Quand on pense à Samuel Beckett, on pense immédiatement à En attendant Godot. Toutefois, le festival d’Avignon Off est l’occasion de se plonger dans une autre œuvre connue de cet auteur nihiliste : Oh les beaux jours. Un spectacle remarquable à découvrir au théâtre du bout là-bas !
Elle, Fédérica Gamba, c’est Winnie, bloquée au milieu de la scène, se remémorant le temps qui passe et s’extasiant devant des objets du quotidien (une brosse à dents, un parapluie). C’est elle qui s’exprime le plus, mais c’est aussi elle qui livre une performance de haute volée devant un public conquis. Lui, Jean François Hoche, c’est Willie, rampant péniblement sur la scène et semblant à l’agonie. Le couple ne semble plus avoir pour longtemps, le temps les rattrapant et leurs corps se détruisant lentement.
En voici une belle preuve d’amour qui ne trahit pas son auteur : un couple qui s’aime, qui vit et meurt ensemble. Pas besoin d’une mise en scène jouant sur le pathos ou sur le spectaculaire, l’absurdité de l’existence décrite par Beckett est formidablement respectée par le metteur en scène Jérôme Mela.
Oh les beaux jours présente des comédiens de talent !
Devant un texte aussi admirable que Oh les beaux jours, il fallait des comédiens aguerris pour retranscrire une œuvre aussi émouvante, aussi difficile et aussi forte. Pourtant, Jean-François Hoche et Fédérica Gamba délivrent une performance époustouflante, précise et juste sur deux personnages que le temps a figé, séparé sans les éloigner.
Deux présences qui, chacune à leur manière, s’accrochent à ce qui reste : une parole, un geste, une mémoire fragmentée. Dans cette lente agonie du quotidien, Samuel Beckett, Jérôme Mela et ses comédiens nous rappellent finalement que le monde est absurde : on se met en situation, en commençant par se terrer, pour progressivement s’enterrer jusqu’à disparaître. Une tragicomédie puissante.
Oh les beaux jours est à découvrir au théâtre Au bout-là bas jusqu’au 26 juillet au Festival d’Avignon Off 2025.
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