Deux ans après la sortie de The Batman, qui lançait l’univers de son Epic Crime Saga au sein de DC Studios, la série The Penguin débarque sur la plateforme Max avec la volonté d’être une suite spirituelle du long-métrage de 2022, mais également une passerelle pour sa suite annoncée pour 2027, avec un résultat en demi-teinte.
Une semaine après les évènements de The Batman, la ville est toujours secouée par les actions du Riddler et la destruction des digues qui a englouti une partie de la ville sous les eaux. Oswald « Oz » Cob en profite pour chahuter les familles mafieuses affaiblies pour trouver sa place légitime dans le milieu criminel de Gotham City.
Une œuvre n’oubliant pas son héritage
Dès les premières images, la série The Penguin s’affirme en tant que suite logique et spirituelle du film de Matt Reeves, en reprenant le style visuel propre au long-métrage avec la présence d’une palette orangée et terne chère à la photographie de Greg Fraiser dans le film, pour ensuite amener sa propre conception, certes moins chargée mais adéquate pour l’univers dépeint et en accord avec les standards attendus pour une série de ce calibre. On regrettera néanmoins l’utilisation de la caméra épaule dans certaines scènes dialoguées, qui perturbera la visibilité de la séquence et questionnera son utilité, visiblement plus mercantile qu’artistique.
Le retour de Colin Farrell dans le rôle-titre vaut sûrement à lui seul l’intérêt principal du visionnage de la série au vu de son investissement, avec l’apport non négligent de maquillage et de cosmétiques qui auraient pu ternir son jeu et questionner sa présence au casting. Il n’en est rien et cela lui permet même d’amplifier son interprétation, notamment son regard et ses mimiques.
Malgré cette forte présence à l’écran, Lauren LeFranc, la showrunneuse de The Penguin, apporte une plus-value nécessaire dans son histoire avec le personnage de Sofia Falcone, incarnée par une Cristin Milotti qui en impose dès sa première apparition en empruntant une attitude à la fois troublante et intimidante. Le tout aboutit à une imprévisibilité qui manquait au récit pour pouvoir enfin décoller.
Une émancipation qui ne se confirme pas
Malgré une réalisation et des acteurs au rendez-vous, le bât blesse concernant l’histoire racontée. Les 8 épisodes formant l’ensemble de cette mini-série se laissent regarder, mais rien d’exaltant n’en ressort réellement et le tout manque clairement de puissance pour être prenant. On sait quasiment comment la série se déroulera et se terminera au fur et à mesure de l’avancée de la saison.
Le personnage d’Oz est tout de même méticuleusement bien développé dans le cœur même de sa personnalité, un mélange de maladresse impulsive et d’instinct très intuitif qui fonctionne à merveille dans les moments de forte tension, mais qui n’aura jamais l’investissement total du spectateur quand les intentions de ses actions sont exposées au grand jour. Le personnage de Sofia Falcone, via son développement, appuie d’autant plus ce manque jamais assouvi au travers de l’un de ses traits de personnalité : son imprévisibilité.
L’imprévisibilité est très amoindrie dans la série de Lauren LeFranc. C’est malheureusement l’un des atouts majeurs d’un scénario lorsqu’il se concentre autour de familles mafieuses. Le tout est classique et ne surprend jamais vraiment. C’est justement dans ces instants que la question émerge : la série ne serait-elle pas contrainte par sa propre structure ? Une suite sans vraiment l’être et une œuvre restreinte par son propre univers ?
La série fait ce pour quoi elle a été créée en nous replongeant dans le Gotham City dépeint en 2022 sans pour autant avoir l’opportunité de prendre son envol et s’affirmer face à son aîné. De plus, les événements montrés dans la série seront facilement résumés dans le prochain opus et étaient déjà évoqués implicitement à la fin de The Batman au regard de ce qui s’y était passé. Et le dernier plan soulève une question primordiale et non évoquée dans l’entièreté des épisodes diffusés : mais que fait Batman ? Réponse qui sera révélée et, espérons-le, non effleurée ni esquivée dans la future suite actuellement prévue pour 2027.
La série The Penguin, malgré un casting de haut niveau et une qualité visuelle digne de l’étiquette HBO, ne réussit jamais à s’émanciper de l’univers dans lequel elle se situe mais arrive à proposer malgré cela une histoire certes classique mais intéressante pour en venir à bout, en compagnie d’un Oz habilement développé et d’une Sofia Falcone apportant un embryon d’imprévisibilité qui aura fortement manqué à l’ensemble de ces 8 épisodes.
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