Après un premier volet sorti en 2014 et une suite qui a vu le jour en 2017, le petit ours Paddington est de retour dans une troisième aventure : Paddington au Pérou. Pour l’occasion, Douglas Wilson succède à Paul King, qui avait dirigé les deux premiers volets. Pour rappel, Paddington Bear est un personnage de littérature pour la jeunesse créé par Michael Bond en 1958. C’est un ours anthropomorphe venu du Pérou, qui arrive à Londres avec une valise et un chapeau rouge, et qui adore la marmelade. Après deux premiers volets très attachants, que vaut ce troisième tour de piste ?
Paddington au Pérou : un retour décevant
La grosse réussite, l’élément le plus salvateur de la saga Paddington, c’est évidemment sa tendresse. Les deux premiers films de Paul King sont deux boules d’amour rassurantes, attachantes, dans lesquelles on se glisse avec sérénité. C’est comme mettre ses pantoufles après une difficile journée de travail. Paddington, c’est sans doute la saga la plus mignonne de tout le cinéma britannique.
Le potentiel sympathie de ce petit ours brun est sans limite. Autant pour la jeunesse que pour un public plus adulte, la recette Paddington c’est beaucoup de délicatesse, de douceur, c’est un peu d’humour à l’anglaise, c’est une classe britannique à la James Bond, et ce sont les aventures hautes en couleur d’un ours un peu bavard dans les rues londoniennes. Un cocktail touchant, souvent très drôle, qui respire le cinéma britannique, son style, sa verve et son immense côté gentleman.
Après deux opus très réussis, Douglas Wilson a donc la lourde tâche de passer derrière Paul King. Malheureusement, Paddington au Pérou est l’épisode le moins convaincant de la trilogie. Un cran largement en dessous, le film déçoit par un manque de maturité. Davantage orienté pour la jeunesse, ce nouveau chapitre délaisse un peu plus le public exigeant. Un nouveau volet qui ne parvient pas à retrouver la verve d’écriture, notamment dans les dialogues, des deux précédents films.
Un épisode qui s’essouffle et qui manque de fantaisie
Déjà, l’idée de ramener Paddington à ses origines est un frein à l’efficacité du propos. Ce qui fonctionnait dans les deux précédents volets, c’était la collision des environnements. Mettre en scène un ours brun dans une grande capitale européenne permettait de mettre en avant une collision de genre, de culture, de sens, avec tendresse et humour. L’idée de revenir sur les origines de Paddington n’est en soit pas stupide, mais c’est un piège aisé dans lequel est tombé Douglas Wilson.
Ramener Paddington dans un environnement sauvage ne permet plus de proposer une opposition des univers, un affrontement des cultures, et un humour souvent absurde diablement efficace. Ce décor amazonien est donc un frein à la fantaisie, à la créativité et à l’humour de Paddington. Parce qu’une grande partie du charme du personnage tient à son ancrage londonien, à son folklore anglais.
Et puis, l’écriture de Douglas Wilson est surtout beaucoup moins subtile que celle de Paul King. Paddington au Pérou est parfois une simple parodie enfantine d’un Indiana Jones paresseux. Le cinéaste britannique emmène son audience dans un pastiche d’Indiana Jones, avec ses énigmes à résoudre, ses temples, ses dangers, sans que ce soit pour autant réellement stimulant pour les amateurs du genre…
Quant au récit, il suit une formule comique beaucoup trop balisée. Les personnages secondaires sont moins développés que lors des deux précédents volets. Trop lisses, trop superficiels, ils ne parviennent plus à apporter la dose d’émotion nécessaire pour que la tambouille fonctionne. Et ce, même si Hugh Bonneville est toujours au top dans son rôle de papa froussard.
Paddington au Pérou est donc incontestablement l’épisode le moins réussi de la licence. Plus enfantin, plus paresseux, ce troisième volet perd de la prestance, de l’émotion et de la classe qui caractérisaient les deux premiers chapitres. De toute évidence, il eut été plus judicieux de laisser Paul King conclure cette trilogie.
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