En ce début d’année 2025, 20th Century Studios revient dans les salles obscures avec sa dernière production, The Amateur. Porté par Rami Malek et réalisé par James Hawes, ce nouveau récit s’inspirant des récits de vengeance et de contre-espionnage de Robert Littell arrive-t-il à remplir complètement sa mission ? Rien n’est moins sûr…
Une enquête dépaysante avec une certaine originalité
Un an après la sortie de son film plus intimiste intitulé Une vie, prenant place durant la Rafle des Juifs par les nazis à travers les exploits de Nicholas Winton, le réalisateur James Hawes décide avec The Amateur de nous embarquer dans le monde des renseignements et du contre-espionnage.
Cette nouvelle présentation ne lésine pas dans ses moyens en nous faisant voyager dans les grandes villes parsemant notre monde contemporain et le tout est extrêmement tangible. Sillonner les rues de Paris ou d’Istanbul amène une véritable sensation de découverte et d’immersion que l’on ressent peu dans les grosses sorties récentes qui préfèrent se tourner vers les images de synthèse.
Cet enchaînement de décors est renforcé par une présentation technique ne possédant aucun accroc, grâce à un mixage sonore recherché et un habillage raffiné. Ce récit de vengeance cherche durant ce long-métrage à amener une certaine originalité dans la manière de dépeindre les différents assassinats jalonnant le parcours du protagoniste qui, pour une fois, ne deviendra pas une machine à tuer pour retrouver les meurtriers de sa femme.
Ces démonstrations utilisent ainsi habilement les lieux croisés pour dérouler une préparation et des assassinats, qui rappellent les mécaniques de gameplay des derniers jeux de la série Hitman, où l’on observe l’environnement que l’on parcourt pour l’utiliser contre la cible à éliminer. Étonnamment, c’est ce que fera penser The Amateur durant ces séquences, notamment à Paris et Madrid. Elles deviennent ainsi ironiquement une belle adaptation de cette série de jeux, qui n’a pour l’instant jamais eu la chance de connaître une version cinématographique digne de ce nom.
Le film, à travers sa thématique, aborde une trame bienvenue et qui se fait rare dans ce genre de récit. En effet, le prisme adopté par les scénaristes tourne autour des remords du personnage et amène le tout vers un dénouement un poil surprenant proposant un message final intéressant. Néanmoins, toutes ces qualités ne permettent pas de nous faire oublier un classicisme ronflant.
Un récit souffrant des poncifs du genre
The Amateur souffre d’un très grand manque d’engouement durant les 2h composant ce long-métrage. Sa première partie enchaîne les séquences vues et revues des thrillers contemporains. Présentation du quotidien du protagoniste, de ses collègues dont chaque personnalité rappellera une caractéristique déjà vue auparavant et puis, meurtre de sa femme par des terroristes qui entraîne une enquête solitaire… Malgré un protagoniste qui sort du cadre type de ce genre de récit, le film n’arrive pas à capter complètement notre attention.
Même le choix des acteurs le fait ressentir, où l’on retrouve des acteurs cantonnés dans ce genre de partition. Jon Bernthal dans le rôle du caméo du mec cool avec un potentiel jamais exploité comme dans Baby Driver, Holt McCallany dans celui du dur à cuire travaillant pour une organisation et Rami Malek dans le rôle du cryptographe qui nous fait rappeler Mr. Robot. C’est peut-être ici le problème de ce film. Il pioche dans les différentes références connues du spectateur pour l’imbriquer au sein de son scénario sans pour autant s’en démarquer complètement et quand il tente de le faire, cela marche à moitié.
La thématique des remords et de la réflexion émotionnelle centrée autour du personnage principal est certes intéressante mais Rami Malek n’arrive jamais à sublimer l’ensemble. Dans les scènes à forte tendance émotive, son jeu ne parvient pas à atteindre la sincérité nécessaire et cela transparaît à l’écran. Cependant, il reste convaincant le reste du temps dans la peau d’un informaticien mal dans sa peau, dont le travail avait déjà été remarqué avec la série Mr. Robot.
Les quelques facilités scénaristiques présentes tout le long de l’histoire n’arrangent plus non la situation. Le personnage d’Inquiline est introduit pour servir de Deus Ex Machina quand le récit n’arrive pas à avancer et son développement est sous-exploité. C’est d’autant plus dommageable quand on cherche à construire une histoire alambiquée à base de trahisons et de rebondissements avec comme inspiration Les Trois Jours du Condor, film complotiste qui nous tient en haleine du début jusqu’à la fin.
The Amateur, malgré une belle maîtrise technique derrière et devant la caméra avec un voyage autour du monde qui semble tangible et vivant, n’arrive pas à faire oublier le manque d’engouement proposé par le récit en reprenant les codes des films de vengeance et d’espionnage sans s’en émanciper. Néanmoins, les deux séquences à Paris et à Madrid gardent notre attention éveillée avec des trouvailles rappelant les derniers jeux Hitman et apportant une originalité bienvenue dans un genre difficile à renouveler.
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