« Aubar » par la compagnie Roule sur la bande d’arrêt d’urgence

"Aubar" par la compagnie Roule sur la bande d'arrêt d'urgence

Depuis le 20 septembre et jusqu’au 9 novembre, la compagnie de théâtre Roule sur la bande d’arrêt d’urgence présente au théâtre de La Croisée Des Chemins la pièce Aubar, fruit d’un travail de longue haleine.

Situé au 120 bis rue Haxo à Paris, La Croisée Des Chemins est un petit théâtre intimiste composé de deux petites salles à l’ambiance conviviale. C’est dans ce cadre familial que l’on peut assister depuis le 20 septembre à Aubar, pièce singulière mise en scène par Valentin Riot-Sarcey.

Trois compagnons de vie se retrouvent dans un bar pour s’émouvoir d’une drôle d’époque. Bien que le temps ne soit pas à la fête, ils vont débouder leurs cœurs et les mettre sur la table pour trouver ce qui y bat encore…

Aubar est une pièce qui prend pour contexte la crise du COVID. Après leur entrée en scène, les personnages, qui portent chacun une couleur distincte comme pour mieux exprimer leur humeur, vont échanger leurs avis et leurs préoccupations, à leur manière, sur des sujets aussi variés que le racisme, le sexisme ou la gestion de la crise COVID. Mais Aubar questionne avant tout la place de chacun dans cet évènement.

Dans une mise en scène totale et inventive, les trois compères n’auront de cesse de farfouiller dans le plafond, dans les coins, de monter sur les tables et d’investir toute la scène, comme pour se réapproprier l’espace confisqué pendant le confinement. Ainsi, il devient évident que la toute petite salle du théâtre de La Croisée Des Chemins est un lieu idéal pour mettre au premier plan l’exploration du sujet du COVID-19.

Aubar, un aller simple pour ailleurs

La pièce nous emporte totalement à partir d’un changement radical de mise en scène : l’apparition de la musique jouée en direct par Laurick Ducruet. Dans Aubar, la musique est prépondérante et vient guider nos émotions, soutenue en cela par un jeu de lumière simple, mais efficace.

A travers les tribulations de ces personnages truculents, drôles, émouvants ou décalés, on traverse alors un tourbillon de sensations et d’émotions qui permet de suspendre le temps et de vivre véritablement le moment présent.

Aude Briet, la jaune, fait montre d’une redoutable aisance corporelle, ajoutant à la sensualité, une physicalité abrupte. Valentin Riot-Sarcey, le rouge, fait office de clown. A la fois poétique et comique, grimaçant et éructant, sa palette de jeu reste toujours absolument juste. Enfin, Raphaël Bianciotto, le bleu, exprime avec force conviction sa rage et ses émotions.

Mélangeant l’absurde, le burlesque, l’étrange ou encore l’univers du cirque, Aubar ne perd pas de vue l’objectif de la pièce : extérioriser sa peur et ses frustrations face à cet évènement qui a ébranlé les consciences et les sociétés.

Léger point négatif cependant, le monologue final nous ramène un peu brutalement à la réalité. On aurait aimé sortir plus doucement de l’expérience. Néanmoins, c’est bien la seule critique vaguement négative qu’on aura trouvé à imputer à Aubar. 

Ainsi, après plus d’un an d’écriture et une tournée à travers la France, la compagnie Roule sur la bande d’arrêt d’urgence pose ses valises dans la capitale. Juste, exubérant et réflexif, on ne saurait que trop vous conseiller de foncer voir le travail de cette excellente troupe.

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