15 décembre 1965 : alors que les USA et l’URSS sont en pleine course à l’espace, une étape primordiale est franchie. En effet, les capsules Gemini 6 et Gemini 7 parviennent à se caler sur la même orbite. Il s’agit du tout premier rendez-vous spatial réussi.
C’est quoi un « rendez-vous spatial » ?
Dans le domaine astronautique, un rendez-vous spatial est une rencontre organisée dans l’espace entre deux engins spatiaux, le tout sur une même orbite.
Le rendez-vous spatial est une manœuvre extrêmement complexe, dont l’un des challenges principaux est de réussir à rapprocher les deux vaisseaux, sans trop user les réserves d’ergols disponibles. Cela implique (entre autres) de choisir une fenêtre de lancement très précise du vaisseau « chasseur ». Celui-ci est alors placé sur un plan orbital proche de sa « cible ».
Suite à quoi, il faut effectuer un calcul très précis des positions des deux vaisseaux, ainsi que de leur vitesse. La maîtrise de ce processus fut essentielle à la conquête lunaire, qui put ainsi s’effectuer quatre années plus tard.
Les rendez-vous manqués
Le , James McDivitt tente la première manœuvre de rendez-vous spatial à bord de Gemini 4. Il essaie de se rapprocher du dernier étage de la fusée Titan II, celle-là même qui l’a placé en orbite peu de temps auparavant. Malheureusement pour McDivitt, cette tentative sera un échec. Deux mois plus tard (le , les astronautes de Gemini 5 tenteront une opération similaire. C’est encore un échec pour l’équipe américaine.
Il est cependant à noter que les astronautes de l’époque avaient été recrutés pour leurs compétences en aviations. McDivitt et Cooper utilisaient donc leurs réflexes d’aviateurs. Des réflexes totalement inadaptés aux règles de la mécanique spatiale. Il n’est donc pas surprenant qu’ils n’aient pas pu réussir leurs manœuvres.
Le rendez-vous de Gemini 6 et Gemini 7
Le , Gemini 7 décolle pour l’espace, avec à son bord les astronautes Frank Borman et James Lovell. Le 15 décembre, c’est Gemini 6 qui décolle, après moult reports. On retrouve à son bord Walter Schirra ainsi que Thomas Stafford.
C’est à cette même date que Gemini 6 et Gemini 7 parviendront à synchroniser parfaitement leurs orbites. Une première dans l’histoire de la conquête spatiale. Walter Schirra parviendra même à approcher Gemini 6 à moins de 30 cm de Gemini 7.
Ainsi, durant une vingtaine de minutes, les deux vaisseaux spatiaux resteront sur la même orbite en maintenant cette distance. Un exploit absolument phénoménal, quand on sait à quel point la manœuvre était dangereuse et novatrice. Quelques années plus tard, l’astronaute Walter Schirra déclarera :
« Quelqu’un m’a dit : si vous vous approchez de 5 km ce sera un rendez-vous. Or, ce n’est là que le début du travail ! Un rendez-vous n’est réussi que lorsque le déplacement relatif des deux véhicules est nul et que la distance entre les deux engins a été réduite à moins de 40 mètres. Une fois cet objectif rempli, la manœuvre de rendez-vous relève du simple maintien de position : vous pouvez jouer avec la distance comme si vous étiez dans une automobile, un avion ou sur une planche à roulettes. »
Le succès de cette mission sera confirmé quelques mois plus tard par un nouvel exploit : le premier amarrage de deux engins dans l’espace. Un amarrage effectué ni plus ni moins par… Neil Armstrong !
Le rendez-vous entre Gemini 6 et Gemini 7 fut donc une avancée spectaculaire pour la conquête spatiale. D’ailleurs, après cette mission, la quasi-totalité des rendez-vous spatiaux seront suivis d’amarrages. À peine quatre années plus tard, Armstrong effectuait « un petit pas pour l’Homme, mais un grand pas pour l’Humanité… »
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