La vue du sang a le don de pousser beaucoup de personnes à tourner de l’œil, tandis que près de 3 à 4% de la population éprouverait de la peur à son égard. Mais d’où proviennent donc de telles réactions ?
L’hémophobie, une pathologie très répandue
La phobie ou peur panique du sang, souvent désignée comme hémophobie, reste l’une des phobies les plus répandues au monde. Elle est également considérée la troisième plus récurrente derrière celles envers un animal spécifique ou la peur du vide. Cependant, lorsque l’on constate que près de 15 % des personnes donnant leur sang dans des collectes s’évanouissent, on peut être interloqué. La responsabilité de ce « manque de cran », revient à un mécanisme bien ancré dans notre organisme.
En effet, une personne sensible à la vue du sang est susceptible en cas de contact visuel, de voir son corps réagir de façon drastique. Stress incontrôlé, ralentissement du rythme cardiaque, manque d’oxygénation du cerveau et boum, elle tombe dans les pommes. Cette réaction pourrait s’apparenter à un handicap sans réel but, de premier abord, mais en s’y intéressant de plus près on lui découvre une origine ancienne et salvatrice.
Un cadeau inné de nos racines
L’origine de ce mécanisme, selon de nombreuses théories, serait de nature évolutive. En effet, bien avant l’avènement de notre civilisation moderne, l’être humain se retrouvait confronté à moult prédateurs. De ce fait, en tant que proie, notre espèce aurait développé diverses techniques et des mécanismes de survie innés. L’un d’entre eux aurait été la capacité de subitement perdre connaissance en cas de danger.
Cette technique, réservée en cas d’ultime recours, est bien mieux maitrisée par une large variété d’animaux. A titre d’exemple, un opossum, pris entre les griffes d’un assaillant, est capable de se plonger dans un état de catatonie, simulant la mort. De plus, afin de pouvoir accentuer le dégoût de tout prédateur, l’animal en question secrètera si nécessaire bave, urine et flatulences pestilentielles. Ce genre d’effets secondaires, peu flatteurs, peuvent d’ailleurs être observées chez certains êtres humains perdant connaissance à la suite d’un stress intense.
C’est donc lorsque notre cerveau associe toute manifestation de sang à un danger potentiel, que celui-ci déclencherait cet état de catatonie aussi primaire que peu adapté pour la vie en société. Après tout, un stress intense est susceptible de momentanément terrasser les plus solides d’entre nous, même en étant généré par la vue d’hémoglobine.
S’il existe diverses thérapies et autres programmes psychologiques destinés à dompter ou limiter sa phobie du sang, la plus simple et naturellement viable consiste en une exposition et une meilleure présence de la substance au quotidien.
Apprendre à côtoyer la substance pour mieux vivre avec
En effet, l‘un des facteurs favorisant la peur panique envers le sang est, paradoxalement, son absence dans le quotidien de ceux en étant atteints. Notre société nous enseigne très jeunes à masquer celui-ci, notamment via des sparadraps en cas de coupures bégnines ou encore des tampons et serviettes hygiéniques pour les menstruations.
De même, l’hémoglobine est drastiquement masquée dans les divers viandes et ressources animales consommées dans notre alimentation. Cuisson à point pour nos steaks hachés ou encore chairs séchées et fraîchement plastifiées, contribuent à créer un éloignement mental par rapport au sang. Ce constat semble assez absurde quand on prend en compte qu’au sein de notre propre corps, circule près de 4,5 à 5,5 litres de ce liquide. De ce fait il n’est pas étonnant que ça soit dans le milieu médical que bien souvent, on parvient le plus à surmonter, par habitude, une peur panique du fameux fluide rouge.
Alors la prochaine fois que vous ou l’un de vos proches tourne de l’œil devant une méchante coupure, dites-vous que cela traduit un mécanisme enfoui, remontant à plusieurs millénaires !
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