Vous pensez manger correctement ? Que votre alimentation est calibrée et saine ? Vous faites attention à ne pas manger trop gras, trop salé ou trop sucré ? Sugar Land pourrait bien vous faire tomber de haut, tout en vous offrant un agréable moment de divertissement. Réalisé par Damon Gameau, ce reportage australien nous expose de manière édifiante la présence outrancière du sucre dans notre alimentation. De quoi nous faire remettre en question notre mode de vie ainsi que la façon dont nous consommons de manière individuelle. Focus !
Un reportage ludique et édifiant
Sugar Land se démarque de nombreux autres reportages par sa réalisation ludique et amusante, qui n’est pas sans rappeler les méthodes fourbes des publicitaires cherchant à nous vendre leurs produits. Nous sommes jetés dans l’industrie du sucre (de sa récolte jusqu’à sa transformation en produits alléchants) dès les premières secondes de l’oeuvre. La musique choisie est lourde de sens puisque le reportage commence sur Just Can’t Get Enough de Depeche Mode. Technique éculée mais efficace car ces quelques mots sont diablement représentatifs de notre société consumériste. Par la suite, le narrateur Damon Gameau (Kyan Khojandi pour la version française) commence à nous parler de l’industrie du sucre dans les moindre détails et là, c’est le drame. Tout est évoqué avec une efficacité effarante, nous faisant réaliser l’ampleur du désastre causé par l’industrie du sucre.
Cette présentation est étayée par des explications ludiques ainsi qu’une mise en scène presque enfantine (les paquets de céréale qui parlent, les animations 3D…). Outre cette mise en scène, beaucoup d’explications scientifiques ou historiques ne nous sont pas narrées par Damon Gameau, mais par diverses stars du show-business. Ainsi, nous avons affaire à un caméo de Hugh Jackman absolument hilarant ou à des explications de la star britannique Stephen Fry. De quoi capter parfaitement notre attention pour ce reportage effroyablement édifiant. On peut d’ailleurs noter une chose fort intéressante sur Sugar Land dans sa narration : celui-ci ne fait en aucun cas culpabiliser son spectateur. Il ne fait que l’avertir des nombreux dangers du sucre, sans pour autant le pointer du doigt comme quelqu’un faisant mal les choses. Gameau ne cherche qu’à avertir les consommateurs du danger qui les guette dans leur alimentation sans qu’ils ne le sachent forcément. Un objectif des plus louables face à la globalisation toujours plus brutale des normes alimentaires.
Super Size Me version sucre !
On ne va pas se mentir : Sugar Land rappelle très fortement le cultissime Super Size Me, véritable pierre angulaire dans la dénonciation des normes alimentaires (et pamphlet anti McDonald). Outre le fait de dénoncer un certain mode de consommation alimentaire, le postulat de base est le même : faire l’expérience sur sa propre personne des effets néfastes de certains aliments. Mais là où Super Size Me s’effectuait dans le cadre assez « restreint » des fast-food, Sugar Land va plus loin. En effet, notre protagoniste démontre les effets néfastes des produits supposés sains que l’on retrouve dans nos supermarchés et que nous consommons au quotidien sans la moindre méfiance.
Là est probablement tout le drame de ce reportage ne faisant pas de cadeaux aux lobbies du sucre : même nos produits du quotidien que l’on pense bons sont saturés de sucre et autres saletés. Et puisqu’on parle des lobbies du sucre, il est effrayant de constater à quel point ceux-ci sont présents dans notre société et vicieux dans leur façon d’agir. La publicité de masse pour les produits sucrés c’est une chose ! Mais ces lobbies vont bien plus loin, notamment avec la commande d’études scientifiques allant dans le sens de leur produit. En termes clairs : corruption de scientifiques. En outre, il est important de savoir une chose : les personnes à la tête de ces lobbies et de ces sociétés sucrières sont parfaitement conscients du fonctionnement de la psyché humaine (s’étant très bien renseignés à ce propos). Ainsi, il leur est aisé d’agir en fonction de la psyché collective dans le but de promouvoir leurs produits. De quoi s’inquiéter sur les capacités des corporations à manipuler les foules…
A défaut de forcément vous faire changer votre façon de consommer, Sugar Land vous fera passer un bon moment tout en vous apprenant de nombreuses choses. Diablement efficace dans son sujet ainsi que sa réalisation, il s’agit d’un reportage comme on devrait en voir plus souvent. A voir en V.O comme en V.F, puisque nous retrouverons Kyan Khojandi en tant que narrateur pour la version française.
One Reply to “« Sugar Land » de Damon Gameau est un reportage drôle et sans concessions sur le sucre ! [critique]”