« Une fille sans personne » : écrire pour exister ! [Festival Avignon 2021]

Emeric Gallego
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Il n’est pas facile de traiter des femmes incarcérées en prison. Néanmoins, c’est le pari risqué de la compagnie : Insolence is Beautiful. En effet, elle présente Une fille sans personne à Avignon. Racontée à travers le point de vue d’une femme, l’œuvre très intimiste nous donne sa vision de l’enfer carcéral.

Synopsis : Iris rêve de s’échapper , comme toutes les détenues autour d’elle. Echapper aux bruits, aux humiliations, à la peine. Elle y parvient grâce aux mots et à Camille qui anime un atelier d’écriture à la prison et qui lui propose de lui envoyer par courrier, autant qu’elle le souhaite, ses textes. La correspondance est le seul moyen de communication illimité en détention. Iris reprend confiance. Camille devient sa confidente. Jusqu’à quel point les mots peuvent-ils combler la solitude et la peine ?

Adaptation de l’œuvre de Carine Lacroix, la représentation d’Une fille sans personne s’est déroulée le 19 juillet 2021 à 10h10. C’était la première du spectacle au Théâtre Al Andalus.

Corinne Menant, l’interprète d’Iris.

Place à l’immersion 

Une voix-off brutale lance le départ alors qu’il fait encore sombre sur la scène. On entend le numéro d’écrou d’une femme. Celui d’Iris, enfermée dans sa cellule. Dans ce huis-clos, l’ambiance claustrophobique nous fait immédiatement comprendre la descente aux enfers du personnage d’Iris. Femme en quête d’espoir, s’attachant à des lettres, des souvenirs et des mots.

L’immersion était réussie dans cette première formidablement dirigée par Corinne Menant, à la fois metteur en scène et actrice principale du spectacle. La scène était très petite, rappelant immédiatement une cellule de prison. L’actrice minimalise ses mouvements du corps. De toute façon, enfermée sur scène, elle ne peut que se libérer par la parole. Elle ressent ce besoin d’un contact de l’extérieur à travers le public qui écoute ses coups de gueules, ses lamentations et son désir irrépressible de liberté

Iris, une femme combattive

Le spectateur découvre très vite un portrait désespéré mais combattant d’Iris, cherchant à tout prix une attention. Iris raconte alors des situations de la pénitence, des situations difficiles et sensibles qui sont pourtant le quotidien de la jeune femme. Certaines de ces situations se découvrent  à travers de simples éléments du décor. Des bouts de papiers, un carton et même des minuscules marionnettes. Vous l’aurez compris, Une fille sans personne joue beaucoup sur l’intime et le minimaliste. Il en est toutefois sacrément intéressant ! Le spectacle privilégie l’écriture de monologues puissants expliquant finalement : écrire pour ne pas être oublié !

La scène d’Une fille sans personne. Photo par Emeric Gallego

Faisant de la parole et des mots l’ensemble de la mise en scène d’Une fille sans personne, Corinne Menant parvient alors à faire passer un message important. Ainsi, il faut éviter de faire tomber dans l’oubli les personnes incarcérées. Ce besoin de contact avec l’extérieur étant surtout une parole pour éviter l’oubli. Poignant.   

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Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !
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