13 janvier 1963 : coup d’État au Togo et assassinat de Sylvanus Olympio

13 janvier 1963 : coup d'État au Togo et assassinat de Sylvanus Olympio

Le 13 janvier 1963, le Togo fut le théâtre du premier coup d’État militaire en Afrique subsaharienne post-coloniale. Ce putsch conduit à l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier Président du pays, marquant un tournant décisif dans l’histoire politique togolaise, mais également africaine.

Un Togo post-indépendance marqué par de fortes tensions politiques

Après avoir obtenu son indépendance de la France en 1960, le Togo est dirigé par Sylvanus Olympio, élu premier Président de la République. Son gouvernement adopta une politique économique prudente, cherchant à réduire la dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales en établissant des relations avec d’autres partenaires internationaux, notamment l’Allemagne et les États-Unis.

Cependant, cette orientation suscita des mécontentements, tant au sein de l’armée que parmi les opposants politiques. La décision d’Olympio de limiter la taille de l’armée et de refuser l’intégration de soldats togolais démobilisés de l’armée française après les guerres coloniales exacerba les tensions. Ces anciens militaires, confrontés au chômage et à l’incertitude, devinrent alors une force déstabilisatrice. 

Le coup d’État du 13 janvier 1963 

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, un groupe de soldats mécontents, dirigé par le sergent-chef Étienne Eyadéma (plus tard connu sous le nom de Gnassingbé Eyadéma) et Emmanuel Bodjollé, prend d’assaut la résidence présidentielle à Lomé. Sylvanus Olympio tente de se réfugier à l’ambassade des États-Unis, mais il est capturé et assassiné près de l’enceinte diplomatique. Son décès plongea le pays dans une période d’incertitude politique.

Les putschistes installèrent alors Nicolas Grunitzky, ancien Premier ministre et opposant politique d’Olympio, à la tête d’un gouvernement provisoire. Cette transition forcée est perçue par certains comme une restauration de l’ordre, tandis que d’autres y voient une atteinte à la souveraineté démocratique naissante du pays.

Répercussions régionales et symboliques en Afrique

Le coup d’État togolais de 1963 est le premier du genre en Afrique subsaharienne après les indépendances, établissant un précédent inquiétant pour la jeune démocratie africaine. Il est un premier marqueur important de la fragilité des institutions politiques post-coloniales et de la persistance des influences militaires dans la sphère politique.

Cet événement a ainsi des répercussions symboliques sur le continent, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les nouveaux États indépendants : construction nationale, gestion des héritages coloniaux, et équilibre entre civils et militaires dans la gouvernance. Le coup d’État togolais devint ainsi une référence pour d’autres mouvements militaires en Afrique dans les décennies suivantes.

L’assassinat de Sylvanus Olympio laissa une empreinte durable sur la mémoire collective togolaise. Son fils, Gilchrist Olympio, devint d’ailleurs une figure majeure de l’opposition politique. Le 13 janvier est aujourd’hui commémoré dans le pays, tantôt comme une journée de libération, tantôt comme un rappel des violences politiques passées, reflétant les divisions persistantes au sein de la société togolaise.

La domination politique de la famille Gnassingbé, initiée par Gnassingbé Eyadéma après un autre coup d’État en 1967, puis poursuivie par son fils Faure Gnassingbé depuis 2005, souligne la continuité des dynamiques de pouvoir dictatoriales et dynastiques au Togo. Les débats sur la démocratisation, les droits humains et la gouvernance restent au cœur de la vie politique togolaise contemporaine.  

Sources : 

Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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