Dernier spectacle découvert lors du Festival d’Avignon Off qui vient de se terminer, 4211 km est une oeuvre humaine sur les racines, l’identité et la transmission à travers un récit choc !
Résumé : 4211 km c’est la distance entre Paris et Téhéran, celle parcourue par Mina et Fereydoun venus d’Iran pour se réfugier en France après une révolution qu’on leur a volée. Yalda, leur fille, née à Paris nous raconte leur vie exilée, leur combat pour la liberté, l’amour d’un pays et l’espoir d’un retour. Elle nous balade entre ses deux mondes : sa famille, des héros qui ne se plaignent jamais, et la société française dans laquelle elle cherche désespérément sa place.
C’est l’histoire d’un héritage que l’on aime et que l’on déteste, c’est l’histoire d’hommes et de femmes qui cherchent à se frayer un nouveau chemin. Alors qu’en Iran le peuple se révolte depuis bientôt un an, cette pièce résonne de manière particulière. Elle nous éclaire sur la barbarie du régime islamique et témoigne du combat que mènent les Iraniens depuis 44 ans – ceux qui ne sont plus là, ceux qui sont restés et les exilés.
4211 km est joué au Théâtre du 11 jusqu’au 26 juillet.
Un cri du coeur :
Aïla Navidi, la metteuse en scène, raconte l’histoire d’un exil. Fuir un pays à cause de la barbarie et du régime tyrannique qui prend de l’ampleur. Pourtant, malgré les nouvelles générations pleines d’espoirs, ils croient encore à un retour qui n’arrivera probablement jamais. Reprenant les évènements de l’Iran et ses nombreux chamboulements politiques, 4211 km est un spectacle choc qui rend hommage à ses morts et ses brisés du régime. Lorsque l’on sait que l’Iran traverse une restriction des libertés sans précédent et que l’on se rappelle la condition terrible des femmes qui ont entraîné de nombreuses manifestations, un spectacle pareil est nécessaire pour éveiller les consciences. On se souviendra toujours de l’assassinat de la jeune Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, arrêtée pour un voile mal ajusté.
En fait, 4211 km n’est pas juste l’histoire d’une famille, mais bien celle de tout un pays. C’est le récit de tous ses réfugiés politiques qui dans les années 1970 combattirent le Shah d’Iran avant de se faire voler leur Révolution par la dictature du régime islamique. « Elle est ainsi ,notre vie, Yalda. Elle est faite de massacres, de guerres, de traumatismes. Mais on a décidé de se battre, on a décidé de survivre. » dit l’un des personnages. Car l’Iran est un pays qui ne cesse de se battre : de ses manifestations massives qui éclatent dans tout le pays, se confrontant à la corruption, aux inégalités et à la répression. Sans parler de la grave situation financière qui frappa ses derniers mois, provoquant davantage de tensions sociales… Alors si aucun personnage ne peut rentrer, il devient impératif de ne jamais oublier ni délaisser le pays, véritable personnage principal de l’oeuvre.
Transmettre, pouvoir et croire :
Doté d’une mise en scène très cinématographique, 4211 km est un hymne à la liberté, à l’héritage et la lutte à travers les années. Peu importe ce qu’il adviendra, il ne faut jamais oublier ses origines et l’histoire de sa famille. C’est la cause pour laquelle se bat Yalda, née à Paris le 9 octobre 1981 : ne jamais oublier.
Bien que l’on puisse trouver 4211 km un peu long et répétitif sur certaines de ses scènes, il en résulte un véritable voyage vers le passé et un futur radieux à espérer. Un récit de transmission, de pouvoir et plein d’espoir. Car malgré la longue distance qui le sépare, l’héritage familial et son passé miraculé, lui, sera toujours présent.
Véritable devoir de mémoire à travers cette volonté de la transmission, 4211 km est nécessaire à travers son récit bouleversant. Un spectacle intéressant !