est la question portant sur ce qui fait un héros. Est-il défini par sa force et ses pouvoirs ou par sa personnalité et ce qu’il est au fond de lui ? Absolute Power répond clairement à cette question en se penchant définitivement vers la deuxième option. Même si Batman n’est pas impacté par cette question, des héros comme Flash ou Green Lantern le sont et ce qui en découle de tout cela nous montre à quel point c’est ce qu’ils sont qui les définissent comme tels et non leurs pouvoirs.

Les différents tie-ins finissent par déboucher sur le troisième numéro d’Absolute Power qui montre que le temps joue contre les scénaristes, car on commence déjà à résoudre certaines problématiques majeures de la mini-série. L’intrigue tournant autour de la Reine Brainiac est résolue aussi vite qu’elle est apparue, ainsi que celle axée sur le fils de Superman, Jon.
Néanmoins, cet évènement permet de faire briller certains héros comme Nightwing, qui s’affirme un peu plus en tant que leader en prenant en charge les déroulés de l’opération. Comme toujours chez DC, le sentiment d’urgence dans ce genre de cas est présent et exacerbé à son maximum jusqu’à la révélation finale qui procure une certaine excitation pour la conclusion.
Une conclusion trop hâtive
On arrive donc au dernier tome qui doit conclure toutes les histoires mises en place en seulement un chapitre et cette tâche est encore plus ardue en y incorporant le Multivers dans son récit. C’est ainsi que les tie-ins précipitent quelque peu leurs conclusions respectives pour amener les éléments qu’il faut pour le grand affrontement final.

Les origines d’Amanda Waller sont également remaniées pour approfondir son aversion envers les méta-humains et le tout aboutit à une proposition réussie et assez forte pour justifier ses actes et brouiller un peu plus la ligne tendue entre le bien et le mal qui définit si habilement ce personnage complexe.
On arrive ainsi à la grande conclusion de cet événement qui manque d’espace pour respirer convenablement. Tout s’enchaîne avec un rythme rapide, mais tout de même soutenu par le duo Mark Waid/Dan Mora, binôme déjà prolifique via la série Batman/Superman: World’s Finest et qui n’en démord pas dans Absolute Power. En lisant ce dernier numéro, une certaine frustration en découle face à un potentiel auquel on n’offre pas le temps nécessaire pour un développement plus poussé et c’est d’autant plus dommage de le constater une fois la lecture achevée.
L’évènement Absolute Power laisse un goût doux-amer. D’un côté, on nous délivre une histoire remplie d’actions et de péripéties avec un casting fourni et des thématiques pouvant amener une belle discussion autour du monde des super-héros. Mais de l’autre côté, le temps et le planning très soutenu souhaité par l’éditeur ne permettent pas à ce terreau de se former convenablement. En découle un sentiment de satisfaction face au divertissement prodigué, mais également de frustration face à un potentiel quelque peu gâché. Cependant, l’annonce du retour de la Justice League sous sa forme Unlimited à la fin de la mini-série permettra peut-être de rattraper ce rendez-vous manqué.
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