« Fotogenico » : un monde à part entière [critique]

"Fotogenico" : un monde à part entière [critique]

Dans Fotogenico, Raoul retourne à Marseille un an après la mort de sa fille, Agnès. Il va découvrir qu’elle lui a menti sur toute la ligne et que ce n’était pas une jeune femme en stage d’avocat mais une aspirante rockstar avec des problèmes de drogue. Inspiré par son parcours, il va tenter de reformer le groupe de musique que sa fille avait créé avec des membres désormais désunis. 

Un univers pop punk

Dans un Marseille underground, Fotogenico nous transporte dans l’univers de la défunte Agnès à travers les yeux de son père. Film aux inspirations pop, punk et queer, c’est une véritable aventure stylistique et narrative. La direction artistique part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. C’est un long-métrage riche de sens et de non-sens, qui est plein de subtilités tout en utilisant ses gros sabots. Une contradiction à lui tout seul qui nous en met plein les yeux. On peut voir en Fotogenico de nombreuses inspirations, on pense notamment aux premiers travaux d’Almodovar pour cette originalité pétante et cette humanité viscérale.

C’est un véritable voyage au cœur d’un univers hors du commun. Une épopée électro qui ne laisse pas indifférent. On est impressionné par son travail de réalisation. La colorimétrie est hors du commun et colle parfaitement à la bizarrerie ambiante. La musique électro-pop nous colle à la peau tout au long du film. Les performances d’acteurs sont sincères et fabuleuses dans tous les sens du terme.

Deuil et humanité

Les personnages de Fotogenico sont spéciaux. Ils sont tout à la fois à fleur de peau et dans la retenue. C’est dans ce contexte qu’on nous parle d’une figure spectrale : Agnès, morte un an auparavant et qui a laissé sa trace dans la vie des autres. Son père apprend à la connaitre après son décès et s’intègre dans son monde. C’est lui-même un grand original, campé avec grandeur par Christophe Paou dans toute sa turbulence et sa sensibilité.

On s’attache à lui bien sûr, mais aussi aux proches d’Agnès : les filles toutes différentes de son groupe de musique, un dealer qui rêve d’être écrivain, une mystérieuse jeune femme qui vit avec lui… On voit en chacun d’eux beaucoup de sensibilité et de fragilité, mais aussi une grande force de caractère. Ces nuances rendent leur originalité d’autant plus touchante.

Raoul traverse son deuil en apprivoisant le monde de sa fille dans toute sa splendeur et sa désuétude entre son talent inné pour la musique, son côté autodestructeur et ses nombreuses addictions. Ce marginal rencontre d’autres marginaux et apprend à se réparer avec eux. L’aventure est cathartique pour tous et parvient à nous toucher.

Fotogenico est une petite pépite marginale qui s’est trouvé une place dans la sélection Acid Cannes de cette année, et on comprend aisément pourquoi. Une épopée pop, punk, queer, électro chatoyante qui laisse sa marque avec sensibilité. En salles le 11 décembre.

La bande-annonce de Fotogenico

Rédactrice cinéma, séries et jeux vidéo spécialisée dans la FGC.

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