Le Festival d’Avignon présente de nombreux spectacles qui hanteront le public. K-mille fait partie de ceux-ci. Reprenant l’histoire de l’artiste Camille Claudel, perdue dans l’oubli, le spectacle touche en plein cœur. C’est un nouveau coup de cœur, mais aussi un véritable chef-d’œuvre à découvrir !
Le spectacle K-mille est joué jusqu’au 30 juillet au Festival d’Avignon 2022, au Théâtre La Fabrik.
De l’émancipation à la chute
Camille Claudel est une artiste prometteuse. Sculptrice de renommée, mais dont la réputation n’existe que par Auguste Rodin dont elle est amoureuse, elle tente d’aller au bout de son œuvre. La scène s’ouvre. Des sculptures vivantes, figées mais interprétées et d’une beauté renversante, sont autour d’elle sur scène. Camille travaille, ne vit que pour son art. Sur le côté, deux comédiennes qui jouent de la musique.
La mise en scène donne le ton sur les états d’âme de Camille Claudel, sur ses émotions, mais surtout sur sa fragilité. Survient alors, parfois de n’importe où du théâtre, Rodin, semblant la surveiller, faisant planer son ombre sur la femme, lui répétant qu’il l’aime éperdument, mais cachant pourtant leur relation. Cet amour deviendra signe d’une émancipation. Cette mise en scène sublime signée Anaëlle Queuille nous plonge immédiatement dans l’âme de Camille Claudel. On entend des lettres écrites par l’artiste, servant d’étapes décisives dans sa vie, révélant l’ascension d’une artiste flamboyante.
Toutefois, K-mille se concentre surtout sur la misérable déchéance de Camille Claudel, dont la santé mentale se détériore de jour en jour. Méprisée des gens, victime du pouvoir de son mentor, elle ne compte plus que sur l’art. Mais la ligne est franchie et le spectateur comprend bien que la fin est inévitable. De la détermination, de la tristesse, de l’hystérie et des phases de colère qui nous donnent les larmes aux yeux et nous transcendent, le tout grâce à l’extraordinaire jeu de Kate Perrault, formidable actrice qui se livre corps et âme en son personnage, ne faisant plus qu’une avec elle. Le personnage comprend une évolution des plus tragiques, faisant d’elle une rêveuse brisée, permettant de nous identifier à elle. Brisée par l’amour et l’art, révélée par l’une des plus belles séquences chorégraphiées de tout ce que nous avons pu découvrir du Festival d’Avignon. Il se dégage de K-mille un véritable sentiment de mélancolie.
Au nom de l’art !
À travers l’histoire de la sculptrice, K-mille porte un message d’émancipation et de liberté. Le spectacle porte aussi un magnifique manifeste sur le désir d’être artiste et de trouver sa place et la reconnaissance. L’art est la seule source de vie de l’artiste. K-mille mêle les disciplines avec virtuosité. Mêlant écriture contemporaine, danse et création musicale, K-mille offre un spectacle resplendissant, fait de liberté et de désir. Par ce désir de s’émanciper de Rodin malgré l’anéantissement, le combat de toute une vie prend place. Cette lutte porte une voix universelle à tous les artistes, mais surtout sur la place des femmes dans le monde artistique, tout en se confrontant à ses jeux de pouvoir fréquents. Camille Claudel obtient alors plus qu’un hommage de la part de la compagnie Les évadés, elle reçoit la reconnaissance éternelle.
Magnifique sur tous les points, K-mille mérite sa standing ovation. Faisant de la sculptrice un cri de liberté et de désir, le spectacle bouleverse, fascine et ne nous laisse pas indemnes jusqu’à la fin. Le tout, ébloui par une mise en scène somptueuse et des interprétations sublimes. Un chef-d’œuvre, tout simplement…
Un moment fabuleux très puissant et esthétique. Complètement bousculant! Grand bravo!
Vero de bordeaux
Vu au festival l’été dernier. Sublime : un spectacle total alliant théâtre, danse et musique. Un chef-d’œuvre où l’art prend corps et vie. Soyez assurez que le fantôme de Camille hantera longtemps encore les coulisses des passions artistiques et humaines. A.L.
Découvert au festival d’avignon 2022, une très belle pièce de théatre avec un sentiment d’immersion dans la vie de Camille Claudel créant une empathie pour cette artiste avec les injustices ressenties à l’égard des femmes artistes de l’époque. Une mise en scène très esthétique avec des corps prenant la forme des oeuvres et une musique violon et violoncelle accompagnant cette tragédie.