Le néoréalisme italien est une notion qui apparaît pour la première fois dans une critique littéraire au début des années 1930 pour qualifier l’œuvre d’Alberto Moravia, Le mépris, qui sera d’ailleurs reprise par Jean-Luc Godard dans le film éponyme.
Le néoréalisme italien comme un reflet de son époque
Le néoréalisme italien est le premier grand mouvement artistique à émerger après la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, le mouvement du néoréalisme italien est encore très influent du point de vue stylistique et idéologique.
En 1945, il ne reste plus rien des célèbres studios de Cinecitta. L’économie est détruite et la production cinématographique en berne. 60 % des studios à travers l’Italie sont inutilisables et les besoins en matériel sont criants. Cezare Zavattini, idéologue du mouvement, défendait le déplacement de la production cinématographique vers de véritables lieux. Il estimait aussi que les rôles devaient être joués par des non professionnels et que les scénarios devaient tenir compte des problématiques du peuple au sein de la société italienne.
Le néoréalisme italien va donc s’accommoder des contraintes de l’après-guerre et ainsi définir son esthétique dans une démarche consciente de son état et volontaire. Dans les films, il en résulte un fort aspect documentaire. On peut prendre en exemple le film Stromboli avec Ingrid Bergman et sa célèbre pêche au thon qui fut empruntée à une véritable scène de la vie quotidienne des pêcheurs.

Une mise en scène de la vie d’après-guerre
On utilise la première fois le terme de néoréalisme italien au cinéma pour qualifier Les amants diaboliques de Luchino Visconti, réalisé en 1943. Le film est une adaptation de Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain. Le film, initialement prévu pour être réalisé par Jean Renoir, est une peinture de l’époque, mais dans une Italie fasciste, il fait un véritable scandale.
Ce film est ensuite suivi par Rome, ville ouverte en 1945. Réalisé par Roberto Rossellini, le film connaît un succès mondial et devient la référence du cinéma néoréaliste italien. Dans le sillon de Roberto Rossellini, Vittorio De Sica, Lucchino Visconti, Alberto Lattuada ou encore Guiseppe De Santis vont devenir les réalisateurs phares de ce mouvement.
Leurs films seront tout à la fois un mélange de cinéma brut et de mélodrame avec en point d’orgue, le traitement de la condition précaire des personnages. Le mouvement du néoréalisme italien va finalement perdre de son attrait au début des années 1950, lorsque la reprise économique change la société italienne et que le public se tourne vers le cinéma non plus pour se confronter à la réalité, mais pour s’évader.

Roberto Rossellini : figure centrale du mouvement
Avec le mouvement du néoréalisme italien, les cinéastes de l’époque souhaitaient avant tout comprendre et faire comprendre ce qui s’était passé dans la société italienne avec le fascisme. Abordant les thèmes de la Seconde Guerre mondiale, du fascisme, du nazisme et de la résistance, les films témoignaient d’une intention de repentance et d’un sentiment de culpabilité.
« Le néo-réalisme est né d’une position morale qui imposait à certains Italiens de comprendre l’absurde tragédie à laquelle ils avaient survécu. »
Roberto Rossellini naît dans la famille la plus riche d’Europe de l’époque. Son père est à l’origine du cinéma Le Corso, le plus luxueux d’Europe. Il débute sa carrière en réalisant six courts-métrages entre 1936 et 1941 qui le feront remarquer. Ses trois premiers longs-métrages seront des commandes du régime fasciste et auront pour thème chacun un corps de l’armée : Le navire blanc, Un pilote revient et L’homme à la croix. Néanmoins, Rossellini n’embrasse pas les convictions fascistes. Il rejoint la résistance en 1943 et entre en clandestinité. Après la mort de son fils, il réalisera son film le plus sombre en 1948 avec Allemagne année 0.
Dans le mouvement du néoréalisme italien, ce sont les gens ordinaires du peuple qui sont les héros des histoires. En tentant de coller au plus près de la réalité et en mettant en évidence les problèmes de l’héritage fasciste, le mouvement a permis au peuple italien de recouvrer sa dignité.

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Sources :

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