« On vous suspecte d’avoir commis le meurtre… vous allez passer au détecteur ». Qui n’en a jamais entendu parler ? Films, séries, romans : lorsqu’il faut retrouver le coupable, l’utilisation du détecteur est quasi systématique. Pourtant, l’aspect fonctionnel de la machine n’a jamais été prouvé ! Mensonge ou vérité ? Le polygraphe est-il un mythe hollywoodien ? Après plus de cent ans d’utilisation, retour sur la petite histoire du célèbre détecteur de mensonges.
Histoire du détecteur de mensonges
L’instrument tel que nous le connaissons aujourd’hui est certes récent, mais son concept est très ancien ! Dès le Moyen Âge, les juges utilisaient des techniques plus ou moins farfelues dans l’espoir de déceler des modifications physiologiques. Le suspect devait avaler de la farine, et si sa bouche s’asséchait, il était considéré comme coupable. Facile, non ?
Le détecteur connu de tous fut théorisé par William Marston. Les fans de comics reconnaissent peut-être ce nom : Marston est le créateur de la célèbre Wonder Woman. Mais avant de devenir un auteur à succès, il entreprit des études de droit et de psychologie à Harvard dans les années 1910. L’idée d’inventer un détecteur de mensonges lui vint lorsque sa femme s’inquiéta de sentir sa pression artérielle augmenter lorsqu’elle stressait. Partant du postulat que mentir est plus stressant que de dire la vérité, il imagina une machine permettant de sentir toute modification physiologique chez un individu, qui trahirait un sentiment de culpabilité.
C’est ainsi que la première version du détecteur fut conçue, dans les années 20. À ce stade, le détecteur ne comprenait que la mesure de la pression artérielle, il s’est progressivement affinée, en ajoutant le contrôle du pouls, la conductivité de la peau à travers la sudation, etc.
Comment ça marche ?
L’utilisation de la machine est assez simple. L’opérateur pose des capteurs sur le corps de la personne, puis l’interroge. Les questions peuvent être dites « de contrôle » ou « pertinentes ». Les premières sont stressantes mais très vagues, lorsque les secondes sont bien plus précises. L’idée est de déceler si le suspect panique au moment des questions spécifiques, pour lesquelles seul le coupable se sentirait concerné !
Les spécialistes du détecteur de mensonges sont le FBI, la DGSE et les Canadiens. Les pratiques peuvent varier en fonction des pays : la France teste seulement les sources, lorsque le Canada soumet aussi ses propres agents lorsqu’ils rentrent de mission.
Cependant, un problème majeur se pose : aucune étude depuis 100 ans n’a pu conclure en l’efficacité du détecteur de mensonges. Pourquoi ? Simplement car la machine est conçue pour capter le stress, et que l’on peut être anxieux sans forcément avoir commis de crime… De plus, de nombreux agents entrainés savent contrôler leur pouls afin d’être indétectables. Résultat : le détecteur n’est plus une preuve à charge pour la justice.
Malgré tout, la machine n’est pas tout à fait inutile. Si les modifications physiologiques ne constituent pas de preuve tangible, l’opérateur derrière le détecteur peut avoir un rôle crucial. L’aspect psychologique rentre en compte : le bluff, couplé aux capacités d’analyses de l’inspecteur, peuvent donner quelques indices quant à la culpabilité du suspect.
La popularité du détecteur est telle qu’on le voit partout, notamment dans les films policiers. Mais il est amusant de voir que d’autres secteurs, comme les programmes télé, ont transformé l’aspect sérieux et anxiogène en divertissement humoristique !
La création du détecteur de mensonges remonte donc à des millénaires, mais sa version « finale » est assez récente. Malgré ses nombreuses utilisations, réelles ou fictionnelles, son efficacité est remise en cause. Cela ne nous empêchera pas de ressentir une tension lorsque l’accusé est soumis à ce test dans un film !
One Reply to “Le « polygraphe » ou « détecteur de mensonges » : est-ce que ça marche ?”