« The Brutalist » : une épopée artistique brute [critique]

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The Brutalist est l’un des films les plus attendus de ce début d’année. Aux USA, où il est déjà sorti, il a remporté trois Golden Globes : meilleur film dramatique, meilleure réalisation et meilleur acteur dans un film dramatique pour Adrien Brody. C’est simple, le film de Brady Corbet place la barre très haute. Et on peut dire qu’à l’issue des 3h30 de projection, le film est à la hauteur de nos attentes. 

Synopsis : L’histoire, sur près de trente ans, d’un architecte juif né en Hongrie, László Toth. Revenu d’un camp de concentration, il émigre avec sa femme, Erzsébet, après la fin de la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis pour connaître son  » rêve américain « .

Un film long, mais sans longueurs

Le génie de Brady Corbet dans The Brutalist, c’est de nous présenter la vie d’un homme sur 30 ans, et ce durant 3h30 sans que l’on s’ennuie une seule minute. Il n’y a pas un moment où l’on relâche notre attention. Cela est sans doute dû à la structure du film qui alterne des passages narratifs et d’autres ayant des airs d’archives. Cela crée un rythme qui évite l’ennui. De même, l’action se déroulant sur 30 ans, les ellipses permettent d’éviter certaines longueurs non nécessaires.

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Affiche du film The Brutalist

Pour ceux qui connaissent le brutalisme, le Bauhaus, le personnage principal leur rappellera sans aucun doute Marcel Breuer. Néanmoins, les scénaristes, Brady Corbet et Mona Fastvold, ont choisi de présenter un personnage fictif à la place d’une personnalité historique. De cette manière, ils pouvaient s’inspirer de la vie de plusieurs architectes, designers, mais aussi y ancrer la douleur de l’après-guerre. Grâce à cela, le film devient une fresque historique à travers l’intimité d’une personne.

Cette manière de créer un personnage fictif proche de personnages réels est classique chez le réalisateur Brady Corbet, à l’instar de Vox Lux avec Nathalie Portman, inspiré de la vie de pop stars comme Madonna ou Lady Gaga.

Adrien Brody au sommet dans The Brutalist

Depuis plusieurs années, Adrien Brody n’était plus vraiment sur le devant de la scène. En effet, depuis son oscar du meilleur acteur pour Le Pianiste de Polanski en 2002, il tenait plutôt des seconds rôles ou alors des rôles dans des films qui n’ont pas marqué le box office. Aujourd’hui, il semblerait qu’il signe son grand retour. 

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Adrien Brody dans le rôle de Laszlo Toth dans The Brutalist

En effet, il est déjà lauréat d’un Golden Globe de meilleur acteur pour son rôle de Laszlo Toth dans The Brutalist. Adrien Brody y renoue avec un rôle difficile, un personnage torturé par la douleur de la guerre, mais aussi par la douleur de ne pas être accepté dans son nouveau lieu de vie, d’être toujours vu comme une menace, un étranger dangereux. Il interprète magistralement ce rôle. Ses expressions et sa gestuelle sont très justes. On y ressent la fureur de vivre, le danger de son existence. Son personnage est aussi brut que l’architecture qu’il dessine.

Les autres acteurs qui lui donnent la réplique interprètent tous très bien leurs rôles. A l’instar de Guy Pearce, qui interprète Harrison Lee Van Burren, son principal antagoniste, de manière magistrale. Ou encore Felicity Jones dans le rôle d’Erzsébet Toth, d’une incroyable force après ce qu’elle a enduré dans les camps, mais aussi fragile face à la détresse de Laszlo Toth.

The Brutalist, des images riches de sens

Au-delà du jeu des acteurs et du scénario, il y a une maitrise de l’image qui est vraiment parfaite. Brady Corbet a voulu faire de son film une architecture brutaliste à lui tout seul. En effet, les images nous arrivent comme brutes.

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Adrien Brody dans The Brutalist

L’éclairage de certaines scènes de The Brutalist est cru, sans fioritures, ce qui est le principe même du brutalisme, aller à l’essentiel, à la fonction première. D’autres scènes sont tournées avec des ombres sur certains visages et ce procédé est vraiment riche de sens pour les-dites scènes. On voit ce qu’il y a à voir et ça, c’est vraiment intéressant. La manière de montrer l’architecture ou les paysages naturels est la même, ce qui nous rapproche encore de l’idéal brutaliste.

Enfin, le cadrage est souvent très rapproché pour les dialogues, surtout dans la première partie du film, lorsqu’on est surtout centré sur la psychologie de Laszlo. Tout le long du film, on se sent inclu dans l’histoire, on voit les scènes telles qu’elles pourraient l’être dans la réalité, dans toute leur brutalité. Ce n’est pas nécessaire dans ce film de rajouter trop d’effets dramaturgiques, la réalité telle qu’on nous la montre est bien assez parlante. 

Pour conclure, le film se veut comme une histoire du brutalisme, par le prisme de la vie d’un architecte brutaliste. Et c’est une réussite. Tout dans The Brutalist nous rappelle les principes du style. Si vous n’êtes pas passionnés par l’architecture, pas d’inquiétude, ce n’est pas un documentaire, mais bien un film intime, fort et brutal. En salles le 12 février 2025. 

The Brutalist – Bande-Annonce

Casting :

  • Adrien Brody : Laszlo Toth
  • Felicity Jones : Erzsébet Toth
  • Guy Pearce : Harrison Lee Van Buren
  • Joe Alwyn : Harry Lee Van Buren

Guide conférencière diplômée, spécialisée en Histoire de l'art et passionnée de voyages. Ma passion pour l'écriture ma guidée jusqu'à Cultea !

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