Première vraie introduction à l’univers partagé voulu par James Gunn, Creature Commandos nous présente la nouvelle équipe Task Force, 3 ans après l’ancienne itération filmée par le même créateur. Cette série réussit-elle à se différencier de l’ancienne équipe et parvient-elle à s’en démarquer ?
Une proposition classique, mais efficace
La première entrée du Chapitre 1 nommée « Gods and Monsters » du nouvel univers DCU unifié par James Gunn, scénariste de la série, ne perd pas son temps dans l’intronisation de ce nouveau monde. Nous sommes plongés directement dans le bain et des informations sur sa cohérence globale seront disséminées par intermittence au cours des 7 épisodes qui forment cette première saison. Cela n’en est pas moins déplaisant étant donné le format court adopté par la production, format qui abordera les évènements de la manière suivante : épisode centré sur un des personnages de l’équipe et utilisation d’une chanson durant la scène d’action finale.
C’est classique, mais le tout marche correctement, sans fioritures, hormis quelques séquences musicales finales inégales, dont certaines n’étant là que pour valider le quota attendu dans chaque épisode. On regrette tout de même que l’ensemble s’affiche comme une grosse introduction pour une hypothétique saison 2.
James Gunn ne se lance pas dans un terrain inconnu au travers de ce Creature Commandos. On retrouve les thématiques chères au cœur du réalisateur/scénariste dès son synopsis : on suivra une équipe d’opérations secrètes composée de monstres rassemblés par Amanda Waller. On sera accompagné par des individus vus comme des monstres, des criminels ou des vauriens, mais qui se dévoileront être, au fond, des personnes brisées et possédant une sensibilité que seul James Gunn verra et partagera avec les spectateurs et avec l’équipe composant ce Creature Commandos.
Ce pari, déjà réussi dans les trois volets des Gardiens de la Galaxie, est renouvelé au cours de cette première saison où l’empathie se crée même pour un personnage comme Weasel. La question finit indubitablement par être soulevée : les monstres sont-ils ceux qu’on soupçonne le moins au premier abord ?
Des personnages attachants et familiers
Au sein de cette équipe, nous retrouvons une ribambelle de personnages peu connus de l’univers DC qui, comme toujours dans le cinéma de James Gunn, ont ici droit à leur heure de gloire. La Fiancée de Frankenstein sort évidemment du lot en s’affranchissant peu à peu de son rôle minoritaire dans l’équipe pour s’affirmer comme chef légitime. D’autres révéleront l’aspect tragique de leur personnalité, à l’image de Dr Phosphorus et Nina, et d’autres amèneront la touche d’humour nécessaire pour contrebalancer le tout et apporter un peu de légèreté. Il faudra également se faire au changement apporté à certains rôles, comme c’est le cas pour le monstre Frankenstein dont le ridicule est exacerbé au prix de sa crédibilité.
On retrouve dans le choix de ces personnages un parallélisme intrigant avec la composition d’une certaine équipe de Gardiens. En effet, on pourrait aisément créer un lien entre Gamora et la Fiancée ou encore entre Mantis et Nina. On sent que James Gunn veut nager en eaux connues pour ce premier vrai lancement de son univers.
Un univers déjà en place et sans censure
Côté animation, le studio français Bobbypills, déjà spécialisé dans les séries d’animation pour adultes et en charge de la conception visuelle de la série, livre ici un très bon travail avec un mélange de style aussi bien américain que japonais et une fluidité sans saccades. Grâce à une proposition graphique sans limite, James Gunn peut s’affranchir des codes des prises de vue réelle. Il s’en donne à cœur joie pour dépeindre un monde sanguinolent et sans états d’âme face à la violence, le tout débouchant vers des massacres d’une banalité sans nom caractérisant d’une belle manière les membres de l’équipe.
Cette première représentation de ce DCU voulu par James Gunn montre ce qu’il faut pour éveiller notre curiosité. Il affiche clairement à l’écran qu’il ne cherchera pas à le définir concrètement et, en contrepartie, nous propose diverses apparitions bienvenues et même certaines surprenantes, mais compréhensibles vu comme le tout est projeté tout le long de cette saison. L’univers montré est déjà bien vivant et peuplé de métahumains.
L’envie est de ne pas montrer sa formation, mais son développement et il semblerait que ce soit le chemin le plus sûr pour contrecarrer un marché super-héroïque en perte de vitesse depuis quelques années, malgré une poignée de succès ponctuels. Voir les membres de l’équipe du Creature Commandos interagir avec ce monde-là est encore plus gratifiant, même si les néophytes resteront parfois perplexes face à un univers qui ne les prend pas par la main.
James Gunn propose une série de fans pour les fans, en espérant embarquer quelques curieux dans ce voyage. Il nous offre une histoire qui cherche avant tout à divertir sans prétention, avec ce qu’il faut pour nous tenir en haleine malgré un final un poil abrupt qui ternit quelque peu l’ensemble du tableau et prouve que quelques épisodes supplémentaires n’auraient pas fait de mal.
L’équipe est présentée et l’univers se met en place. Notre regard se tourne maintenant vers le ciel avec Superman qui arrivera l’été prochain, défi ô combien ambitieux de la part d’un cinéaste plus habitué à un genre déjà acclamé par le passé chez la concurrence, toujours confirmé avec cette première saison, et ne correspondant pas totalement à la vision que doit transmettre un film autour de l’Homme de Demain.
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