Eh oui ! Vous avez bien lu le titre. Face aux fréquents incendies de forêt, les arbres ont des moyens de se protéger. A l’image de l’homme qui, pour se protéger des gaz nocifs, se barricade dans sa maison, les plantes trouvent un moyen de retenir leur respiration pour survivre.
Avec la pollution de l’atmosphère qui crée des vagues de chaleur plus longues et arides, les feux de forêt ont été multipliés par 2,2 en deux décennies seulement. En général, quand un incendie survient, les spécialistes recommandent fortement d’éviter de respirer les gaz nocifs qui s’en dégagent. La fumée toxique est d’ailleurs le plus souvent la cause des décès survenus lors d’incendies domestiques.
Et il semblerait que les plantes aient bien compris la dangerosité de ces gaz. Mais comment peuvent-elles faire face aux incendies de forêt, malgré leur enracinement dans le sol ?
Dans un article mené par la chimiste canadienne Delphine Farmer et la chercheuse post-doctorale Mj Riches, publié dans le média en ligne The Conversation, on nous apprend que, pour faire face à ces situations à risque, certains arbres auraient des mécanismes de défense leur permettant de retenir leur souffle.
Les arbres arrêtent leur processus de photosynthèse
Les deux scientifiques ont découvert un peu par hasard ce phénomène en observant un pin ponderosa. Alors qu’elles essayaient de comprendre comment les arbres émettent des COV (Composés organiques volatils) en procédant à un test de mesure de la photosynthèse au niveau des feuilles du pin, elles ont pu observer en temps réel la réaction de celui-ci face à la fumée toxique qui gagnait les lieux. En effet, pour se protéger, l’arbre de pin avait refermé tous ses pores, arrêtant ainsi presque entièrement son processus de photosynthèse. De plus, l’évaluation des émissions de composés organiques volatils montrait des valeurs minimes.
Ces observations ont alors permis aux experts d’arriver à la conclusion que certains arbres arrêtaient d’inspirer le dioxyde de carbone et donc de respirer. Étant donné que le processus est à l’arrêt, les arbres ne produisent pas non plus les substances chimiques qu’ils libèrent habituellement. Afin de vérifier si la « fermeture des pores » était bien due à la fumée, Delphine Farmer et Mj Riches ont essayé de relancer le processus de photosynthèse. En modifiant l’humidité et la température des feuilles, elles ont réussi à les rouvrir, permettant ainsi une amélioration du processus de photosynthèse et une augmentation significative des COV.
Leurs recherches ont donc permis de montrer que certains arbres arrêtaient de respirer une fois en contact avec les gaz toxiques. Plusieurs hypothèses ont donc vu le jour pour essayer d’expliquer ce phénomène. Certains pensent que les particules de fumées ont pu recouvrir les pores de l’arbre, les empêchant ainsi de s’ouvrir. D’autres pensent qu’il est possible que les particules soient même entrées dans les pores, ce qui les aurait obstrués. Une autre hypothèse plus au moins évoquée plus tôt serait que les feuilles de l’arbre auraient physiquement réagi à l’arrivée des premières particules de fumée en fermant leurs pores afin de se protéger des effets néfastes de la fumée.
Pour le moment, les experts ne savent pas encore exactement comment fonctionne ce mécanisme complexe, ni même si celui-ci provient bien de l’arbre. Ils ignorent aussi encore la durée des effets des feux de forêt sur les plantes et à quel point la présence de ces feux, de plus en plus répétés et sur des périodes de plus en plus longues, peut affecter l’organisme des plantes.
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