« Elyas » : un « Man on Fire » raté à la française [critique]

"Elyas" : un "Man on Fire" raté à la française [critique]

Florent-Emilio Siri s’est fait un nom durant les années 2000. Après des succès commerciaux comme Otage (2005), Cloclo (2012) ou encore Pension complète (2015), il réalise quelques épisodes de la série Marseille. Ce mercredi, il est de retour avec Elyas, un film d’action musclé emmené par Roschdy Zem. Une œuvre qui avait du potentiel, mais qui ne parvient malheureusement pas à exploiter pleinement son concept. 

Elyas : un début déroutant

La première partie du film a quelque chose de très séduisant. Si le récit est assez classique, mettant en scène un ancien soldat en plein choc post-traumatique, qui va devenir l’ange gardien d’une jeune fille en détresse, la mise en scène est assez déroutante. Florent-Emilio Siri propose en effet une approche volontairement décousue, emmenée par un montage troublant, saccadé, presque confus. 

Une manière pour le cinéaste de plonger son auditoire dans l’esprit de son protagoniste. Un esprit bousillé, brisé, paranoïaque, angoissé, qui confond fiction et réalité. Florent-Emilio Siri a donc l’intelligence de proposer un découpage déconcertant, trompeur, presque factice, pour brouiller les pistes quant à l’identité et les intentions de son héros. Un héros qui est toujours à deux doigts de partir en vrille.

Elyas
Elyas – Roschdy Zem impeccable

Malheureusement, cet effet s’estompe rapidement, Florent-Emilio Siri préférant se lancer dans un film d’action somme toute assez classique. L’intrigue cousue de fil blanc prend alors le dessus et les spectateurs se retrouvent face à un mauvais Man on Fire. Roschdy Zem remplace Denzel Washington tandis que Jeanne Michel succède à Dakota Fanning.

Si quelques séquences d’action fonctionnent, le long-métrage tourne rapidement à vide jusqu’à un climax final qui veut se la jouer John Wick, sans jamais y parvenir. On finit ainsi par gentiment s’ennuyer face à une succession de lieux communs du cinéma d’action.

Des dialogues… insipides ! 

Mais ce qui pèche le plus dans Elyas, c’est sans doute ses dialogues. D’une débilité confondante, d’un ennui profond, les joutes verbales n’en sont pas et les quelques lignes de dialogues proposées sont dignes d’un téléfilm TF1. Difficile de croire aux pérégrinations des personnages quand aucun dialogue ne fonctionne.

Ces derniers sont uniquement fonctionnels, sans âme, sans conviction aucune et ça se ressent à chaque instant. Et le tout n’est pas aidé par une direction d’acteur étonnement ratée. Une chose que l’on peine à comprendre, quand on sait la maestria avec laquelle Florent-Emilio Siri avait dirigé son casting dans Cloclo… Mais ici, à part Roschdy Zem, toujours fidèle à lui-même, le reste de la distribution semble joyeusement se noyer dans une écriture lisse des personnages et des dialogues ringards.

Si ce n’est un plan-séquence extrêmement violent et convaincant dans une caravane, on n’a finalement pas grand-chose à se mettre sous la dent dans Elyas, qui s’apparente à un sous-Taken. Dommage, parce que ça partait quand même drôlement bien… 

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