Alors qu’Anora, Palme d’Or à Cannes en 2024, vient de rafler cinq Oscars, dont celui de Meilleur Film, un autre film passé par la Croisette est sorti au cinéma de manière bien plus discrète en ce début d’année 2025. Un portait à la fois rude et tendre, sobre et poignant, relatant la rencontre de deux parias qui vont nouer une amitié improbable… Black Dog est l’un de nos coups de cœur de début 2025.
Synopsis : fraîchement sorti de prison, Lang retourne dans sa ville natale située aux portes du désert de Gobi. Afin de se réinsérer, celui-ci travaille dans une patrouille locale, chargée de débarrasser son patelin des chiens errants. Il noue cependant une amitié avec celui considéré comme le plus dangereux…
Un portrait sensible dans un Chine en pleine mutation
Black Dog, c’est avant tout l’histoire de deux parias. C’est la rencontre d’un homme à peine sorti de prison, scruté en permanence par ses concitoyens, et d’un chien prétendument enragé, dont tout le monde souhaite se débarrasser. C’est l’histoire de deux êtres qui apprennent à communiquer à leur manière, car ils ne parviennent pas à se faire comprendre des autres personnes qui les entourent. De cette rencontre résulte un portrait sensible et poétique, d’une beauté à la fois sobre et poignante.
Black Dog se veut également comme la photographie d’une Chine en pleine mutation. En effet, le film se passe juste avant les JO de Pékin, qui étaient une occasion en or pour la Chine de soigner son image de grande puissance mondiale, ce qui impliqua des bouleversements un peu partout dans le pays. Lang doit alors naviguer dans un environnement à la fois familier et inconnu, où ses repères sont mis à rude épreuve. Difficile alors de ne pas se prendre d’empathie pour Lang, pour le petit chien noir qui lui servira de partenaire, mais également pour tous les personnages secondaires.
Personnages secondaires qui sont d’ailleurs une des autres forces du film. Jamais manichéens, ceux-ci parviennent généralement à être attachants en seulement quelques secondes d’écran. Black Dog réussit même le tour de force de nous offrir quelques antagonistes dont l’évolution est fort intéressante. En résulte un film profondément humain, où il est difficile de ne pas s’attacher aux personnages.
Un sens du cadre minutieux et mélancolique
Avant même que l’histoire ne soit réellement lancée, une chose frappe dans Black Dog : sa beauté sobre et mélancolique. Le film brille par sons sens du cadrage extrêmement précis, mais jamais tape-à-l’œil. À cela s’ajoute une photographie magnifique, à la fois réaliste et onirique, dont la poésie renforce cet attachement aux personnages et à leur parcours.
Tout est sobre, et pourtant d’un réalisme saisissant, si bien que l’identification à la vie dans ce patelin se fait avec une grande facilité. Mais plus important encore, ce sens du cadre et cette photographie sont indissociables de ce que l’on ressent devant Black Dog. Le film est cohérent dans son fond comme dans sa forme et sa sobriété le rend d’autant plus impactant.
Black Dog : un cri de liberté
La liberté est probablement la thématique la plus importante dans Black Dog. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on suit un personnage sortant tout juste de prison. Tout dans le parcours de Lang ressemble à une quête de liberté.
- La liberté de vivre une vie paisible après des années en prison.
- La liberté de choisir ses fréquentations, à commencer par ce chien errant avec qui il se lie d’amitié.
- Et tout simplement une liberté de vivre comme il le souhaite, dans un pays encore en proie à un régime autoritaire et où l’état s’immisce dans chaque aspect de la vie des citoyens.
Ce désir de liberté est d’ailleurs caractérisé à l’extrême par la dernière scène de balade en moto. Une scène poignante, qui sonne comme un cri d’espoir, après des moments très rudes, qui risquent de tirer une larme à beaucoup de spectateurs.trices (dont nous, il faut bien l’avouer).
Black Dog est d’ores et déjà un coup de cœur de l’année 2025. Un film à la fois sobre et puissant, qui a amplement mérité son prix à Cannes en 2024, puisque celui-ci est reparti avec le prix « Un certain regard ». Une fable à découvrir d’urgence pour les amateurs de cinéma indépendant, de cinéma asiatique, de chiens ou tout simplement d’expériences touchantes…
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