À sa première annonce, Stranger of Paradise a suscité la curiosité des fans. Certains ont cru jusqu’au bout au projet, tandis que d’autres ont fait part de leurs craintes. Il faut avouer que, lorsque la licence Final Fantasy envisage autre chose que du RPG, les résultats divisent. Il suffit de se souvenir de Dirge of Cerberus sur PS2 en 2006 avec son envie d’être un TPS attentionné mais mou. Ou Dissidia, qui a donné lieu à des épisodes plus ou moins excellents (Dissidia NT était un désastre !). Alors, quand les premières images de ce Stranger of Paradise se démarquent et que la presse spécialisée le compare à Dark Souls, titre emblématique de From Software, la communauté attend de savoir ce qu’il en est réellement. Ecrivons-le immédiatement : le titre est un bon jeu, mais il est aussi hautement dispensable.
Testé sur Xbox Séries, Stranger of Paradise (appelons le SOP pour simplifier) vous met dans la peau de Jack pour vous débarrasser de Chaos, décrit comme l’origine du Mal au royaume de Cornélia. Sauf que scénaristiquement, Chaos devient (involontairement ?) une terrible obsession pour Jack. Cela donne des dialogues et des scènes franchement ratés. Pour aller plus loin, on pourrait vous dire que le jeu est un bon gros nanar. À force de vouloir décrire des moments « badass », il en finit complètement ridicule. On aurait des tas d’exemples à vous donner, mais on préfère vous garder la surprise. On aura au moins bien ri ! Ce n’était probablement pas voulu, mais c’est un fait !
Pour faire simple, le scénario se veut un moyen de faire le lien avec le tout premier Final Fantasy, mais on finit par s’en désintéresser tant ces décalages de situations et de conversations nous perdent complètement. Si vous attendiez SOP pour son histoire, oubliez immédiatement ! C’est bien dommage quand on remarque que le titre nous présente des personnages emblématiques de Final Fantasy I au goût du jour !
Techniquement très en retard !
Mentionnons enfin la partie qui fâche vraiment avec le jeu : la réalisation. SOP est techniquement daté, surtout pour une console nouvelle génération. Les animations faciales se figent, l’aventure est remplie de ralentissements si les ennemis deviennent nombreux. En mode performance, le jeu ne semble pas atteindre les 1080p et les textures sont assez pauvres et grises. Cela aurait été très joli sur Xbox 360, peut-être même acceptable sur la génération suivante, mais plus maintenant ! Dommage quand on voit la très bonne qualité de la cinématique d’introduction par exemple…
Que dire aussi de la direction artistique, si ce n’est que, même si certains décors sont jolis, l’ambiance peine à aider dans un jeu qui se veut frénétique et dynamique. Tous ces scintillements rendent l’action parfois illisible. La plupart des environnements jouent énormément dans le déjà-vu et semblent uniquement se contenter de remplir le cahier des charges environnementales d’un jeu vidéo. Alors, oui parfois c’est un peu joli, parfois non. La bande originale, quant à elle, limite les dégâts et s’écoute très agréablement tout au long de la quinzaine d’heures nécessaire à l’histoire.
Aux armes, camarades ! C’est maintenant qu’on s’amuse !
Alors que reste-t-il de ce Stranger of Paradise ? Son gameplay qui fait du bien. C’est lui qui fait toute la puissance du titre. En revanche, il serait intéressant d’arrêter la comparaison unique avec les titres de From Software que l’on lit souvent sur Internet afin de mieux profiter du jeu. Dark Souls vous emmène dans un univers dans lequel vous devez vous débrouiller seul, où vous apprenez le lore de vous-même, où la mort est un apprentissage et où l’hésitation mène à la défaite. Il ne suffit pas d’étudier des patterns et d’un gameplay frénétique pour cette comparaison. SOP n’est jamais punitif, ne nous apprend jamais de nos erreurs et ne possède pas un challenge corsé, d’autant plus que vous pouvez jouer en mode facile. Il est même très accessible en difficile. Il vaudrait mieux que vous optiez pour cette difficulté pour obtenir les meilleures récompenses.
En revanche, ne croyez pas que refuser uniquement de le comparer à Dark Souls est synonyme de défaut. Pas du tout. Le jeu trouve son alchimie entre Sekiro Shadows Die Twice et surtout les deux titres phares de la Team Ninja : Nioh et Ninja Gaiden pour finalement trouver sa propre voie... En fait, on aurait tendance à penser que SOP puise son inspiration d’un peu partout !
Par conséquent, que dire ce gameplay défoulant et qui fait du bien ? Nerveux et dynamique, il faudra frapper souvent pour briser la jauge de rupture des ennemis afin d’enchaîner sur des finish-moves qui feraient rougir les premiers volets de God of War. Idéal pour regagner des MP et ainsi affronter les boss en toute sécurité. Notons à propos des boss que, à l’exception d’un seul qui nous a parfaitement dégoûtés, ils ne sont pas tous mémorables mais apportent une grande richesse au jeu.
Et ce n’est pas tout ! Car finalement, tout l’intérêt du gameplay réside dans la possibilité de switcher entre les différentes classes proposées par l’histoire (un peu comme Nioh !). Groupées en trois catégories – « Basiques », « Supérieurs » et « Ultimes » -, elles permettent de varier les séquences et de jouer selon votre style. C’est très enthousiasmant. Cependant, on regrettera que ce gameplay soit assimilé à une structure de jeu très linéaire dans laquelle vous passez d’un niveau à l’autre, d’une ellipse à une autre. Cela retire toute imprévisibilité à ce Stranger of Paradise, et c’est encore bien dommage.
Finalement, en trouvant sa propre alchimie, peut-on vraiment dire que nous sommes devant un Final Fantasy ? Difficile à dire tant on a cette curieuse impression d’avoir affaire à une toute nouvelle licence. Certes, les personnages et le bestiaire nous rappellent la saga de Square Enix. Mais on se dit que l’avoir nommé comme tel est probablement le plus gros handicap du jeu… Car Stranger of Paradise semble se chercher tout au long, et finalement semble se perdre… dans le CHAOS !!
Pas moche, mais graphiquement daté et un scénario désastreux. Beaucoup de choses semblent vouloir nous faire fuir ce Stranger of Paradise. Toutefois, son gameplay réussit à nous plonger facilement dedans et on se prend à aller jusqu’au bout. On s’amuse, et c’est tout ce qui compte. Vous l’aurez compris, si vous cherchez quelque chose de frénétique et dynamique, foncez sans hésiter. En revanche, si vous espériez un vrai hommage à la saga Final Fantasy, c’est une tout autre chose.
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