Le sujet de la mort fait partie de ces sujet souvent tabous, très peu évoqués dans la société. Cependant, en Egypte antique, qui prospère entre 3050 et 50 av. JC, la mort était un élément central de la foi. Selon leurs prêtres, la vie sur Terre n’était qu’un début pour mener à la vie éternelle.
Pour avoir une belle vie après la mort sur Terre, des dispositions étaient cependant nécessaires. Avoir un corps bien préservé, des tombes remplies et être accompagné d’animaux permettaient cela. Mais ce n’était pourtant pas suffisant pour s’assurer une belle vie éternelle, puisqu’il faudrait pour le défunt trouver son chemin dans les enfers, un chemin au travers duquel le dieu du jugement le testerait.
La préservation du corps en Egypte antique
Afin d’arriver aux enfers en un seul morceau et entier, il fallait que le corps soit préservé. Malheureusement pour les Egyptiens, ils ne pouvaient tous s’accorder les moyens de procéder à une momification. Pourtant, il s’agissait du procédé de conservation du corps le plus proche de l’être vivant.
Les Egyptiens les plus pauvres étaient donc simplement lavés puis placés dans le désert, directement dans le sable. Certains pouvaient être couverts de sel pour favoriser la dessiccation. Les personnes plus élevées, avec quelques moyens, optaient pour un lavement du corps avec de l’huile de genévrier qui permettait de liquéfier les organes internes. Ils étaient par la suite parfumés, puis couverts de sel.
Quant à la momification, seuls les familles riches et les membres de la famille royale pouvait s’offrir un tel procédé. Ce processus était assez long, s’étendant sur pas moins de soixante-dix jours et était effectué par des prêtres spécialisés.
Ce procédé a surtout été mis en pratique durant le nouvel empire, de 1590 à 1085 av. JC. Le corps était lavé, puis purifié, le sang était alors drainé pour éviter la putréfaction, avant que les organes ne soient retirés du corps et placés dans des bocaux.
Le cerveau, quant à lui, afin de conserver le corps tel quel, était enlevé à l’aide d’un crochet depuis le nez. Seul le cœur restait dans le corps du défunt, les Egyptiens considérant qu’il s’agissait de l’élément central de l’être d’une personne.
Une fois tout cela effectué, le corps était plongé dans du natron, un sel particulier trouvé près des lacs salés. On mettait alors le corps à sécher et, se flétrissant, c’est à ce moment-là que l’on insérait des morceaux de bandes de tissu dans le corps.
On maquillait le visage du défunt pour lui donner une apparence plus vivante et le corps était à nouveau lavé. Après quoi, il était recouvert de résine et d’huiles, puis enveloppé dans des centaines de mètres de lin. C’est alors qu’il pouvait être mis au tombeau, prêt pour sa vie éternelle.
Préparation du voyage aux enfers
Autant dire qu’à ce niveau-là, seules les personnes les plus riches de l’Egypte pouvaient se permettre cette condition du passage aux enfers. Car pour commencer, il fallait avoir une tombe. Difficile lorsqu’on est pauvre d’en payer une, on était alors directement enseveli dans le sable.
Mais les individus les plus importants pouvaient même être placés dans plusieurs cercueils, dont certains arboraient de magnifiques décorations, et étaient souvent enterrés dans des sarcophages de pierre.
Et comme le but d’une tombe est de faire passer l’individu vers l’autre monde, les Egyptiens les garnissaient de tout ce dont le défunt aurait besoin : nourriture, meubles, vêtements, vin… Mais également des animaux.
Les animaux qui accompagnaient le défunt avaient trois rôles distincts. Certains étaient des animaux de compagnie, conservés également afin qu’ils puissent accompagner leur maître dans l’éternité. D’autres, simplement coupés en morceaux, seraient auprès de l’individu dans les enfers en guise de repas. Enfin, les animaux en rapport aux dieux étaient soient mis dans la tombe sous forme d’offrande aux dieux, soit déposés en tant que représentants vivants des divinités.
Le jugement des dieux
Une fois dans l’Au-delà, le défunt se voit soumis au jugement des dieux pour la vie qu’il a menée sur la Terre. Dans la croyance des Egyptiens, la force vitale du défunt, appelée le ka, quitte le corps dès la mort de la personne et se voit errer sans but. Ce n’est que lors de l’enterrement du défunt que son âme, appelée le ba, poursuit son chemin dans les enfers. Horus, le dieu à tête de faucon, guidera alors l’âme des défunts à travers des portes de feu jusqu’aux salles de jugement.
Dans cette salle du jugement, Anubis, le dieu à tête de chacal, surveille l’événement. Le cœur du défunt est alors pesé contre une plume de Maât, la déesse de la vérité et de l’harmonie cosmique. Au cours de ce rituel, au travers de la « confession négative », le défunt doit nier avoir commis des torts comme un vol, un meurtre et bien d’autres transgressions.
Osiris est aussi présent avec d’autres divinités comme juge du test en question. Et s’il échoue, alors la terrible déesse Amout, qui a des pattes avant de lion, une tête de crocodile et un corps d’hippopotame, dévore l’âme du défunt, le condamnant à un coma éternel.
Cependant, si le test est concluant et que le cœur s’équilibre avec la plume, le ka et le ba se retrouvent pour former ce que les Egyptiens appellent akh. C’est alors sous cette forme que l’esprit se réveille dans un royaume lumineux utopique pour l’éternité. Une terre de belles montagnes et de rivières nommée le Champ des Roseaux et gouvernée par Osiris.
Etre mort ne signifiait pas pour autant un départ éternel du monde des vivants. Le défunt pouvait revenir partiellement afin de profiter des plaisirs, tels que les offrandes de nourriture, la vie de sa femme et l’attention de ses serviteurs.
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