« L’année du requin » : que vaut cette comédie avec Jean-Pascal Zadi ? [Critique]

Victor Adan
Victor Adan
7 Min Read

Il aura fallu attendre de nombreuses années avant de voir dans nos salles le tout premier film de requin français. L’année du requin nous est offert par les frères Boukherma, avec leur premier gros casting. À l’affiche, on retrouve Marina Foïs, Kad Merad ou encore Jean-Pascal Zadi.

Synopsis : Maja, gendarme maritime dans les landes, voit se réaliser son pire cauchemar : prendre sa retraite anticipée ! Thierry, son mari, a déjà prévu la place de camping et le mobil-home. Mais la disparition d’un vacancier met toute la côte en alerte : un requin rôde dans la baie ! Aidée de ses jeunes collègues Eugénie et Blaise, elle saute sur l’occasion pour s’offrir une dernière mission…

Un style bien particulier

Ils avaient marqué leur monde avec leur film de loup-garou, Teddy. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Zoran et Ludovic Boukherma restent fidèles à leur cinéma dans ce long-métrage. Une nouvelle fois, les réalisateurs nous proposent un conte. Très loin du réel, et cela, on le comprend dès la révélation du nom du personnage de Marina Foïs : Maja Bordelave.

Faire quelque chose de vu et revu ? Très peu pour eux. Déjà, ils font du film de genre. Ce qui est compliqué à financer actuellement en France. Mais ils le font avec une patte toute particulière. À la carte, un humour parfois gênant. Mais attention, le film n’est pas autant une comédie qu’elle nous l’est vendue dans la bande-annonce.

Le film comporte son lot de personnages étranges. Étranges dans le sens où certains sont distribués à des acteurs non-professionnels. Cela rend les répliques parfois bizarrement placées, mais toujours charmantes. On pense bien sûr à l’acteur Ludovic Torrent, qui jouait Pépin dans Teddy, et qui, cette fois-ci, se charge de la narration.

Après avoir commencé avec une comédie dramatique, Willy 1er, les deux frères sont très vite revenus à leurs premières amours. Commençant par un film de loup-garou, fauché mais terriblement efficace, cette fois-ci, on sent que financièrement, c’est un petit plus confortable. Et vous savez quoi ? Le film ne fait pas cheap ! On aurait pu avoir peur d’un bon vieux requin en images de synthèse horribles. Non, les frères voulaient un vrai requin, comme dans Les dents de la mer. Un requin palpable. Pour cela, ils ont fait appel à quelqu’un pour construire une animatronique. Et on y croit.

« Avant, on n’assumait pas nos références comme John Carpenter etc. L’idée du film de requin, on l’avait eue même avant celle de Teddy » – Les frères Boukherma lors de l’avant-première du Club 300 Allociné

Covid, cinéma américain et campagne

Le film est aussi, si on tente de l’analyser, une allégorie du Covid. Et cela a été validé par les frères lors de l’avant-première. En effet, le Covid est représenté par ce requin arrivant dans un endroit qui, auparavant, ne connaissait pas cela. Le lieu, la France, est représenté par un village du Sud-Ouest. Les personnages essayent alors de jongler avec un phénomène auquel ils n’avaient jamais fait face auparavant.

Les campagnes, ils adorent ça les Boukherma. Ils le disent : eux viennent de la campagne. Donc, bien sûr, leur cinéma leur ressemble. Et comme ils ont grandi avec le cinéma américain et leurs monstres, ils se font un malin plaisir à mélanger les deux. Ainsi, les figures des monstres américains se confrontent à la campagne. Souvent, les monstres sont trop gros pour l’endroit où ils arrivent, ce qui crée un décalage et des réactions parfois étranges.

« On aimait cette idée de se faire se rencontrer les figures des monstres américains et la campagne française. Cela, avec un monstre trop gros pour l’endroit où il arrive. » – Les frères Boukherma lors de l’avant-première du Club 300 Allociné

Plus de maîtrise

Leur style s’affirme et leur réalisation est visuellement de plus en plus soignée. Les idées de réalisation s’enchaînent, et il y en a même plus que dans Teddy. Le charme et la surprise du film, cependant, sont un peu moins forts qu’au film précédent.

Marina Fois dans "L'année du requin" - Cultea
Maja Bordelave, jouée par Marina Foïs, prête à tout pour traquer le requin tueur.

Bien heureusement, quand le film précédent fait du bruit (et en bien), les acteurs de renom sont plus enclins à se pencher sur le scénario qui leur est envoyé. C’est le cas de Jean-Pascal Zadi, qui dit avoir aimé Teddy et donc signé pour L’année du requin. Mais, celle qui porte tout le film, c’est Marina Foïs. Et c’est drôle, car en voyant le film et sa prestation, on se demanderait qui aurait bien pu la remplacer tant le rôle à l’air fait pour elle.

Au final, L’année du requin des Boukherma dispose d’un peu moins de surprise et de charme que leur précédent long-métrage. Cependant, leur style s’affirme et ils gagnent en maîtrise. Le film, et fort heureusement, ne fait pas cheap. Il s’agit simplement d’une lettre d’amour aux films de genre. Ils tentent, et c’est beau, le cinéma qui tente. Hâte de connaître leur prochain projet. À quel monstre vont-ils donner vie à l’écran ? À moins qu’ils partent dans une tout autre direction… Et si vous en voulez plus avec Jean-Pascal Zadi, ce dernier est actuellement à l’affiche de la série En Place, sur Netflix. 

Bande-annonce du film L’année du requin

Share This Article
Après ma licence en Information-Communication, j'ai commencé un master en journalisme à l'ISCPA. Actuellement, je suis en deuxième année de Master. Je suis passionné de culture, et aime écrire dessus.
1 Comment