L’affaire Stavisky : le moment clé qui a fait naître le Front populaire

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Les années 30 en France et à l’échelle internationale se distinguent par de nombreuses cristallisations idéologiques, mais aussi par de grands bouleversements politiques. L’une des affaires phares qui a fait vaciller la Troisième République française est sans aucun doute l’affaire Stavisky. En résulte un affrontement acharné entre la droite fasciste et la gauche. Mais elle marque également la naissance du Front populaire.

La chasse aux voleurs

Pour présenter le contexte de l’affaire Stavisky et de sa portée, il faut comprendre que la Troisième République française prend place dans une période difficile. Après le krach boursier de 1929, la France est durement frappée aux alentours de 1932. Elle entre alors dans une politique déflationniste et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. À ce moment, personne ne rigole avec l’argent.

Le 24 décembre 1933, la police arrête le directeur du crédit municipal de Bayonne, Gustave Tissier, pour détournement des deniers publics et émission de faux bons de caisse. À son arrestation, il accuse le député maire de Bayonne, arrêté également. D’arrestations en arrestations, on remonte à Serge Alexandre Stavisky. Connu pour ses escroqueries, Stavisky est bien entouré, puisqu’il est proche du sénateur Renoult. Il est également proche de Dalimier, ministre des Colonies. Ce dernier a, par ailleurs, poussé les assurances à souscrire aux bons du crédit de Bayonne.

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La découverte de Stavisky met le feu aux poudres : les émeutes éclatent 

Les procès à l’encontre de Stavisky ont constamment été repoussés par le parquet de Paris. Ce dernier était dirigé par le beau-frère du président du conseil, une connaissance de Stavisky.

Le 7 janvier 1934, on retrouve Alexandre Stavisky avec deux balles dans la tête. Il meurt le lendemain de sa découverte. On ignore encore s’il s’agit d’une agression ou d’une tentative de suicide. Mais l’affaire a beaucoup fait parler.

Les forces de l’extrême droite accusent la corruption au sein du gouvernement. Le président, Camille Chautemps, démissionne de son poste le 28 janvier 1934. Il laisse la place à Edouard Daladier. Ce dernier renvoie Jean Chiappe, préfet de Paris et proche des ligues fascistes, le 3 février. Les fascistes appellent alors à la manifestation qui se déroule le 6 février 1934. La droite et la gauche s’affrontent. Cette manifestation fera 14 morts parmi les manifestants et 236 blessés en tout.

Cet événement sera vu différemment selon les partis. Pour la droite, il s’agit d’une manifestation légitime, violemment réprimée par un pouvoir corrompu. Pour la gauche, il s’agit d’un coup de force fasciste. Elle rappelle la marche sur Rome ou les manifestations de rue des nazis. Elle symbolise, selon elle, le danger qui plane sur la Troisième République française.

Cavaliers de la garde républicaine mobile contre émeutiers sur la place de la Concorde (source : Wikipédia) - Cultea
Cavaliers de la garde républicaine mobile contre émeutiers sur la place de la Concorde (source : Wikipédia)

Maurice Thorez : « Nous voulons de l’action et de l’unité ! »

Conscients que le danger ne réside pas dans la non-entente entre le PCF et la SFIO, Maurice Thorez, alors secrétaire général, s’entretient avec Léon Blum, figure socialiste, en juin 1934.

Tous deux s’accordent sur un fait : le véritable danger réside dans la vague fasciste, qui ne cesse de grandir. Thorez, qui a proposé la création d’un « front unique » face à la menace fasciste en avril 1934, réitère sa demande à Léon Blum et son parti. Après un mois de négociations, le 27 juillet 1934, les deux partis parviennent à trouver un accord. Un pacte d’unité socialo-communiste est officiellement signé. La naissance de cette union résume la volonté la plus profonde de Maurice Thorez : « Nous voulons de l’action et l’unité ! ». Le Front populaire est né.

Créé par la signature d’un pacte d’unité d’action antifasciste, le Front populaire devient alors le principal rempart face à l’expansion fasciste. Le terme « Front populaire » ne provient cependant pas de la bouche de Thorez, mais d’Eugène Fried, représentant de l’International Communiste en France.

 

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